XXI. 02

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Même si Emilie l'avait tiré avec beaucoup de force, il était un peu trop engourdi pour courir, surtout dans l'escalier. Des bruits de murmures, de cris et d'interpellations se faisaient entendre depuis le moment où il avait quitté le couloir. C'était surtout des exclamations féminines qui se faisaient entendre, c'était un brouhaha pas possible qui agressait les oreilles du brunet qui suivait son amie en pleine confusion. Jay n'était absolument pas du genre violent, même crier sur quelqu'un relevait d'un cas extrême alors s'en prendre aux mains avec quelqu'un, il fallait y aller. Et pourquoi bon dieu s'en prenait-il à Julie ? Il la défendait encore tout à l'heure, en disant qu'elle ne faisait rien de mal et que Jungwon ne devrait pas s'inquiéter. Et ce n'était définitivement pas la réaction du brunet qui l'avait poussé à faire ça. Alors il ne comprenait pas, il n'arrivait même pas à associer le mot violence à Jay. Ça collait pas et c'était absurde. C'était le mot, absurde. Peut-être que les gens avaient mal vu, peut-être que les élèves s'étaient trompés, peut-être qu'elle l'avait giflé pour une quelconque raison et qu'il s'était seulement défendu, qu'au final ils n'avaient vu le coup que du garçon. Il ne connaissait pas assez la rouquine pour savoir si elle était capable de ça. C'était du moins ce que son esprit pensait jusqu'à ce qu'ils arrivent vers l'attroupement de personnes en cercle près des fenêtres, près de la porte du self. Des "retenez-le !", "calme-toi mec", "ça suffit !" se faisait entendre et Jungwon avait l'impression d'être passé dans un monde parallèle. Entre deux têtes d'élèves il le voyait, lui, retenu par trois élèves assez baraqués, et une fille blonde : Cassandra. L'adolescent essayait de se dégager en regardant, furibond, quelque chose au sol, il tentait tant bien que mal de retourné à la charge mais à quatre contre un, il n'avait aucune chance, même s'il paraissait assez malin pour les envoyer un à un au sol. Jay envoyait des injures violentes à la personne en question, Julie d'après les dires d'Emilie, il n'avait aucune pitié et était totalement hors de lui. Jamais de sa vie il n'avait vu quelqu'un d'aussi vénère.

"- T'es qu'une pauvre p*te ! T'a pas honte ? Que tu ailles crever en enfer !, avant de cracher au sol."

Jungwon était comme tous les autres, paralysés par la peur de ce qu'il se passait. En fait, il ne réalisait pas, il était incapable de concevoir que cela était la réalité des faits. Mais qu'est-ce qui lui prenait ? Quand avait-il retourné sa veste au point de lui souhaiter le pire ? Son coeur avait bondi dans sa poitrine quand il avait essayer de nouveau de se détacher des élèves courageux qui le retenait en le forçant à reculer. Jungwon détestait la violence, il ne supportait pas de voir quelqu'un ensanglanté ou couvert de bleus pour une simple querelle qui dégénérait. Or là, sans contexte, ça pouvait ressembler à de la brutalité pure, s'il ne connaissait pas le garçon en question. C'était pour cela qu'Emilie agrippait son bras aussi fort en retenant son souffle contre sa main, chaque fois qu'il faisait un mouvement pour se dégager, elle sursautait. Les surveillants suivis de la proviseur ne tardèrent pas à arriver sur la scène de violence. Ils dégagèrent un passage entre les élèves en leurs sommant de repartir vaquer à leurs occupations. Ils laissèrent effectivement un trou sur leurs passages mais ne s'en allaient pas pour autant, tout comme Jungwon et Emilie qui restaient figés sur place.

"- Ça suffit maintenant !, tonna la voix autoritaire de l'adulte habillé en pantalon cintré et d'un chemise blanche, vous n'allez pas bien, oui ?!"

Les surveillants s'étaient alliés aux élèves pour écarter Jay de Julie qu'il voyait enfin. Couchée au sol, retenu par une jeune fille de leur classe, elle se couvrait le nez et le ventre, un oeil fermé tandis que l'autre regardait la directrice de manière apeurée, il y avait de quoi. Elle sanglotait au sol, son corps s'étant recroquevillé sur lui-même comme pour se protéger des prochains coups que Jay lui porterait. Son état fit mal au coeur du brunet qui se sentait mal qu'elle n'en arrive pas à cause d'une saute d'humeur, inexplicable, du blondinet.

Juste une raison              -- JayWonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant