Prologue.

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Le drame.
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J'enfile un petit pull rose, assorti à mon short pastel de la même couleur, ajoute mes petites sandales neuves, et m'apprête à sortir de la maison. Malheureusement, à peine arrivé-je devant la porte que ma mère apparaît soudain derrière moi. Mon cœur manque un battement, surpris.

— Ou vas-tu comme ça ? dit-elle d'une voix stricte.

Je plisse les paupières, dégoûtée de m'être fait prendre, puis fais volte-face, un faux sourire accroché à mon visage.

— Je... Je vais voir Elio. Je reviens vite.

Quand je prononce son prénom, mes lèvres s'étirent naturellement. Lui, c'est mon petit copain depuis maintenant quatre mois. Celui qui a tout changé dans ma vie. Ma lumière et mon espoir sous forme humaine.

— Pourquoi faire ?

Malheureusement ma mère, elle, n'aime pas trop notre relation. Elle affirme qu'elle sent que je vais finir par en souffrir. Elle assure voir en lui des plaies encore fraîches, similaires aux miennes, et que je vais finir par en payer les conséquences. Mais personnellement, je m'en fiche complètement. On s'aime, et même si, oui, on est a été blessé à plusieurs reprises par la vie, on a réussi à passer outre, et à nous relever, alors il n'y a rien à craindre.

Sérieusement, maman n'a pas à s'inquiéter pour ça car si il y a une chose dont je suis certaine c'est que jamais, au grand jamais, Elio ne serait capable de me faire du mal. Jamais. J'en suis persuadée.

— J'ai envie de profiter, maman, dis-je sincèrement. Dans trois jours c'est la rentrée, et on aura peut-être plus l'occasion de se voir aussi souvent.

C'est vrai. Car même si il habite à moins de dix minutes de chez moi, cette année on ne sera peut-être plus dans la même classe. Peut-être qu'il aura de nouveaux amis. Peut-être qu'il aura moins de temps à dépenser avec moi. Peut-être que le temps, aussi redoutable soit-il, nous éloignera, tout simplement.

Ma mère expire longuement et passe une main dans ses cheveux noirs, en pleine réflexion.

— OK, lâche-t-elle en un soupir. Mais ne reste pas trop longtemps. Rentre à temps pour le dîner.

— Merci !

Je lui offre un sourire reconnaissant comme si elle venait de m'offrir le cadeau du siècle, alors qu'en réalité je sais que même si elle m'avait refusé, j'aurais trouvé un moyen d'y aller coûte que coûte. Car Elio me manque beaucoup trop. Depuis un peu moins d'une semaine, lui et moi on a pas discuté. Bon, sauf hier soir où j'ai reçu un message de sa part. Quel beau message, d'ailleurs !

Je t'aime Anna. Je t'aime de tout mon cœur, du plus profond de mon âme
et je me demande vraiment comment j'aurais pu tenir sans toi...

Quand je l'ai lu, j'ai cru sentir mon cœur exploser d'amour tellement j'étais heureuse.
Bon, j'avouerais que sur le coup, j'ai d'abord été surprise. Elio ne montre que rarement ses sentiments alors c'était inhabituel. Puis j'ai finalement décidé d'apprécier cet aveu d'amour et j'ai remercié le ciel de l'avoir fait entrer dans ma vie.

Et puis, après tout, sa déclaration m'a été envoyée dans les environs de minuit, et on sait quel effet la lune peut avoir sur les humains et sur le cœur d'un homme.

Je marche sur le trottoir pour rejoindre la grande maison d'Elio, profitant du soleil tapant chaudement sur la peau nue de mes fines jambes, de mon visage, et de mon cou. En général, je déteste l'été, mais j'ai bien l'impression que depuis cette année, je commence à adorer cette saison. J'aime voir les yeux clairs d'Elio briller grâce aux rayons lumineux du soleil, j'aime le voir sourire lorsqu'on est à la plage, j'aime le voir les cheveux mouillés à cause de la mer, et j'aime le voir se mettre de la glace partout sur la bouche. Oui, il semblerait que tout ce que j'aime dans ce bas monde soit toujours en lien avec Elio. Se peut-il que ce soit dangereux pour moi ? Sûrement. Est-ce que ça m'importe ? Peu.

Le son de nos mauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant