- Chapitre 7 -

77 9 3
                                    

Quand Madenn rentra de vacances, la reprise avait été difficile. Après une semaine passée au bord de la mer, à aller à la pêche avec son grand-père, son frère et son père, à faire de la voile et à retrouver sa famille pour partager de bons moments, lorsque le réveil sonna, la dure réalité lui sauta au visage. Il fallait reprendre le chemin du travail et à 17h45 elle descendit du tramway pour se rendre chez Baptiste.

Madame Paget, la gardienne, lui ouvrit l'appartement comme d'habitude et lorsqu'elle entra, elle n'osa pas regarder l'étendue des dégâts. Parce qu'il fallait tout de même être honnête : pour un militaire, Baptiste était quelqu'un de sacrément bordélique. Sa mère avait dû se tirer les cheveux plus d'une fois lorsqu'il était adolescent. Mais après quelques secondes d'appréhension, elle vit en faisant le tour des pièces que Monsieur Breton avait réussi à garder de l'ordre dans ses affaires. Se retrouver entre ces murs lui faisait plaisir, elle s'y sentait toujours aussi bien.

Le courrier s'était entassé, ouvert, sur la table de la salle à manger. Une enveloppe au cachet du cabinet d'avocats où travaillait celui de Baptiste trônait en son centre. Ce devait être les nouveaux baux révisés et corrigés qu'il allait falloir faire signer aux locataires des trois appartements. Madenn avait proposé à Baptiste de faire l'intermédiaire entre ses locataires et lui, en jouant son rôle de gestionnaire locative jusqu'au bout, mais il avait estimé que cette partie du job lui revenait et avait décliné sa proposition. Si jamais il y avait des complications, il ne voulait pas que ce soit elle qui reçoive les foudres de ses locataires.

Elle commença par le classement et prépara un dossier pour chaque appartement avec tous les documents nécessaires à la signature, puis lorsque les formalités furent réglées, elle fit le tour de l'appartement pour voir ce qu'elle pouvait faire. Une enceinte Bluetooth trainait dans la cuisine et Madenn y connecta son téléphone. Elle trouva sa playlist préférée et lança la musique. Le lave-vaisselle était plein de vaisselle propre, et il y en avait de la sale dans l'évier, un panier de linge sale plein à craquer, de quoi s'occuper.


Il lui restait un peu moins d'une heure de travail quand la porte d'entrée s'ouvrit et Baptiste entra. La musique était tellement forte que Madenn n'entendit rien. Elle chantait à tue-tête sur « Hygiaphone ! », un morceau de Téléphone, quand elle se retrouva nez à nez avec son patron en sortant de la cuisine. Elle poussa un cri et lâcha les vêtements qu'elle avait dans les bras.

—Vous m'avez fait une de ces peurs ! Vous ne pouvez pas vous annoncer ?!

—Je l'ai fait, mais avec cette musique vous n'avez rien entendu, répondit-il un sourire amusé vissé au coin de la bouche. Vous allez bien ?

La frayeur passée, Madenn baissa le volume de puis porta son regard vers Baptiste qui semblait rayonner en la voyant. Ses yeux verts la fixaient presque sans ciller, comme s'il avait craint qu'elle disparaisse entre deux battements de cils.

—Oui, enfin je crois. J'ai cru un instant que mon cœur s'était arrêté, mais non, ça à l'air d'aller. Et vous, comment allez-vous ?

—Bien, je vous remercie. Vous avez vu ? J'ai réussi à ne pas trop mettre le « souk », même sans vous, avait-il souligné pour reprendre ses mots avant qu'elle ne parte en vacances.

—Et vous voulez une médaille peut-être ? A votre âge c'est quand même normal. Vous ne devriez pas avoir besoin de moi pour ça normalement.

—Vous avez l'air heureuse de me voir ça fait plaisir, grommela Baptiste.

—Depuis quand un employé est heureux de voir son patron ? Répondit Madenn en riant. Je plaisante, ne faites pas cette tête, bien sûr que je suis contente de vous revoir. Mais je ne vous cache pas que la reprise est un peu dure aujourd'hui. A cette heure-là la semaine dernière, j'étais sur l'eau avec mon père et mon frère pour la pêche.

Les chroniques amoureuses - Tome 1 : Baptiste et MadennOù les histoires vivent. Découvrez maintenant