VII. 02

950 77 33
                                    

         Dès le moment où il était arrivé chez lui, toute confiance en lui avait disparu. Alors quand il fût arrivé devant l'enceinte du lycée, il n'avait qu'une envie c'était de devenir un fantôme dans les plus brefs délais. Il avait cette désagréable impression que tout le monde le regardait comme s'ils étaient au courant et qu'ils s'attendaient à une baston verbale. Comme s'ils étaient tous revenu au collège et que les problèmes de certains élèves étaient les problèmes de tout le monde, et ça agaçait Jungwon qui trainait pas mal la patte pour rejoindre son casier. Il ne savait pas trop par quel enchantement il était à l'heure et même en avance aujourd'hui mais il devait être sûrement arrivé très peu de temps après Cassandra, bien qu'il ne l'ait pas croisé. Puis en parcourant la cour, un regard le piquait plus que les autres, parce qu'il avait vu Jay du coin de l'oeil qu'il avait constaté qu'il le regardait un peu trop intensément. Il s'était fait tout petit et avait accéléré le pas, bousculant un élève de première au passage, s'excusant à de multiple reprises en rougissant de honte, parce qu'il se doutait que son camarade se moquait de sa maladresse plus loin. Il s'était rapidement réfugié dans le hall, slalomant rapidement parmi les moins rapides, les yeux le plus souvent rivés sur le sol alors qu'il progressait en sentant son coeur tambouriner de panique dans sa poitrine. Surtout que cette journée ne serait pas des plus calmes, le jeune homme avait eut un exposé d'Anglais à préparer pour aujourd'hui et il y avait passé tout son temps libre, qu'il avait réussi à dégager ce week-end, c'est à dire le soir et les pauses midi. Ça n'avait pas été un travail long mais il voulait le faire bien et obtenir une bonne note. Il n'était pas une lumière en langue et l'anglais c'était parfois la brasse coulée, il mettait toujours plus d'effort et d'attention dans les matières où il galérait. Pourtant au collège il se débrouillait pas si mal... Il n'avait aucune idée à partir de quel moment il avait commencé à être sacrément dépassé, certainement depuis qu'il avait philosophie en matière et qu'il avait du mal à connecter ses deux neurones quand ces deux matières étaient à la suite. Malheureusement pour lui, la philosophie était chaque fois avant un cours de langue. En temps général, il arrivait à esquiver les exposés, qui n'étaient là que pour remonter la moyenne de ceux qui le voulait, mais la professeur avait souhaité qu'il passe cette fois-ci pour contrôler son niveau de langue et d'aisance à l'oral, on ne savait jamais il pouvait partir à l'étranger un jour. Déjà n'avait-il pas les moyens d'aller passer une journée dans la ville d'à côté mais partir dans un pays frontalier ou non paraissait bien impossible avant qu'il n'ait un travail stable.
Il avait fait un minuscule détour à son casier pour déposer le surplus de livres pour la matinée avant de se rendre directement en classe. Tête basse et démarche déterminée si quelqu'un l'arrêtait il allait sûrement câblé ou bégayer. Il arrivait tout de même sans encombre dans sa classe où il ne trouva même pas ses deux amies à leurs tables habituelles, celles près de la fenêtre où l'un des rares volets n'était pas cassé. Peut-être s'étaient-elles retrouvé en dehors du bâtiment ou discutaient-elles en marchant un peu avant de se poser toute une matinée sur une chaise à force inconfortable. Tel un robot, Jungwon s'assit sans un bruit sur la chaise froide qui laissait remonter un frisson du bas de son dos jusqu'à sa nuque, il secouait incontrôlablement mais discrètement son échine pour faire disparaitre cette sensation désagréable. Il ne tarda pas à sortir ses affaires dans le petit brouhaha de la classe, bien qu'elle ne soit même pas à moitié rempli, mais les élèves avaient toujours des choses à se dire, il ne savait pas trop quoi en fait. Des potins ? Les hormones déjà en route, ils devaient sûrement converser des personnes attirantes qu'elles auraient bien aimé revoir et commencer quelque chose, ou encore de leurs crush qui ne les regardaient pas assez à leurs goûts, ça parlait attirance ça et là. Parfois les discutions divaguaient sur les cours, les examens ou l'avenir, ça dépendait mais ce genre de sujet mettait un peu mal à l'aise le garçon qui ne voulait pas passer à sa future vie d'adulte où sa mère lui léguerait les responsabilités de son âge et dont il n'était pas vraiment prêt à accepter et assumer. Son dix huitième anniversaire était déjà prévue et allait être fêté en petit comité où de la famille proche ou ses meilleures amies seraient là, il n'avait pas besoin de plus, juste de l'essentiel. Et ce n'était pas comme s'il avait quelqu'un dans sa vie à qui il demanderait de passer une soirée dédié à sa majorité enfin atteinte. Peut-être rencontrerait-il la fille de ses rêves à l'université.
Il s'était souvent imaginé mille et un scénario de rencontre plus ou moins romantique mais chaque fois c'était un peu la même chose : attendu mais surprenant. Puis il savait déjà quel était un peu son style de fille idéale : une petite brune aux cheveux lisses souvent détachés avec des yeux bleus ou bruns, il n'avait pas de préférence de ce côté là, une paire de lunette parce qu'il adorerait les enlever de son nez doucement pour l'embrasser, un sourire ravageur. Quant au caractère elle serait discrète, attentive, curieuse, passionnée et souriante, un rayon de soleil avec qu'il apprécierait passer tout son temps et dont sa mère approuverait la relation et l'inviterait régulièrement tant elle l'adorerait. Il l'imaginait s'accorder caractériellement avec lui comme ça ils pourraient faire la paire. Oui, il n'était pas pressé de la rencontrer parce que forcer le destin n'était pas synonyme de bonheur et durabilité. Viendra le temps où le grand amour se présenterait et ils vivraient des choses incroyables, il le savait et était déjà impatient d'être complètement heureux avec elle. Elle aurait très certainement un joli prénom qu'il se surprendrait à écrire sur ses feuilles et par message avant de se rendre compte qu'il souriait comme une fillette amoureuse et éperdue.

Juste une raison              -- JayWonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant