Juste une raison -- JayWon

XXI. 03

Suite à ces accusations, graves, le surveillant s'en était allé en lui demandant de ne pas bouger d'un pouce avant son retour, qu'il ne tarderait pas et que Jungwon devrait retourner dans l'enceinte du lycée avant d'être complètement en retard pour ses cours de l'après-midi. L'adulte lui avait demandé s'il avait décidé de porter une main courante ou non, Jay s'était terré dans le silence, visiblement il y songeait encore. Mais il avait quand même questionné l'homme sur le fait que le brunet puisse rester un peu avant de s'en aller. Il avait accepté seulement parce que Jungwon lui avait promis de respecter les règles dites quelques secondes plus tôt. Même lorsque la porte fut fermée, le mineur ne bougea pas, fixant le battant avec le coeur lourd. Il y avait eu un silence, long et stressant pendant lequel il avait senti le regard de Jay sur lui.

"- Jungwon."

Aussitôt il avait tourné son regard vers lui. Il semblait si abattu en le regardant qu'il culpabilisait de rester à sa place. Même si ses questions avaient été répondues, il avait toujours ces images de la jeune fille en sang et du regard fou du blond à l'esprit, il n'osa pas s'avancer vers lui. Mais la distance ne lui plaisait pas pour autant, il s'en mordait la joue intérieure, hésitant. Jungwon avait été bien faible quand le garçon lui avait tendu la main en chuchotant un "s'il te plait" que son corps s'était déplacé de lui-même, en pilote automatique, s'asseyant sur le siège dans lequel était posé précédemment le surveillant qui s'en était allé dans le bureau de la proviseur, sûrement. Timidement, il avait glissé ses doigts contre les siens en fixant ceux du blondinet venir chercher toujours plus de contact. Ce touché là, il le connaissait, c'était celui qu'il utilisait pour le rassurer quand il se refermait sur lui-même ou qu'il pleurait, délicat et doux. C'était un peu injuste comme situation, c'était lui qui se faisait consoler alors que c'était Jay qui vivait une passe traumatisante de sa vie, chose qui n'aurait jamais du arriver. Est-ce que ses prières du nouvel an avaient déjà été ignoré ? Ça avait été rapide, même pas trois jours que ça n'allait pas pour lui.

"- J'ai vraiment voulu que ça soit de toi, dit doucement Jay en passant ses doigts vers la peau fine de son poignet.

- Je suis désolé..

- Je pensais que tu me l'avais fais dans la nuit, un peu avant de que je m'endorme parce que tu n'osais pas le faire avant."

Ça revenait à dire qu'il l'aurait touché pendant son sommeil et ça c'est hors de question. Il voulait le faire pleinement réveillé, comme toutes les autres choses après, s'il y en avait. Il voulait que Jay s'en souvienne aussi bien que Jungwon se souvenait de celui qu'il lui avait laissé sur la clavicule.

"- Je ne pensais pas qu'elle soit aussi atteinte, continuait-il en encerclant délicatement son poignet de ses doigts de pianistes.

- Pourquoi tu ne me l'as pas dit ?"

Ça aurait évité tous ces quiproquos et cette matinée pourrie pour rien.

"- J'en étais pas sûr avant que tu me dises que tu n'avais rien fait."

Puis il remonta sa main jusqu'à attraper celle de son vis-à-vis, l'amenant à son front en demandant doucement et de manière suppliante :

"- Est-ce que toi tu me crois ?"

Vu que le surveillant n'avait pas eu envie de se prononcer mais surtout qu'il ne semblait pas le croire une seconde. Puis Jay n'était pas du genre à avancer des choses fausses pour juste mettre le merdier quelque part. Surtout pas pour son amie qu'il avait défendue autant de temps auprès de Jungwon. Son état de faiblesse actuelle lui faisait mal au coeur, évidemment que la situation l'affectait, il y avait de quoi. Puis ils avaient établi une confiance inébranlable qui ne bougeait pas, même après tout ce qui lui trottait dans la tête. Même si ses doutes étaient plus fort qu'autre chose, il y avait des choses qui étaient certaines.