- Chapitre 5 -

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Certains jours, Baptiste s'arrangeait pour partir dès la fin de son service et être chez lui avant que Madenn n'arrive. Il rangeait un maximum d'affaires pour que l'envie ne lui prenne pas de s'occuper de ranger ou faire le ménage et qu'ils puissent discuter. Plus il apprenait à la connaître et moins elle l'irritait. Il commençait à la cerner et s'était aperçu qu'au-delà de ses airs de peste je-m'en-foutiste, c'était quelqu'un de droit, avec de l'ouverture d'esprit et qui s'intéressait à beaucoup de chose autour d'elle.

Elle l'étonnait parfois comme lorsqu'elle lui avait avoué ne pas avoir de télévision chez elle, préférant lire les informations plutôt que les regarder par exemple. Elle avait un vidéo-projecteur pour regarder ses films ou ses séries. Elle n'avait pas de voiture non plus, « Dans une ville comme Lyon il n'y en n'a pas besoin », lui avait-elle expliqué.

Son attitude envers elle avait également évoluée ; il était moins froid et autoritaire, et on lui avait même fait remarquer qu'il s'était détendu au quotidien.

— Madenn, vous êtes là ?

— Dans la salle de bain ! Dites, ça vous dirait de mettre vos affaires sales dans le panier prévu à cet effet ? A chaque fois que je viens me laver les mains ici, je tombe sur vos caleçons qui traînent à côté de la corbeille de linge sale. C'est un comble quand même !

— J'ai l'impression d'entendre ma mère quand j'avais 16 ans, rétorqua-t-il en la regardant tenir une spatule en bois à la main, au bout de laquelle pendait un boxer.

— Sauf que vous avez 20 ans de plus maintenant. Mais enfin, vous comprenez ce que je vous demande ? Ce n'est pas sorcier quand même...

— Oui ça va, j'étais à la bourre hier soir, j'étais de garde et j'ai fait un aller-retour rapide pour me changer et prendre des affaires propres. Et comment vous connaissez mon âge d'abord ?

— Je vous rappelle que je trie votre paperasse depuis bientôt trois mois maintenant, votre date de naissance je la connais par cœur. D'ailleurs, avec tout ce que je connais de vous, j'aurais largement de quoi vous faire chanter si je veux.

— J'aimerai bien connaître les raisons qui feraient que vous auriez besoin de me faire chanter, répondit-il à peine effrayé par les menaces de Madenn, un rictus au coin des lèvres.

— Pour commencer, la prochaine fois que je vois vos sous-vêtements traîner, j'en fais une guirlande et je l'accroche à la barrière de votre régiment !

— C'est ça, j'ai peur !

— Je vous aurai prévenu. J'ai fini pour aujourd'hui, annonça-t-elle, je ne vais pas tarder à y aller. Vous n'oubliez pas que la semaine prochaine je ne suis pas là, donc il va falloir que vous mettiez un peu la main à la pâte. Je ne veux pas que ce soit Bagdad quand je rentre...je veux dire, que ce soit le chantier. Enfin vous avez compris, conclut-elle gênée.

— Ça se voit que vous n'avez jamais vu Bagdad...

— Je sais, je suis désolée ce n'est pas ce que je voulais dire. C'était juste pour l'expression.

— C'est pas grave. Au fait, tant que j'y pense, quand est-ce que vous prenez le train pour partir chez vos parents ?

— Demain après-midi, 16h30 de la Part-Dieu je crois. Pourquoi ?

— Mon frère est en formation à Saint-Cyr Coëtquidan et ce week-end il a une permission donc je monte le rejoindre. Je pensais qu'on aurait pu voyager ensemble. Si ça ne vous ennuie pas bien sûr, s'empressa-t-il d'ajouter en fourrant les mains dans ses poches.

— Ah non ça ne me dérange pas que vous m'accompagniez, au contraire ! Le voyage me semblera moins long. Je ne savais pas que vous aviez un frère. Comment il s'appelle ? Il est plus jeune que vous ?

Les chroniques amoureuses - Tome 1 : Baptiste et MadennOù les histoires vivent. Découvrez maintenant