Chapitre 9

10 2 18
                                    


Je sortis de mes pensées et me tournai alors vers Marine qui regardait dans le vide.

_ Ca va Marinette ? lui demandai-je.

_ Oui oui, je suis juste légèrement déçue que la mafia de Clément ne vienne pas.

Il était vrai qu'il n'y avait qu'une poignée de mafia par région qui avait l'honneur de se trouver invitée. Par conséquent, seulement les mafias qualifiées de « puissantes », « prometteuses » ou « marquantes » se retrouvaient ici. Nous, nous étions arrivées d'une manière quelque peu spéciale, comme quelques autres.

Nous nous étions tout simplement invitées et après avoir éliminé quelques chefs de mafias, les organisateurs de ce gala avaient décidés de nous rajouter sur la liste.

_ Tu as vu les nouveaux ? demandai-je. Je ne crois pas avoir vu de nouvelles têtes mais il y a tellement de monde...

_ Non, je ne les ai pas vues non plus. J'espère qu'ils vont bientôt arriver, j'ai hâte de voir ce que ça donne.

J'esquissai un sourire devant son impatience.

_ Mesdames.

Nous nous retournâmes vers les deux hommes se présentant à nous.

Je reconnu immédiatement le premier, à la vue de sa longue cicatrice partant du haut de sa mâchoire gauche, longeant son os pour fini vers son menton. Cette ancienne blessure lui avait fait voir la mort de près mais grâce à Maud et Katell qui avaient décidé de lui sauver la vie, il n'en ressortait qu'avec cette marque.

_ Monsieur Gebilet, le salua Marine, je vois que vous êtes accompagné.

Le dit monsieur Gebilet, se tourna vers l'autre homme, un petit baraqué avec le regard dur. Il me faisait penser à un garde du corps, ou plutôt un chien de garde.

_ Membres de Infinity, je vous présente K, mon nouveau bras droit.

Ce dernier s'inclina légèrement et je me retins de rire face à l'appellation si ringarde. Nous le saluâmes d'un signe de tête et je reportai mon attention sur le chef de la mafia marseillaise.

Celui-ci pensait que nous l'avions sauvé par générosité et attention mais en réalité les mafias de Marseille étaient réputées pour leur Ricard des plus goûteux. Katell ayant un palais destinés aux dégustations d'alcool, et Clara, Maëlle, Marine et moi étions de grandes consommatrices, nous avions tout de suite été intéressés. Depuis ce sauvetage, ils nous envoyaient tous les mois des cartons de leurs alcools les plus connus.

_ Je venais à vous pour une raison particulière, reprit l'homme. Nous ne vous avons pas fait parvenir de colis ce mois dernier et je voulais personnellement m'en excuser.

_ Oh effet, simulai-je tristement, nous étions peinés de ne pas pouvoir goûter vos mets si relevés.

L'homme sembla rougir et je fus fière de mes mots employés qui avaient eu le bénéfice de provoquer cette réaction.

_ Eh bien, dit-il moins sûr de lui, c'est pourquoi je viens à vous. Je voulais vous dire que ce mois nous vous enverrons deux fois plus de colis pour nous faire pardonner.

_ Vous êtes trop généreux, s'extasia faussement Marine.

Le chef s'inclina devant nous avant de repartir à ses occupations et nous en profitâmes pour rejoindre Katell et Maëlle un peu plus loin afin de leur annoncer cette bonne nouvelle.

_ Quel mouton, souffla Katell en esquissant un sourire satisfait.

Je continuai la soirée en saluant les mafias alliées et en ignorant celles adverses. L'avantage de cette soirée était le buffet à volonté et leur champagne pétillant de saveurs.

_ Cassy, m'interpella en chuchotant Leïca, je crois que c'est eux.

Je me tournai vers l'entrée de la salle et en effet, un groupe de dix jeunes hommes s'avançait la tête haute.

On ne pouvait pas dire qu'ils étaient déplaisants, bien au contraire, leur sourire éclatant pourrait faire défaillir de nombreuses personnes. Je voyais d'ailleurs quelques membres s'épouvanter exagérément de leurs mains.

_ Mesdames, messieurs , Skyscrapers.

Un nom anglais, comme nous.

Le groupe continua d'avancer sous le regard jugeur des autres. Je parcourai des yeux la salle afin de trouver les autres filles mais mon regard s'arrêta sur notre leader.

Katell se tenait droite, presque pétrifiée, le regard planté dans celui qui semblait être le chef de Skyscrapers, ce dernier étant à la tête du groupe . Elle était soudainement devenue blanche et sa main portant une coupelle de champagne tremblait à en faire tomber le liquide doré.

Je n'avais jamais vu la blonde dans un état pareil. Katell avait un don pour cacher ses émotions, qu'elle que soit la situation. Pourtant, à ce moment-là, l'épouvante se lisait parfaitement dans son regard.

Le chef, un homme plutôt grand avec des cheveux blonds coupés comme ceux d'un idole, passa à côté d'elle et la frôla. Katell parut alors encore plus troublée.

_ Tu as vu ça ? me demanda Leïca. Regardes Kat !

_ Oui, ça sent pas bon cette histoire.

_ On fait quoi ? On va la voir ?

_ Non, répondis-je, regardes, Maëlle est avec elle, je pense qu'on en parlera après la soirée. Si c'est vraiment urgent, elles nous contacteront. Continuons de profiter de cette soirée.

_ Profiter alors que Katell est dans cet état me parait compliquer, râla-t-elle.

_ Je sais, je sais. Mais nous ne pouvons pas faire de vagues, c'est Kat elle-même qui nous l'a dit. Donc souries, dis-je en affichant mon plus beau faux sourire, et sors ton meilleur jeu d'acteur.

Leïca ronchonna avant d'essayer de sourire, même si ce n'était pas gagné. La jeune brune avait tendance à dire tout ce qu'elle pensait, elle était vraiment directe, alors simuler ne comptait pas dans ses capacités.

_ Allons danser, proposai-je en lui prenant la main et la tirant vers le coin de la piste où Skyscrapers étaient les plus proche.

Nous dansions en silence, tendant l'oreille pour tenter d'écouter leur conversation. Mais les dix gars restaient tout aussi silencieux que nous, certains les yeux dans le vides, d'autres, semblant analyser les invités de cette salle.

Alors que nous nous apprêtions à nous éloigner, je croisai le regard de l'un d'eux. Celui-ci avait de longs cheveux bruns sur le dessus, et dégradés sur le dessous. Sa position nonchalante ne cachait pas le fait qu'il soit tendu et dans ses yeux noisettes, j'y voyais comme de l'appréhension, ou peut-être de l'angoisse ?

Je n'eu pas le temps de réfléchir plus, que Lucie et Anaïs nous rejoignaient en souriant. 

InfinityOù les histoires vivent. Découvrez maintenant