24) Vérité

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  • Dédié à Je sais paaaaaaas !
                                    

La fourrure de Blaize était trempée d'eau glacée. Le haut mur qu'était le Mont Élémentaria ne faisait rien pour l'abriter des éléments, et son corps tout entier protestait contre chacun de ses mouvements avec un pic de douleur. Elle frissonnait terriblement, tandis qu'elle longeait le périmètre de la montagne à la recherche d'une ouverture. Camélia avait affirmé qu'il y avait une grotte, c'était là où il fallait introduire les trois clés, les trois écailles... Les écailles ! Mais quelle idiote ! Elle n'avait pas pensé à fouiller les poches d'Akuma pour récupérer l'écaille dérobée ! De plus, les autres détenaient encore les deux écailles qu'il leur restait, et Camélia était avec eux ! Même si elle trouvait cette fichue grotte, elle n'avait même pas une partie de ce qu'il lui fallait pour entrer.

Cette pensée draina d'un coup l'adrénaline qui la maintenait debout, et elle s'assoupit contre la paroi. La brûlure au cœur se faisait très bien sentir, malgré le fait que cette pluie mystérieuse semblât avoir des effets thérapeutiques. Elle porta le regard vers le ciel : les nuages noirs tourbillonnaient étrangement, comme si une bête affolée y était piégée. Encore un coup de cette île de fous...

Soudain elle se redressa, oreilles frémissantes. Les broussailles en face d'elle commençaient à rager presque autant que les nuages. Le vent n'y était pour rien, il n'avait pas changé d'allure. Elle tendit ses muscles en empoignant son katana, s'approcha lentement de la source de l'agitation.

- Bonjour !

Une silhouette surgit verticalement du buisson si vite que Blaize glissa sur la boue sous ses pieds et tomba en arrière. C'était l'Oracle, arborant un sourire presque malsain.

- Chaton rouge, chaton rouge ! chantonna-t-il.

- Tu pourrais pas faire plus attention ? s'énerva la félinienne, essayant d'essuyer sans succès la boue de son pantalon.

- Pourquoi faire attention ? Il n'y a aucun danger ! Aucun danger pour des larmes ! Aucun danger pour moi hihihi !

- Pour moi y'en a alors calme ! Où sont les autres ? demanda-t-elle hâtivement, reniflant l'air. Elle ne put presque rien percevoir, l'air était si lourd d'humidité.

- Loin, loin derrière maintenant avec Camélia. Ils ont trouvé Sarâla, emprisonnée par sa propre arme. Ils n'étaient pas contents du tout, du tout du tout...

- Tu veux dire Akuma ?

- Sarâla est le nom qu'on m'a dit.

- Au moins ça les ralentira un moment... soupira Blaize. Elle s'imaginait déjà le visage choqué de Haru lorsqu'elle lui raconterait le combat.

Le tonnerre gronda et noya la scène de sa lumière blanche. L'espace d'un instant les yeux de l'Oracle révulsèrent sous ses lunettes, et il couvrit ses oreilles manifestement douloureuses.

- Ce n'est pas bien, pas bien... murmura-t-il, une fois le bruit calmé. Trop de lumière, trop de son... Méchant temps : m'empêche de bien faire mon travail. Je voulais demander... je voulais demander quelque chose au chaton rouge... Oui, oui, donnez-moi votre main, chaton, votre main...

- Je... hésita Blaize qui cherchait à partir au plus vite. Mais elle se rappela rapidement d'à quel point le vieux pouvait être insistant, et se plia à sa demande.

- Oui, oui, oui... C'est bien chaton, vous vous réveillez progressivement. Votre main est très chaude... sourit-il, en tournant la paume douce vers le haut avant de l'entourer de ses dix doigts osseux.

Blaize patienta tandis qu'il l'observait de près. Enfin, elle le sentit déposer quelque chose de léger au creux de sa main avant de la lâcher et déclarer :

Crimson SoulOù les histoires vivent. Découvrez maintenant