Chapitre 24

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Albert Spencer fit nerveusement quelques pas dans le couloir tout en relisant ses notes. Dans quelques secondes, il s'apprêtait à entrer sur le plateau de télévision pour tourner son émission qui, exceptionnellement, sera diffusée en directe. Il le savait, il avait été prévenu, il allait devoir parler du dernier gros dossier traité par son département ce qui le rendait légèrement anxieux.

Il ne devait pas commettre d'erreur, répondre correctement et calmement. Il ne devait pas hésiter, ni même bégayer, il devait garder sa neutralité de juge tout en se rangeant derrière les complaintes des téléspectateurs. Il allait devoir finement jouer sur les mots pour s'attirer la sympathie de tous.

L'une des assistantes vint le voir, lui expliquant qu'il devait bientôt faire son entrée sur le plateau alors, après avoir pris une profonde inspiration, il la suivit. Caché dans l'angle mort de la caméra, il attendit que l'animateur ait annoncé sa participation dans l'émission pour apparaitre, le sourire aux lèvres.

Dans un premier temps, ils échangèrent quelques banalités, se demandant mutuellement comment ils allaient, comment ils avaient vécu ses derniers jours. Ils passèrent cependant rapidement aux vifs du sujet pour ne pas faire attendre les téléspectateurs qui étaient tous impatient d'assister à ce moment de vérité.

« Le résultat du premier procès concernant le meurtre de cet enfant de Chester a soulevé un véritable problème. En effet, l'un des coupables a écopé de 20 ans de prison alors que le second n'a écopé que de 2 ans dans une maison de redressement parce qu'il est un mineur de moins de 14 ans. Qu'en pensez-vous ? Quel est votre avis sur la question ? » Lança la journaliste.

« Oui. La peine maximale pour un mineur de moins de 14 ans est de 2 ans dans un centre mais je serais assez d'accord pour amender cette Loi en allant jusqu'à 5 ans ou, éventuellement, redéfinir ce qu'est l'âge de la minorité criminelle. Cependant, il faut être prudent. Sans peine spécifique pour les mineurs, alors, tous les crimes de jeunes délinquants seraient régit par le droit pénal, ce qui est inenvisageable. » Répondit-il avec sérieux et sincérité.

Au vu des sourires et des pouces en l'air que lui lancèrent les rédacteurs et différents travailleurs sur la chaîne, il comprit que sa réponse avait été parfaite. Il reprit, bien plus soulagé, et son passage dans l'émission arriva à sa fin. Après un sourire ainsi qu'un petit signe de la main adressé à la caméra, il quitta le plateau pour rejoindre son assistante qui le complimenta sur ses interventions.

Il retourna dans le couloir où l'un des monteurs en scène vint le rejoindre pour lui annoncer que sa présence avait provoqué un pic de vision et que son nom était beaucoup cité sur les réseaux sociaux. Soucieux de l'avis que pourrait avoir les téléspectateur, Albert Spencer s'était précipité sur son téléphone pour faire un tour sur internet, découvrant ainsi les éloges, les félicitations et les compliments que lui faisaient tout le monde.

Un sourire fier se dessina sur son visage et il lâcha un discret soupir de soulagement. Il s'excusa platement auprès du monteur en scène quant au fait qu'il était attendu ailleurs, qu'il ne pouvait donc pas attendre la fin de l'émission pour la discuter avec eux puis il s'en alla rapidement.

Malette en main, il rejoignit l'entrée de la chaîne de télévision où tout un tas de journaliste, n'appartenant pas à cette firme, l'attendaient avec les caméras et les micros dans les mains. Revêtant son sourire politiquement correct, il attacha la veste de son costume pour se donner une allure un peu plus présentable puis il s'approcha d'eux, leur faisant silencieusement savoir qu'il acceptait de leur accorder un peu de son précieux temps.

« Ce procès à un peu redoré l'image du pouvoir judiciaire qui avait vivement été critiqué par le public ces derniers temps. Comment vous sentez-vous ? »

Juge Mills.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant