Chapitre 19

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J'avais fini par rentrer avec les filles, en sécurité. Katell nous avait appelé pour nous féliciter et nous avouer que grâce à nos actions, nous allions recevoir une grosse somme d'argent. Pour fêter ça, et attendre que le chauffeur vienne nous chercher, nous avions bu à notre santé dans un petit bar .

_ Nous serons à votre destination dans une heure et demi, nous prévint le chauffeur, plutôt jeune et visiblement au goût de Clara qui s'était empressée de prendre la place passagère.

Fatiguée par cette nuit mouvementée, et bercée par ma musique, je m'endormis contre la vitre.


_ Vous êtes arrivées, nous indiqua l'homme en se garant devant un immense portail noir.

Je sortis avec nonchalance pour aller récupérer mes bagages dans le coffre. Une fois tout récupéré, la voiture s'éloigna tandis que Clara faisait des gestes pour dire au beau gars de l'appeler.

_ Allons-y, dit Maud en ouvrant le portail.

La demeure était comme sur la photo, mais paraissait bien plus grande en réalité. Pocky dû nous entendre arriver car il accourut vers nous pour nous saluer en bavant.

Julie et Anaïs étaient à la porte d'entrée, nous faisant de grands signes. Elles étaient visiblement sur-excitées. Notre nouvelle maison était si belle que ça ?

_ Bienvenue les filles ! s'écria Julie en souriant comme jamais.

Après l'avoir vu se morfondre pendant des jours, cela faisait du bien de la voir en forme et toute rayonnante.

_ Vous allez voir, la maison est géniale, nous dit Anaïs en nous faisant rentrer. En plus, on a une salle de jeux ! Je vais pouvoir jouer à Genshin Impact toute la nuit !

Avec enthousiasme, toutes les filles s'éparpillèrent pour découvrir la maison, alors, suivant Marine, je partis vers ma chambre.

_ Les filles on mange ! cria Katell d'en bas. Cassy prévient Maud, son laboratoire est à côté de ta chambre !

_ Génial, ronchonnai-je. Je vais me prendre une explosion pendant la nuit. On marquera "Dommage collatéral d'une expérience ratée sur ma tombe.

Je toquai alors à la porte du laboratoire, mais n'entendit aucune réponse. Pensant qu'elle avait un casque sur les oreilles, j'entrais. Le laboratoire était plongé dans le noir. Je faillis trébucher sur quelque chose en m'aventurant dans la pièce.

_ Maud ?

Une petite bougie était allumée sur un des bureaux ce qui me permis de deviner une silhouette juste devant. J'appellai encore le nom de la rousse mais le silence perdurait. En m'approchant, je pu la voir recroquevillée sur le sol. Elle avait les bras autour de ses genoux, comme si elle voulait se protéger avec ses jambes. Ses yeux étaient écarquillés, fixés sur la petite flamme qui s'agitait. Elle ne pleurait pas, seulement, l'air était empli de sa peur, son horreur même.

_ Non, chuchota-t-elle d'une voix cassée, je ne voulais pas. Ce n'est pas ma faute.

_ De quoi Maud, dis-je calmement en m'accroupissant à ses côtés. Qu'est ce que tu ne voulais pas ?

_ Leur faire du mal, je ne le voulais pas. Je voulais juste qu'ils arrêtent.

_ Qui ça ?

_ Tous, cracha-t-elle, les élèves, les professeurs, les surveillants. Tous ! Ils ne me regardaient pas. Quand je parlais, ils ne m'entendaient pas. Quand je tombais, ils passaient leur chemin. J'étais invisible !

_ Ton collège ?

La rousse hocha la tête est une unique larme coula sur sa joue alors qu'elle fixait toujours la flamme.

Le bruit de la porte qui se ferma me fit sursauter. Maud, elle ne broncha pas.

_ Ce jour-là, mon frère, mon père et moi avions rendez- vous dans son collège. Mon père connaissait bien le directeur et ce dernier avait besoin d'un service.

Katell, tout en parlant, s'approcha de nous et posa une main sur l'épaule de son amie.

_ Je ne l'ai su que plus tard, mais Maud avait toujours été silencieuse et calme dans son enfance, alors peu à peu, tout le monde oubliait sa présence. Ce que je ne savais pas ce jour-là, c'est que Maud avait toujours été une fausse calme. Elle intériorise tout, jusqu'à ne plus pouvoir. Ce jour-là, en troisième, Maud a explosé.

Katell ferma les yeux en frottant le dos de la rousse.

_ Nous étions en train de marcher dehors avec le directeur lorsque ça s'est produit. Maud avait cours de chimie ce jour-là, ils exerçaient la combustion. Elle avait toujours eu des compétences en chimie qui dépassaient même les génies. Avant de sortir de la classe, comme n'importe quel élève, elle avait laissé un prototype bien spécial sur sa table.

Perplexe, je demandais :

_ De quelle sorte ?

_ Explosif.

Je me tue, estomaquée devant cette information.

_ Je l'ai vue sortir du bâtiment, continua la cheffe, d'une démarche tranquille. Mais plus elle s'approchait de nous, plus je voyais que son visage était trop calme pour que ce soit normal. Un cri a retentit. Maud m'a regardé dans les yeux et m'a dit...

_ A l'aide, chuchota la concernée.

_ Juste après, le collège est parti en flamme. Il n'y a eu aucun survivant hormis Maud et le directeur. Ce jour-là, mon père nous a emmené loin toutes les deux. On a dû se cacher pendant trois ans. Pendant ces trois années, Maud a refermé ses cicatrices en se consacrant à la chimie, et moi au commerce et tout ce que cela engendrait. Et comme vous toutes, un jour, on s'est retrouvées dans cette pièce avec cette enveloppe.

En parlant de cela, Katell faisait référence au "commencement" comme on aimait l'appellé. C'était le jour où nous étions devenues Infinity.

Katell éteignit la flamme en un souffle et Maud sembla retrouver ses esprits.

_ Allons manger, dit Katell avec un sourire qui sonnait faux, il nous reste si peu de temps. 

InfinityOù les histoires vivent. Découvrez maintenant