VI

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            Il fût bouche bée devant l'immense bâtisse qui lui faisait face, l'adresse donnée par Jay menait directement ici. À vue d'oeil il y avait minimum un étage, voir deux si le dessous de toit, gigantesque apparement, était aménagé. Joliment peint en beige clair contrasté du noir de la porte et des fenêtres, même le garage imposait. Ça sentait les moyens financiers à des kilomètres. Et cela mettait mal-à-l'aise Jungwon qui comprit tout aussi vite qu'il était tombé dans un traquenard qui consistait juste à le narguer avec son habitation, comme si le mec en lui-même ne sentait pas assez l'argent comme ça. Le portail était tout aussi foncé que les fenêtres et des arabesques partaient ça et là pour en croisées d'autres, s'entrechoquant avant de partir dans une nouvelle direction ou encore passant par dessus, c'était certes très esthétique mais Jungwon trouvait que ça faisait un peu beaucoup. Mettaient-ils leurs moyens à la vue de tous les voisins ? Si oui, la demeure se voyait déjà à l'autre bout de la rue. Soudain, le brunet eût un peu honte. Avec son pauvre jean acheté en friperie, dont les coutures commençaient à se faire sacrément la malle, son tee-shirt noir avec un petit logo de film sur le devant et ses seules paires de baskets noires, il faisait tâche à attendre devant une telle maisonnée. Auparavant il n'avait jamais vraiment eu honte de son apparence ou de son style vestimentaire qui s'accordait avec ses moyens financiers mais là il n'arrivait pas à réprimer ce sentiment de malaise dans son ventre chaque fois que ses yeux croisaient de nouvelles choses sur la façade de la propriété. Sur le côté gauche se dessinait un petit chemin qui devait sûrement amené à un jardin derrière et un arbre trônait fièrement près du garage où une petite maison pour oiseaux fait main se laissait voir sur l'une des branches un peu plus haut. L'avaient-ils acheté ou bien construite ? Il voyait mal Jay se retrouver avec des échardes dans le doigt pour une telle chose ou pour n'importe quoi en fait.
             Il eût cette irrésistible envie de faire demi-tour et de déguerpir. Qu'est-ce qui le retenait après tout ? Il ne lui devait rien, à ce gars. Il ne voulait, de base, rien avoir à faire avec lui alors comme ce faisait-il qu'il ne bougeait pas pour rentrer chez lui et qu'au contraire son doigt venait d'appuyer sur la petite sonnette au devant du portail ? C'était plus par principe qu'il le faisait. Il lui avait dit qu'il l'aiderait en cours et ils avaient convenus d'une date, s'en aller maintenant ne serait pas correct et il ne se jugerait lui-même plus digne de confiance. Il inspirait longuement en entendant une sorte de sonnerie barbante qui agaçait sûrement les oreilles à la longue, il regrettait déjà d'avoir accepté. Sur le chemin il avait eut envie d'inventer une excuse bidon pour annulé, pour retourner dans sa chambre et regretter que le garçon ait enfin obtenu son numéro. C'était bête mais l'idée qu'il l'ait lui fit un drôle d'effet. Son coeur battait plus vite de panique qu'il ne l'utilise à mauvais escient ou alors qu'il ne se mette à le cyber-harceler, il ne savait pas à quoi s'attendre mais ça le stressait. Pourquoi avait-il fallu qu'il accepte pour Emilie alors qu'il n'en avait pas la moindre envie ? Foutu gentillesse. Sa maman lui avait souvent dit qu'il devrait plutôt dire non que vouloir venir en aide aux autres, au lieu de faire passer ses propres envies d'abord. Mais c'était plus fort que lui, s'il avait refusé il aurait vu le regard triste de son amie et ça lui aurait certainement fendu le coeur.
           Il sursauta quand une voix grésillante et grave répondit :

"- Oh, tu es déjà là ?"

         Il avait tourné son regard vers le petit boitier, voulant se présenter pour annoncer sa venue mais un bruit sonore se fit entendre juste avant que les portes du portail ne s'ouvrent. Son coeur battait à la chamade et ses doigts s'étaient crispés dans les poches de son blouson plus gris que blanc. Il n'avait pas osé bougé avant que la tête blonde de Jay n'apparaisse dans l'encadrement de sa porte, les cheveux rabattu maladroitement vers l'arrière. Un sourire amusé aux lèvres, il le regardait, se calant de manière nonchalante contre sa porte et de lui demandé :

Juste une raison              -- JayWonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant