Plaie au coeur

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Je me plante devant Théo, les bras croisés.
- Je peux te parler ? Ou tu comptes encore m'éviter ?
- Je ne t'évite pas.
Bien sûr. Il se fout de moi en plus.
- Donc ça fait une semaine que l'on ne s'est pas parlé, mais tu ne m'évites pas. Bien entendu.
- Bah, tu ne m'as pas redit si mes sentiments étaient réciproques. J'attendais juste une réponse. Mais comme je t'ai vue parler à Justin, j'ai compris.
À la pensée de Justin, je dois retenir un petit sourire. Effectivement, on se parle au lycée. On s'est revu deux fois chez lui. Pourtant, on n'est toujours pas officiellement en couple. Alors ça ne ferme pas les portes à Théo. Enfin...
- Parce que tu crois que c'est facile de faire ce genre de choix ? Et ce n'est pas en me parlant plus que tu vas me donner envie de me rapprocher de toi !
Il fait un pas en arrière et me regarde durement.
- Arrête de te mentir à toi-même. J'ai très bien vu ton comportement. Tu souris plus souvent. Tu parles même parfois avec des gens de la classe !
- C'est donc ça le problème, craché-je. Tu ne supportes pas que je sois heureuse ?
- Mais non ! Mais tu n'es plus la même ! Ouvre les yeux, bon Dieu !
Je ramasse mon sac que j'ai mis par terre.
- Tu me gonfles là.
Je tourne les talons, mais il reprend la parole.
- À ce demandé si tu ne fais pas semblant depuis des mois.
Il vient de dire quoi ? Je me retourne et le bouscule violemment.
- T'es sérieux là ? T'es sérieux ?
- Je suis en droit de me poser des questions quand même.
La colère me monte au nez et je lui attrape le pull.
- T'es immonde. Tu te rends compte de ce que tu dis. Comme si je faisais semblant d'être triste que mon père soit mort ?!
Il me repousse avec la même violence et me toise de haut.
- Pauvre petite. On vit tous des choses dur et pourtant on ne chouine pas comme toi.
- Pauvre con, toi, tu n'as rien vécu, mais tu fais quand même ton chouineur. Va te faire foutre.
- Tu fais tellement pitié. Grogne-t-il. Quand Justin aura fini de t'utiliser tu ne vbiendréas pas chouiner dans mes bras. A mes yeux tu es morte. D'ailleurs...
Il me jette un regard glacial.
- Tu devrais peut-être songer à passer à l'acte.
Cette fois, je tourne les talons pour de bon. Je croise Justin, mais je l'ignore totalement. Je sors du lycée et laisse enfin mes larmes sortirent de mes yeux. Il a été tellement violent. Je le déteste. Je le déteste !

Je rentre dans ma chambre et balance mon sac dans un coin. Je suis seule, ma mère et mon frère sont au travail. Je mets donc le son de mon enceinte à fond. Je m'allonge sur mon lit et laisse le chagrin envahir mon corps.
Je me sentais si bien depuis quelque temps, que j'avais oublié ce que je ressentais avant. J'avais oublié qui j'étais. Et surtout, que oui, j'étais en dépression... Les larmes ne s'arrêtent pas. J'ignore mon téléphone qui sonne constamment depuis 10 minutes.
Tandis que le soleil se couche, la luminosité de la pièce descend et ma tristesse se fait plus profonde. Mes pensées dérivent vers mon père. Je ne suis pas retourné au cimetière depuis l'enterrement. Je me sens un peu honteuse à cette pensée... Mais je n'ai envie de me forcer. C'est encore trop douloureux.
Et à force de pensée, mon cerveau se met en mode automatique. Sans m'en rendre compte, mon corps s'actionne tout seul et je me dirige vers mon armoire. J'en sors une petite boite et je retourne dans mon lit. Je change de playlist et enlève mon pull. J'ai cette impression de me regarder à l'extérieur de mon corps. Je pourrais m'arrêter. Je devrais le faire. Je sais que ça ne va rien m'apporter. Mais au fond ça me fait tellement de bien.
Cette lame, sur ma peau. Le sang rouge qui roule doucement sur ma peau pâle. Je ne sens pas la douleur. Je ne sens rien. Et j'enfonce toujours plus profondément.
Soudain ma sonnerie retentit une nouvelle fois. Je m'arrête d'un coup et regarde le carnage que je viens de faire. Enfin sorti de ma rêverie, je précipite dans la salle de bain pour nettoyer mon bras puis surtout pour ne pas tacher mes draps.
La sonnerie ne s'arrête pas et je vais voir qui me harcèle comme ça. La tête de Justin s'affiche. J'hésite un peu avant de répondre. Mais si je ne le fais pas, il va s'inquiéter et continuer. Je décroche donc.
- Oui ?
- Aby ?! Putain, mais répond plus vite la prochaine fois ! Je n'ai pas compris pourquoi tu étais parti du lycée ! J'ai voulu demander à Théo, mais il était partie aussi apparemment...
Je calme ma respiration avant de lui répondre.
- Désolé, je ne me sentais pas très bien... Aucun lien avec Théo, je te rassure.
- Ouf alors ! Donc, tu viens toujours demain à ma soirée ?
Je me mords la lèvre et regarde le bordel autour de moi.
- Heu ouais...
- Ouais ? Tu n'as pas l'air ravie...
- Si ! Juste, je dois m'organiser pour un truc, mais bien sûr, je serais là.
- Super ! Alors à demain, bisous !
Il raccroche et moi, je me jette sur mon lit. J'ai fait n'importe quoi. J'ai l'impression d'avoir tout gâché avec Théo. Et Justin sera hyper déçu moi. Je vais les perdre tous les deux, et j'ai le sentiment grandissant que c'est entièrement ma faute. Je me sens nul. Je n'ai qu'une envie, c'est de rester enfermé dans ma chambre. À me laisser dépérir. Je m'enfouis sous ma couette et me met à pleurer en silence. Mes démons reviennent doucement et prennent possession de mon cerveau.

Plic-Ploc [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant