XI

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Dimanche, la pluie s'était décidé à pointer le bout de son nez, ce qui collait avec l'humeur plutôt maussade du garçon qui regardait les pleurs du ciel tombés sur le goudron maintenant presque totalement noir dû au temps sombre et au manque de lumière vive dans les rues, même les lampadaires n'aidaient en rien à essayer d'y voir plus clair. Et aucun lampadaire ne se faisait voir dans l'esprit du brunet qui avait posé sa tête sur les genoux de ses jambes repliées contre lui. Exceptionnellement il ne travaillait pas aujourd'hui. Hier, dû au mauvais temps et au froid extérieur, la boutique n'avait pas accueilli plus de dix clients, Jungwon n'était donc pas réquisitionné aujourd'hui. Et pourtant il aurait aimé s'occuper l'esprit. Quatorze heures et des brouettes, il s'ennuyait à mourir alors qu'il avait déjà fini toutes les tâches qu'il avait pu avoir à faire pour s'avancer ou nettoyer la maison. Il s'était réveillé à huit heures, incapable de fermer plus longtemps les yeux pour passer du temps supplémentaires avec Morphée, il s'en était allé vers d'autres songes en laissant Jungwon fixé son plafond pendant de longues minutes qui ne l'avait pas aidé à chercher de quoi se reposer encore cinq pauvres minutes. Gauche, il s'était levé en trébuchant sur ses pantoufles et avait failli rencontrer indésirablement son mur dans le nez, ça l'avait d'autant plus réveillé qu'il faisait sacrément froid en dehors de sa couette, mais il n'avait pas envie de rester procrastiner dans son lit. Il avait croisé sa mère sur le chemin menant à la cuisine, elle en sortait en lui annonçant qu'il y avait encore tout sur la table pour qu'il prenne son petit-déjeuner, lui demandant comment cela se faisait qu'il soit debout si tôt alors qu'elle lui avait annoncé la vieille qu'il était en repos. Il ne lui avait menti qu'à moitié en lui disant avoir fait un mauvais rêve et que se rendormir ne l'avait pas tenté plus que ça de peur de recommencer un nouveau songe désagréable. Sauf que le rêve en question était une réalité dont il ne pouvait se défaire.
En rentrant chez lui mercredi soir, il s'était précipité dans la salle de bain en essayant de se frotter la bouche de savon pour essayer de faire passer ce qui le répugnait, mais il avait beau essayer de faire disparaitre les potentielles évidences physiques qu'il avait peur que tout le monde voit, les souvenirs eux ne trompaient pas : ça s'était vraiment passé. Park Jay, le mec richou qui cette année s'était mit en tête de pourrir la vie de Jungwon venait de voler son premier baiser. Déjà cela était impardonnable, comment avait-il pu faire ça ? Et de deux, ce fait si précieux lui avait dérober par un homme, surtout l'ancien crush d'Emilie dont il n'avait pas eu le courage de lui annoncer que l'autre gars qu'ils étaient censé éviter venait de l'embrasser dans le plus grand des calmes. Sa vie était fichu, il l'avait contaminé avec sa maladie du pd, il ne connaissait même pas le remède. Et quels seraient les symptômes au juste ? Il allait vouloir embrasser tous les gars qu'il croiserait ? L'angoisse. Sa mère voulait tellement des petit-enfants, à cause de Jay elle n'aurait jamais cette satisfaction de voir un Yang se perpétué dans l'avenir. Il devait trouvé un remède, c'était la seule solution. Le problème étant que seul un psychologue pouvait lui faire une ordonnance pour se procurer de tels traitements, et comme il était encore mineur il devait passer par sa mère pour pouvoir obtenir un rendez-vous. S'il lui demandait de le prendre pour lui, elle lui demanderait la raison parce qu'elle s'inquièterait, logique, mais comment lui dire ? Il venait de commettre l'impardonnable alors que ce n'était même pas sa faute. Puis ce genre d'informations ça se répandait comme une trainée de poudre, tout le monde saurait et sa scolarité serait complètement ruiné, c'était le pire scénario de fin de lycée qui pouvait se produire. Il détestait Park Jay à partir de cet instant, là devant sa fenêtre et dès lors qu'il s'était regardé dans la glace. Il n'avait vu qu'un brun contaminé par un mal profond qui n'avait rien fait pour éviter d'être encore sain.
Quand sa mère l'avait vu rentrer furibond, elle lui avait demandé ce qu'il se passait et pourquoi il s'était enfermé dans la salle de bain. Il avait sorti un mensonge nul mais qui avait fonctionné : "chocolat à la liqueur qu'il devait faire disparaître en se lavant les dents d'urgence" elle avait rit et n'avait pas insisté. Or le chocolat à la liqueur paraissait divin à côté de la vérité. Quand il s'occupait de Carla, elle avait remarqué que quelque chose clochait, qu'il était plus nerveux et moins détendu lorsqu'ils étaient ensemble. Il avait prétexté un manque de sommeil à cause des révisions et qu'il restait éveillé grâce au café, café qui le tendait comme un arc. Les excuses n'avaient duré que quatre jours et il en était déjà épuisé, ne pouvait-il pas faire disparaitre la vérité et ce détail de sa mémoire ? Quand il avait croisé Jay dans les couloirs, il se cachait ou baissait la tête en accélérant le pas, quand ils échangeaient malencontreusement un regard il avait honte et les images revenaient le hanté à chaque fois. La sensation de ses lèvres posées sur les siennes ne s'effaçaient pas non plus, et il avait une telle envie de la faire disparaitre qu'il se pinçaient ses croissants de chair entre eux comme par peur que Jay ne recommence encore. C'était une torture d'essayer de constamment pensé à autre chose, tant qu'il avait fait le tour de tout ce dont il pouvait essayer de se remémorer que son esprit commençait à être vide. La nuit, il n'y échappait pas, ça revenait inlassablement comme pour lui rappeler les faits qu'il tentait si durement d'enterrer dans un coin de sa tête.
Jay ne s'était aucunement excusé de son comportement, il n'en avait apparement aucune honte alors que Jungwon avait fui dès lors qu'il s'était écarter de lui par manque d'air. Il avait eut une envie horrible de pleurer mais s'était juste caché derrière son indignation et sa colère d'avoir été utilisé ainsi comme "preuve". Il lui avait demandé nombre de fois de lui dire pourquoi il avait fait cela mais Jay avait juste sourit, fier de lui. Élu pire mec de l'année, vraiment. Vivement qu'ils aient fini le lycée et qu'il n'ait plus à le voir.
Et cette pluie incessante dehors qu'il ne voyait presque plus alors qu'il laissait ses pensées refaire surfaces, trop épuisé de les repousser une nouvelle fois. Autant y faire face une bonne fois pour toutes, non ?

Juste une raison              -- JayWonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant