Chapitre 6 - rendez-vous surprise

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« Aller, Hinata ! Dépêche-toi. »

La concernée releva le regard et sautilla, une tartine dans la bouche, se battant pour enfiler ses chaussures. Une fois fait, elle prit rapidement son sac et suivit dans les escaliers son frère.

C'était dimanche. Un jour ensoleillait. Un matin chaud. Et, la ville dormait encore à cette heure matinale. Pourtant, eux, ne dormaient pas et ne profitaient pas de la possibilité de faire une grasse-matinée. En effet, ce jour-là, comme chaque matin dominical, avait lieu dans le manoir Hyûga, une réunion de famille. Où chacun faisait son rapport sur sa semaine ainsi que sur les évènements concernant l'entreprise familiale. Hinata n'aimait pas ces réunions. Elle savait qu'elle allait encore en prendre pour son grade. Elle ne faisait pas l'unanimité dans sa propre famille. Ses choix de vie et professionnels n'étaient pas au goût de tous, qui se faisaient un malin plaisir de les lui balancer à chaque rencontre. Bien souvent, elle finissait par partir, déprimée. Son frère ne l'aidait pas. Son père observait sans répondre. Ainsi, elle baissait la tête, écoutant d'une oreille distraite, les insultes à son égard formulé par les anciens. Elle savait qu'ils ne pouvaient pas réagir. Ils n'en avaient pas le droit. Chez elle, les plus vieux commandaient. Les autres suivaient. Bien que son père soit le chef de famille, devant eux, il se taisait. Même quand ces derniers s'attaquaient à sa progéniture.

Oh, bien évidemment, Neji avait eu le malheur, un jour, de s'opposer à eux. Il fut chassé un mois de chez eux. Depuis, il ne répondait plus. S'avouant vaincu et ravalant toute sa haine. Et ne pouvant toucher ces vieux rabougris et leurs fantasmes d'un temps ancien. C'était un crève-cœur, quand il voyait sa sœur repartir de la demeure, le regard vide et le cœur meurtri. Cependant, il était impuissant. Sa parole ne valait rien. Comme celle de chacun. Même leur père n'y pouvait rien. Et, c'en était désolant. Ce sentiment d'impuissance le rongeait. Et, il savait que c'est avec la boule au ventre que sa sœur se rendait, chaque dimanche, là-bas.

Ils prirent la route et le trajet ne dura que quelques minutes. Un immense portail se dressa devant eux et les grilles grincèrent avant de s'ouvrir sur une allée de gravier, bercée de chaque côté par des cyprès parfaitement taillés. Le jeune homme avança sur cette route et cinq minutes plus tard se trouva dans la cour extérieure, jonchée de parterre de fleurs et en son centre, une fontaine faisant office de rond-point. Ils firent le tour de ce dernier et se garèrent devant l'immense bâtisse de pierres blanches, où un immense escalier de marbre menait jusqu'à l'entrée en bois de chêne. Hinata sentit son cœur battre à vive allure. Elle n'aimait pas ces rencontres. Sa famille était ... Spéciale et parfois trop à cheval sur des choses qui, pour elle, étaient sans grand intérêt. Elle avait, par exemple, obligation de se trouver un mari dans les années qui suivaient. Sinon, la honte serait – d'après ces vieux croulants – jetée sur leur famille. Ils avaient bien tenté de la mettre avec Sasuke. Elle s'y était ardemment opposée. Jamais elle n'imposera un tel fardeau au jeune homme qui, lui, n'avait rien demandé à personne. Sa famille était occasionnellement coincée dans une autre ère. Avec leurs convictions, chacune plus vieillottes les unes que les autres. Une femme ne devrait pas travailler. Ça, la délicate brune l'avait souvent entendu. Elle ne devrait pas faire d'études ni même penser à en faire. Elle se devait de rester bien sagement à la maison, d'apprendre couture et cuisine sans rechigner. Néanmoins, elle ne le faisait pas. Elle n'était pas une rebelle, mais elle vivait avec son temps. Et, sur ce point, elle et son père se rejoignaient pour son plus grand bonheur.

Autant, le père de la demoiselle n'était pas psychorigide. Pas comme les anciens de leur famille. Il la laissait faire ce qu'elle voulait, tant que cela ne nuisait pas à sa santé. Hiashi Hyûga était un homme bon et sage. Parfois sévère avec ses enfants, mais juste. Il avait cinquante-quatre ans et avait toujours vécu sous la coupe de ces vieux débris, comme il aimait les appeler. Alors, il ne voulait aucunement que ses enfants soient aussi bridés par cette vision étriquée de la vie. Il voyait bien que sa fille – plus que son fils – était atteinte par chaque mot prononcé parles anciens. Et, il voyait son regard vide et emplit de tristesse quand elle quittait la pièce à la suite de cette réunion, qui s'apparentait plus à de la torture qu'à autre chose. Et, dès que cela arrivait — C'est-à-dire tous les dimanches, il se sentait coupable de ne pas pouvoir parler et dire ce qu'il pensait. Mais, il n'en avait pas le pouvoir. Cet homme au charisme impressionnant s'écrasait quand les aînés parlaient. Pas qu'il en avait peur, il aurait bien pu leur faire fermer leurs bouches sans dents, mais parce qu'il savait que cela allait être reporté sur ses enfants. Et ça, il ne le voulait absolument pas. Malgré son statut de chef, il était loin d'en être un ;les anciens contrôlaient tout et tout le monde. Personne n'allait à leur encontre. Et, c'était bien dommage. Cet homme, à la carrure puissante, au regard d'acier et à la voix grave, n'en menait pas large face à de vieux personnages, ayant – depuis longtemps – fait leur temps.

TALK - Un clic pour tout changer - [TERMINÉE] [Modifiée 2024]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant