Juste une raison -- JayWon

XIV. 02

Il était incapable de se concentrer. Même après être aller chercher Carla, il restait cette phrase qui résonnait dans sa tête : "Jungwon, t'a m*rdé, en couple avec un gars ?" qui lui faisait fermer les paupières fortement en espérant que c'était juste un songe de son esprit farfelu qui avait décidé que s'acharner sur lui était une bonne idée ce soir. Ils avaient pourtant fait pas mal d'activités le reste de la soirée. Cuisiner, répéter une énième fois les parties un peu faiblarde d'après Carla, puis ils avaient fait ses devoirs et finalement regardé un film. Mais rien ne l'avait aidé à ce sortir ce que Jay avait dit de la tête. Ça l'avait même gardé éveillé lors du film niais qu'ils avaient décidé de regarder juste pour dire qu'ils avaient regardé quelque chose. Exténué, Carla s'était endormi sur ses cuisses, écrasant presque une partie de ses bijoux de famille, elle avait même bavé sur son pantalon. Niquel. Heureusement qu'il ne sortait pas voir quelqu'un après. Il était tellement perdu dans ses pensées qu'il ne saurait dire à quel moment du film ils étaient. Une scène d'action ? Était-ce même un film de ce genre ? Il fixait l'écran sans vraiment le faire, les couleurs hypnotisant ses pupilles sans qu'il ne voit réellement les formes que la télévision renvoyait.
Qu'est-ce que ça signifiait sortir ensemble au juste ? Se voir ? Ils le faisaient déjà, ça. S'embrasser dès qu'ils se voyaient ? Jay ne se gênait pas pour le faire dès que l'occasion se présentait. Aller plus loin ? Mais ça signifiait quoi aller plus loin ? Qu'est-ce que ça changeait du coup, qu'ils soient ensemble ou non ? Ce n'était qu'un mot. Ils n'étaient pas amoureux alors pourquoi seraient-ils un couple ? Et qu'est-ce ça faisaient les couples ? D'après Cassandra et ce qu'elle leurs racontait de sa relation c'était juste pour signifier qu'ils étaient exclusif, qu'ils sortaient ensemble aux cinémas entre amoureux, manger quelque chose, faire des visites de musées, s'appeler quand ils se manquaient, espérant se voir le plus rapidement possible et ne pas se quitter par la suite. Mais la raison principal de tout cela était qu'ils étaient amoureux. Or si Jungwon ne se trompait pas, il ne ressentait pas de telles choses pour le blondinet et lui non plus. Ils étaient juste attiré physiquement l'un par l'autre, c'était ce qu'il avait dit non ? Après tout, Jungwon n'y connaissait rien à ce genre de chose, et les livres étaient trop romancés et cul-cul la praline pour refléter la réalité et l'aider. Est-ce qu'il s'imaginait embrassé Jay ? S'il faisait le premier pas, oui puisque maintenant c'était le cas. Se voyait-il faire une sortie avec le garçon s'il lui proposerait ? Pas beaucoup parce qu'il ne le ferait pas. Non, puisqu'ils n'étaient pas ensemble. Ils ne se voyaient que les mercredis pour étudier et apprendre le piano, c'était tout. Puis il ne se voyait pas dire à son entourage qu'il était casé avec quelqu'un, pas accident certes, et qu'en plus c'était un homme. Jay, ce qui ne ravira pas Emilie qui lui en voudrait sûrement énormément de sortir avec son crush. Et lui ne voulait même pas ça, de base. Il n'avait jamais rien voulu de tout ça.
Il n'avait jamais eu envie d'embrasser un garçon, d'apprécier ça, de ne pas se détourner ni même être dégoûté, de detester quand il était distant ou un peu froid, d'avoir des frissons de malaise en le voyant avec quelqu'un d'autre de très tactile, de s'imaginer qu'il faisait la même chose avec cette fameuse personne. Genre Julie. Plus il y pensait, plus il détestait s'imaginer qu'il était aussi proche avec elle, qu'il le touche là où ses mains s'étaient posé : sur sa nuque, sa main, ses doigts, ses cheveux. Ça le tendait rien que d'y penser. Et encore, avec Jungwon ils ne faisaient rien d'interdit, mais faisait-il des choses peu chastes avec d'autres ? Passait-il ses mains autre part ? Ses mots étaient-ils entendu par d'autres ? Était-il si séducteur avec les autres ? Leurs proposait-il de jouer du piano ensemble avant d'aller plus loin ? Sur ce sol gris, par exemple ? Il ne rougit que parce qu'il venait d'entendre son nom être interpellé par la mère de Carla qui venait de rentrer avec son mari, les cheveux détachés et le sourire gentil, elle avait encore son sac à la main mais elle avait un peu défait sa chemise qui devait être inconfortable à longueur de journées.