Il y a quatre ans, le 21/12/2017, dans le parc.
J'arrive dans le parc à la même heure que d'habitude et le trouve en bas de notre arbre.
— Salut ! lancé-je.
— Aspen, enfin tu arrives, je pensais que tu allais me laisser tomber !
— Jamais !
Je m'installe à côté de lui et lui dit :
— Demain, c'est le grand jour, je vais enfin partir en vacance avec ma famille !
— Tu pars combien de temps ?
— Un peu plus d'une semaine dans les caraïbes pour Noël, c'est sympa. Et toi ?
— On reste ici, mes parents n'ont pas envie de partir cette année.
Un flocon tombe devant nous et nous regardons le ciel, cela fait un moment que nous attendons ce moment pour faire une bataille de boule de neige. Ce soir, s'il neige pas mal, ça devrait le faire.
— Au moins, j'aurai de la neige, déclare-t-il.
Je rigole et m'allonge sur l'herbe.
— Tu as parlé à ta soeur pour notre idée de tour du monde ?
— Oui ! Elle est de la partie et elle a hâte de te rencontrer !
Espérons qu'elle soit aussi gentille que ce qu'il le prétend, si elle est comme lui, on devrait bien s'entendre sinon, on verra bien.
— Tu veux qu'on boive un chocolat ? Mes parents m'ont donné un peu d'argent et ça sera mon cadeau de Noël pour toi ! En deux ans d'amitié je ne t'ai jamais rien offert pour Noël.
— Moi non plus je te signale.
— Oui, mais tu me ramèneras un truc des Caraïbes, ça sera sympa ! Moi, je t'offre un truc de New-York. Je vais les chercher, attends-moi, je reviens !
Aujourd'hui, le 15/03/2022, dans la chambre d'Harper
— Je...
— Réponds-moi Aspen.
Je réfléchis, je réfléchis et je prend la bouteille.
Je l'ouvre et bois une gorgée qui me brûle tout le long de la gorge.
— Réponds-moi Aspen, c'est important.
Je bois une deuxième gorgée.
— Tu comptes te bourrer la gueule devant moi en me laissant avec ma question.
— Oui, répondis-je.
Je bois une troisième et une quatrième gorgée puis lui donne la bouteille.
— Même pas en rêve, j'ai assez bu ce soir.
Je reprends la bouteille et bois jusqu'à ce que je n'ai plus les idées clair et que l'alcool décide de parler à ma place, ce qui rendra les choses plus facile pour moi.
— J'étais avec lui, commencé-je. On était dans le parc ce 21 Décembre 2017. On regardait les premiers flocons de neige, je venais de lui dire que je partais dans les caraïbes pour Noël. On a aussi reparlé du tour du monde et toi par la même occasion.
Je marque un temps de pause, la regarde avec ses yeux larmoyants et reprends une gorgée.
— Il m'a proposé d'aller nous acheter des chocolats chaud pour fêter tout ça et j'ai accepté. Il est parti et il n'est jamais revenu.
J'ai lâché ça, sans aucune émotion. L'alcool me rend vide, dénué de tous sentiments.
— Tu étais donc avec lui ? Tu l'as vu mourir et tu n'as rien fait pour le sauver ?
— Je regardais et il traversait, une voiture est arrivée rapidement et je n'ai pas eu le temps de le prévenir qu'il avait été percuté. Je me suis mis à pleurer quand j'ai vu le chauffeur de la voiture sortir et annoncer qu'il fallait appeler une ambulance parce qu'il ne respirait plus. Je suis restés des jours et des jours dans ce parc sans rentrer chez moi, je dormais dans la cabane, je ne cessais de prier pour qu'il se soit réveillé et qu'il revienne en me disant qu'il va mieux et que nous partions. Mais comme tu le sais, rien de tout ça n'est arrivé, il était bel et bien mort. Je n'ai jamais pu aller me recueillir sur sa tombe ne connaissant pas son nom de famille, mais je te rassure j'en ai bavé, pas autant que toi, c'est certains, mais j'ai fais une dépression que je continu de soigner quatre ans après, je fais des rechutes tous les 21 Décembre.
Je relève la tête vers elle, elle pleure à chaude larmes. J'ai envie de la prendre dans mes bras, mais ce n'est pas possible, je ne peux pas, je n'ai pas le droit.
Après quelques minutes de silences où seuls ses pleurs se font entendre, je lâche :
— J'aurais dû être à sa place, je le sais, mais ne me fais pas plus culpabiliser.
Ses yeux remontent vers les miens et elle s'avance vers moi.
— Non, ne dis pas ça, c'est faux, c'est la culpabilité qui parle. C'était un accident, personne ne l'a confondu avec toi, il n'a pas essayé de te protéger, il est mort d'un accident. C'est triste, il était jeune, mais c'est un accident.
Une larme roule alors que j'essaie de la ravaler.
Elle pose ses mains sur mes joues et me force à la regarder :
— Arrête Aspen, je t'en supplie, arrête de te faire du mal pour lui, je connais bien mon frère et je suis sûr que de la haut, il désapprouve tout ce que tu fais.
Elle vient se blottir contre moi, sa tête contre mon torse et ses genoux repliés à sa poitrine. Je l'entoure avec mes bras et pose mon menton sur le sommet de sa tête.
— Je sais très bien que tu ne te souviendras pas de ce que je vais te dire et ça me convient, commence-t-elle. Je veux que tu saches que je tiens beaucoup à toi et que je... je t'aime. A l'heure actuelle, on ne peut pas être ensemble, je ne peux pas être avec toi, c'est trop compliqué, mais je t'aime et je sais que ce n'est pas réciproque.
J'allais ouvrir la bouche et elle ajoute :
— Ne me dis rien s'il te plaît, tu n'es pas dans ton état normal, si un jour tu dois me le dire, j'ai envie que ça soit sincère, même si c'est dans un an, dans deux mois, dans trois semaines, je m'en fiche, je veux seulement que ce soit sincère parce que je ne rigole pas.
Je lui embrasse le front en guise de réponse.
Demain j'aurai tout oublier, je le sais, je ne me souviens jamais de beaucoup de choses quand je suis dans cet état là, mais ce qu'elle m'a dit me fait plaisir, au final, je n'ai peut-être pas perdu le jeu.
Enfin, si c'est encore un jeu....
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𝓦𝓮 𝓪𝓻𝓮 𝓭𝓲𝓯𝓯𝓮𝓻𝓮𝓷𝓽 [TERMINÉE]
RomanceElle est la reine de l'université : populaire, leader du groupe d'élite, et habituée aux soirées sans lendemain. Brillante et intelligente, elle préfère laisser croire qu'elle n'est qu'une fêtarde insouciante, tout en gardant secrète une vie familia...