5) L'assassin du port

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Les lumières étaient éteintes dans le couloir des chambres de l'auberge. Tel un fantôme, l'inconnu flotta vers une porte marquée de trois bâtons verticaux. Il l'ouvrit et se glissa à l'intérieur. La fée et la félinienne dormaient à poings fermés de part et d'autre de la pièce. Le corps spectral se rapprocha du lit d'Imiris. Lentement, il leva une dague aiguisée au dessus de la gorge de la reine des glaces immobile, l'autre main se rapprocha de sa bouche.

Soudain, un éclat de lumière jaillit et un bruit de tonnerre résonna dans la pièce, alertant les filles du danger. Haru avait lancé un jet lumineux à l'intention de l'intrus, il avait manqué de peu. À la place, il calcina le mur extérieur et laissa un trou béant donnant sur la rue. L'étranger s'élança vers la sortie nouvellement créée, balayant Haru qui essayait de lui bloquer le passage. Il sauta et atterrit sur les dalles un étage plus bas avant de courir, cape au vent.

Imiris s'empara de sa lance, se concentra, modela des ailes de glace et se lança à la poursuite de l'inconnu. L'air froid de la nuit lui fouettaient le visage tandis qu'elle battait furieusement des ailes pour le rattraper. Elle gagnait du terrain. Encore un peu plus proche... Encore... La fée prit sa lance à deux mains, pointa le bout vers sa cible et cria enragée :

- Je ne te laisserai pas t'échapper !

Sur ce, les cristaux incrustés dans sa lame se mirent à briller d'un éclat blanc et un laser glacial fusa de la pointe de l'arme pour recouvrir le sol et les murs des maisons d'une couche miroitante. Le contrôle de sa trajectoire lui échappa, l'inconnu perdit l'équilibre et tomba. Imiris atterrit devant lui, le prit par le col de son manteau et l'immobilisa contre le mur. Il avait beau se débattre, elle lui plaqua le cou sur la pierre dure jusqu'à ce qu'il se rende. Enragée, la fée hurla à l'intention du visage masqué par la capuche :

- C'est toi, n'est-ce pas ?! C'est toi qui l'as tuée, la femme de ce matin ! Qui es-tu ? Et que comptais-tu faire de moi ? Me tuer aussi ? Réponds, saleté ! Réponds !

- Je ne l'ai pas tuée, je te jure ! protesta le fugitif, paniqué, sa voix assez aiguë donnait l'impression de parler à un garçon de dix ans. Pourquoi je tuerais mon témoin ? Nous sommes des alliés ! Lâche-moi maintenant !

- Pas avant de savoir pourquoi tu t'es introduit dans ma chambre ! cria-t-elle, resserrant ses doigts autour de son cou.

- Imiris ! Calme-toi ! intervint Haru, libérant celui qu'elle étouffait qui tomba mollement comme une poupée de chiffon.

- I... Imiris ? toussa la silhouette, frottant sa gorge endolorie. Tu n'es pas Omen ?

- Non, répliqua l'intéressée, dédaigneusement.

L'étranger se releva tandis que Blaize et Théophile les rattrapèrent. Il laissa sa capuche retomber sur ses épaules et enleva sa cape. C'était un homme d'une vingtaine d'années, de taille moyenne à la peau foncée. Ses yeux noirs étaient partiellement cachés par des mèches sauvages de sa chevelure blanche décoiffée. Chaque joue était ornée d'une cicatrice en forme de croix, lui donnant une allure guerrière. Sous son long vêtement se cachait une corpulence musclée. Il portait une écharpe en laine violette, un t-shirt et un pantalon bouffant blanc, un vieux gilet abîmé noir sans manches. Seules ses bottes marrons semblaient bien entretenus, leur cuir luisait faiblement à la lueur du lampadaire.   Cependant, la première chose que Haru remarqua était un tatouage en forme d'étoile à cinq branches entouré d'un cercle près du creux de son coude.

- Imiris, excuse-toi auprès de lui, ordonna le lumien sobrement.

- Quoi ? s'indigna-t-elle, Pourquoi ? Il avait une dague à ma gorge !

- Non, c'est à moi de m'excuser, elle a agi en légitime défense. Il y a eu un malentendu, leur apprit l'homme dont la voix ne correspondait pas au physique. Je vous ai entendus parler d'Omen hier, elle a des informations importantes pour mon enquête, et je vous ai prise pour elle. Je suis désolé si je vous ai brusquée, j'ai agi sans réfléchir. La femme que vous avec vue ce matin devait me donner la clé qui me faciliterait beaucoup le travail, j'étais si près du but...

Crimson SoulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant