Chapitre 20

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_ Merci à tous et toutes d'être venus pour cette soirée, clama Katell devant l'assemblée.

Nous étions toutes réunies, avec l'ensemble des mafias alliées à la nôtre, dans un jardin public de Lyon, que nous avions réservé pour la nuit. Comme tous les ans, Katell organisait une soirée en l'honneur de nos alliances sur Lyon.

Ces soirées étaient assez calmes et chaleureuses étant donné la bonne entente entre les mafias.

Assise sur un banc sous un arbre, je sirotai tranquillement mon verre de champagne en regardant les invités autour de moi. Tous les membres d'Infinity parlaient, buvaient ou dansaient, mais je n'étais pas vraiment dans une ambiance festive.

Je soufflai avant de reprendre une gorgée de ce liquide doré. Une boule était apparue dans mon ventre depuis que Katell m'avait parlé de ce qu'avait fait Maud. Pas que je ne reprochai quoi que ce soit à la rousse ! Je remettai plutôt en cause le fait qu'on ne parle pas de nos passés entre nous. C'était un vrai poids à porter, et pour certaines, ce poids était trop lourd.

_ Qu'est ce que tu fais ici, toute seule ?

Je sursautai et me retournai vers la grande silhouette derrière le banc.

_ Rosalie, soufflai-je, tu as failli me faire renverser mon verre.

La jeune femme à la peau pâle et aux cheveux rouges s'assit à côté de moi en rigolant.

_ Pour répondre à ta question, continuai-je, cette soirée ne m'amuse pas tant que ça.

_ Oh ! Tu veux qu'on aille autre part ? dit-elle en me faisant un clin d'œil.

_ Non, je dois surveiller ces folles, au risque qu'elles ne fassent une bétise.

Mon amie rigola en posant sa tête dans ses mains. J'avais rencontré Rosalie lors d'une mission chez une autre mafia. J'avais dû l'aider à attaquer un groupe de jeunes qui s'amusaient à maltraiter des élèves à leur sortie de cours. Nous nous étions immédiatement entendues, son caractère se calquant parfaitement au mien.

_ Le champagne est à ton goût ? demanda-t-elle, même si je savais qu'elle connaissait déjà la réponse.

_ Tu sais bien que je préfère les alcools plus costauds, rigolai-je.

Elle me fit un sourire espiègle avant de sortir une petite bouteille dont les parois transparentes laissaient voir un liquide doré foncé, voire marron. Du whisky. Je finis mon verre d'une traite avant de lui tendre afin qu'elle le remplisse.

_ J'ai entendu dire que vous étiez sur le terrain il y a de cela quelques jours ? me demanda la rousse.

_ Effectivement, j'ai dû aller me cailler sur le Mont Blanc pour faire exploser un train.

_ Sympa. Ça a toujours été ton élément le feu, les explosions et tous les combustibles.

_ Je suis quelqu'un d'explosif, dis-je en lui faisant un clin d'œil.

_ Je n'en doute pas ! Une petite bombe à retardement.

Je rigolai puis me reconcentrai sur la foule devant moi tout en prenant quelques gorgées du whisky.

Soudain, couvrant le bruit de la musique et des invités qui discutaient, un cri aigu retentit suivi de celui d'un verre brisé . Je dirigeai mon regard vers la source de ce bruit et vis une femme à moitié couchée sur le sol. Je me levai d'un coup et courrai vers elle. Plus je me rapprochai plus je me rendais compte que c'était les membres d'Infinity qui étaient regroupés autour de la femme.

_ Katell ! cria Maud.

Notre cheffe était couchée sur l'herbe, soutenue par son amie rousse.

_ Qu'est ce qu'il se passe ? hurlai-je paniquée.

_ Elle a bu son verre, et...bégaya Marine.

_ Elle est tombée, finit Lucie.

Je tombai à ses côtés en l'appelant. Elle tourna lentement son regard vers moi avant de sourire et me chuchoter :

_ Poison...

Maud releva la tête avant d'hurler d'appeler les pompiers mais Katell attrapa la main de son amie et la serra dans sa main. Elle lui caressa ensuite les cheveux comme pour rassurer un enfant. Ses mains étaient couvertes d'égratignures causées par les débris du verre.

_ Restez ensemble, chuchota Katell en détaillant chaque syllabe comme si seulement parler lui prenait trop de force.

_ Chut, ne parle pas Katell, dis-je, garde tes forces, les pompiers vont arriver. Ne t'inquiètes pas.

La blonde secoua la tête sans arrêter de sourire. Elle laissa échapper un petit rire qui l'a fit tousser. Un filet de sang s'échappa de ses lèvres devenues blanches.

_ Maud, dirige la mafia, tu en es capable. Je te fais confiance. Lucie, ne passe pas tes nuits à chercher qui m'a empoisonné. Maëlle, fais ces défilés, tu vas adorer, ne t'enfermes pas toute seule et fais plus confiance aux autres. Clara, ne garde pas tout pour toi, tu vas finir par t'enfoncer. Anaïs, sors, bon sang tu vas finir par être asociale.

_ Katell, arrête de parler ! lui cria Maëlle. On dirait un discours d'adieu. Ce n'est pas comme si tu allais mourir! Hein ?

Quelques filles éclatèrent en sanglots et pendant un instant on n'entendit que les pleurs et la respiration bien trop légère de Katell. Cette dernière repris :

_ Julie, veille bien sur tout le monde, d'accord ? La styliste hocha la tête. Marine, ne sois pas aussi gentille, tu peux aussi être en colère, tu sais ? Leïca, protège les toutes, elles ont besoin de toi. Cassy, n'oublies pas que tout est lié avec notre passé. Je compte sur toi.

Le souffle de la blonde ralentit un peu plus alors que le silence pesait.

_ Je vous aime les filles, vous êtes devenues ma famille, ma raison de vivre. Je ne vous remercierai jamais assez pour tout ce que vous avez fait pour moi. Mes petits rayons de soleil. Merci les filles.

Katell ferma les yeux, et son sourire tomba peu à peu tout comme sa tête.

_ Katell ? appella Maud en lui secouant un peu la tête.

Mes larmes s'échouèrent sur son visage devenu blanc. Son ventre ne se soulevait plus au rythme de ses respirations.

Je n'entendis pas le cri de Maud lorsqu'elle se rendit compte qu'il n'y avait plus de poul. Je ne sentis pas Marine me tirer vers l'arrière pour m'éloigner de Katell. Non, ce n'était plus Katell, seulement son corps. Un cadavre. Elle n'était plus là. Une coquille vide ayant perdu son âme. Katell ne se relevait pas, elle avait perdu son air sérieux qui nous faisait peur parfois.

Je ne vis que les pompiers la jeter sur un brancard et la recouvrir de cette bâche noire. Elle n'était plus là.

Le camion s'éloigna, laissant le vide derrière lui. Elle n'était plus là pour nous guider. Nous étions seules, livrées à nous même. Je ne savais plus quoi faire, où aller.

Le néant. C'était tout ce qu'il restait. Elle n'avait laissé que des souvenirs derrière elle. C'était fini. Elle était partie. 

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