XVI. 02

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           Ce qu'il faisait bon ici, ni trop chaud ni trop froid, une température idéale accompagnée d'une légère brise sur le bout du nez qui lui laissait sentir un mélange de vanille et de pain d'épice, où il aurait bien tapé un croc tant ça sentait bon. Ça faisait une éternité qu'il n'avait pas dégusté un pain d'épice, puis comment ça se cuisinait ça ? Ça semblait dur, à bien réfléchir. Il ouvrait les paupières lentement en entendant le chant des oiseaux plus loin, tombant sur un ciel bleu seulement parcouru d'un pauvre nuage solitaire dans cette couleur dominante bleu clair. Il y avait effectivement des volatiles qui passaient devant mais ils étaient lointain et peu nombreux, ils faisaient leurs vies en partant dans une direction inconnue alors que Jungwon inspirait profondément se faisant craquer le dos sur le sol dur en dessous de lui. Allongé à même l'herbe, celle-ci vint lui chatouiller la joue quand il tournait la tête à gauche, tombant sur une plaine vide d'humain mais rempli de fleurs de toutes couleurs. C'était un bel endroit, de ceux qu'il ne voyait qu'en peinture ou dans les livres quand l'auteur représentait une scène de rêve. Était-ce même la réalité ? Dormait-il encore ? Il sentit un souffle tiède dans son cou, près de sa nuque et de son trapèze, détendu, calme et régulier. Intrigué, il pivotait immédiatement la tête vers la provenance du vent différent de celui principal qui faisait doucement voler une mèche sur son front. Jay, endormi en position boule, avait collé son nez contre lui. En temps normal Jungwon se serrait reculé mais ce n'en fût pas le cas ici. Il se laissait aller à la contemplation de son vis-à-vis qui devait sûrement passer un temps agréable avec Morphée qui avait quitter le côté de Jungwon. Ses longs cils brun touchait le haut de sa joue, ses paupières tressautant alors qu'il rêvait, il murmurait quelque chose d'incompréhensible et d'à peine audible à travers ses lèvres entre-ouvertes qui frôlait la peau fine de sa gorge alors que ses mains reposaient tranquillement sur l'herbe verdoyante près de lui, ses genoux touchant parfois les siens quand il inspirait. Il paraissait si paisible, il ne l'avait jamais vu dormir auparavant. Enfin si, en seconde en plein milieu d'année, la tête blonde du garçon au fond de la classe reposait sur ses bras et faisait face au côté fenêtre, là où avait été placé Jungwon par la professeur car il n'avait pas de problème de vue et qu'il était tranquille à une table seul. Un peu distrait à cette période de l'année, il avait tourné le regard vers le souffle régulier de Jay qui se reposait caché derrière des camarades plus grands à la table devant lui. Il ne dérangeait pas mais ne suivait pas le cours pour autant. Jungwon, qui n'oserait jamais de sa vie entière dormir en classe ou sécher les cours l'avait regardé avec une pointe d'envie, car même quand il était très fatigué il se forçait à rester éveillé. Son dos sous sa veste à peine posée sur lui, il devait manifestement dormir depuis une bonne vingtaine de minutes. Quand ils leurs avaient été donné de faire des exercices, il s'était fait réprimander par l'enseignante qui lui avait demandé s'il était malade et avait besoin d'aller à l'infirmerie ou si elle devait le virer maintenant pour qu'il aille expliquer la situation chez la proviseur. En fait, quand il s'était redressé, Jungwon avait vu ses lèvres pâles et l'absence de couleurs sur ses joues. Il était donc parti à l'infirmerie. C'était la seule fois qu'il l'avait vu dormir en trois ans, ce n'était plus jamais arrivé après, par le simple fait qu'il ait changé de place. Alors le voir maintenant, dormir à ses côtés aussi calmement, lui fit quelque chose. Le garçon des rêves d'Emilie.
               Une vague de culpabilité qu'il essayait tant bien que mal de repousser lui étreint le coeur, et il se sentit illégitime de le regarder ainsi. Déglutissant avec difficulté, il détournait les yeux à contre-coeur. Ce qu'il faisait n'était pas bien. Il fréquentait le garçon qu'Emilie convoitait depuis la seconde, et il n'avait pas d'excuse, il était coupable de A à Z. Il aurait très bien pu le rejeter plus encore au lieu de se laisser faire, il n'aurait pas dû accepter de revenir chez lui pour lui donner des cours particuliers en échange d'un apprentissage partiel du piano, il aurait dû en parler à ses amies, il faisait tous les mauvais choix là. Il se pinçait les lèvres entre elles, il était vraiment le pire des amis. Mais qu'y pouvait-il ? Il n'avait jamais été prévu au programme de sa vie de voler malencontreusement la convoitise de son amie et de finalement s'attacher ainsi à lui. Il avait pourtant essayé de faire autrement mais il n'y arrivait pas, il n'y arrivait plus.

Juste une raison              -- JayWonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant