Chapitre 19 : Mademoiselle en deuil

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"J'aimerai des papillons, bleus. Des faux évidemment, qu'ils soient de papiers ou de tissus, peut être que la soie est une bonne idée, qu'en pensez-vous ? Oh, et pour ma robe, je veux milles et un froufrous, des perles, des dizaines de perles, les plus belles, les plus authentiques que ce monde à à nous offrir, la plus somptueuse robe, la plus chère que vous ayez fait de votre existence. Je veux un mariage rempli de luxe, pour montrer au monde que j'existe. Je fais peut être le déni de quelque chose ? Non, ne répondez pas, et faites."

Je donnais mes ordres aux organisateurs du mariage entre moi et Frederick, troisième du nom je crois bien. Je ne l'ai pas vu depuis la soirée du bal de l'école. Je pense bien que la prochaine fois que je le verrai ce sera au jour J.

"-Mademoiselle ? Cette robe irai bien.

-Elle est blanche, j'ai une tête à porter du blanc ? Han...Excusez-moi, je suis tendue, je refuse de porter autre chose que du noir. Je suis en deuil.

-De votre ancien époux ? Mais madame, cela fait presque un an...

-De ma famille. J'ai perdu toute ma famille à l'âge de huit ans.

-Oh...Je suis désolée. Mais pourquoi vous portez encore votre deuil ? Cela doit faire quinze ans...

-Ahhh, ne me rappelez pas que je vieilliiiiiiie !"

J'étais dans mon salon, tranquillement assise avec ma précieuse petite Suzy sur les genoux, alors que des dizaines de personnes passaient pour m'expliquer tant de chose que j'ai presque tout oublié. Mon esprit se focalise sur le majordome en noir, il va mieux avec moi, moi la noble en noir. Bon, nos rangs sont incompatibles, mais physiquement, on va bien ensemble je trouve, alors que le marquis, il s'habile en blanc, comme si il était parmi ceux dans l'ombre de la Reine. Harriet était à mes côtés, dans l'ombre. Encore, je crois qu'elle est toujours là, mais qu'elle se fait toujours discrète. Je ne laisse rien paraître devant cette femme, je n'arrive pas à savoir ses intentions. Elle est toujours d'accord avec moi, toujours avec un sourire, elle est belle, rayonnante même.

 Elle est toujours d'accord avec moi, toujours avec un sourire, elle est belle, rayonnante même

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"-Mademoiselle ? 

-Qu'y a t-il ? Vous n'engagez jamais la conversation.

-Pourquoi n'êtes-vous pas heureuse ? J'en connais qui rêverai d'être à votre place.

-En tant que fiancée ? 

-Fiancée du marquis. Le marquis est merveilleux, le marquis est sublime, intelligent, bienveillant, talentueux...

-C'est vous qui voudriez être à ma place, n'est-ce-pas ?

-...Quand il m'a embauché, il y a cinq ans, j'ai senti que j'étais en vie, avant cela, ma vie vide et triste. Il vous comblera de bonheur, comme pour moi, j'en suis sûr."

Cette phrase résonne au fond de ma petite tête. Peut être qu'elle dit vrai, que pourrai-je faire, dans ce monde d'hommes ? Même si mon cœur ne suit pas mon bon sens, je sais qu'être une épouse est tout ce que je peux être. J'aimerai néanmoins comprendre pourquoi mon cœur ne suit pas...Peut-être que mon visage révèle mes angoisses, car Harriet me demanda ce qui me préoccupait...

"-Comment ? Non, tout va bien, enfin, j'ai quelques craintes de future épouse, tout simplement...

-Oh, comme c'est romantique !"

Je lui ai souris faussement naïvement. Caressant mon chat qui ronronnait, je ne pouvais que penser aux mains de Sébastian qui se baladent sur mon corps. 

"Je vais peindre."

Quelques heures plus tard, j'étais dans la serre un pinceau à la main. Les fleurs qui m'entourent sont splendides, il y a des roses mauves, noires, et mes préférées, les blanches, d'une pureté infinie, j'admire ces fleurs, je les envie, même. Voir ces fleurs ça me déprime. Je suis dans le manoir familial Napoli, je crois qu'il a 200 ans, il en a vu des rénovations. Lors de mon union avec le précédent marquis de Bristol, j'ai du emménager dans le manoir Hervey, j'aimerai bien rester chez moi cette fois. Chez moi...C'est peut être pas plus mal d'être plus loin, loin de la cuisine où...Où mère...J'ai lâché mon pinceau. J'ai couru, soufflant de tout mon être, jusqu'au fond du terrain, avant la forêt, face au tombe de mes parents. A côté se trouvait la tombe de mon petit frère et mes deux sœurs. Je suis tombée à terre, penser à ce jour me fait si mal au cœur. Si mal au corps qu'il va exploser. Mes larmes tombent sur l'herbe qui repousse autour des tombes, car le temps passe, et la nature prend le dessus, à cette pensée, j'ai commencé à arracher chaque herbe de ma portée. J'ai toujours refusé que les jardiniers ou qui que ce soit s'approche d'eux. Je caressais la pierre froide sur le sol, elle est lisse et uniforme, mère pourtant...Mère n'avait pas une peau aussi belle que cette pierre froide. Sa peau était...Elle était...Je ne devais pas, je ne pouvais pas la toucher, sinon, elle criait de douleur...Telle mère telle fille je suppose.

[Black Butler] Vos yeux m'écœurent (Sébastian x OC)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant