18.

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Deux ans auparavant.
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Le drame.
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L'ambulancier s'accroupit face à moi, le visage sérieux. Le cœur palpitant comme un fou dans ma poitrine, je soutiens son regard, l'esprit encore trop chamboulé.

— Tenez, souffle le médecin. Il a laissé ça pour vous.

— Non ! intervient la mère d'Elio. Ne lui donnez pas !

— Laissez-moi faire mon travail, madame.

Je ne me tourne pas, mais j'imagine bien la blonde rougir de colère et hocher la tête en signe de résignation. Je me retire ces détails insignifiants de la tête, et me concentre sur ce que me tend le monsieur. C'est une feuille. De mes doigts hésitants, je la prends.

Je la déplie.

Je reconnais immédiatement l'écriture d'Elio. Maladroite, peu esthétique, tremblante. Malgré ma peine, j'arrive à sourire timidement au souvenir de ses mains talentueuses. Puis, enfin, je me lance et lis ses mots.

À ma sauveuse,

la meilleur des copines : Anna.

Il y a un maintenant an que mon frère est mort.

Un an que je fais semblant.

Un an que je subis la vie.

Un an que je ne rêve que d'une chose : le retrouver.

Mais ça personne ne le sait. Pas vrai ? Même pas toi, mon coeur.

Mais il y a peu, on m'a dit quelque chose. Anna tu m'as dit quelque chose. Quelque chose de très intéressant. Quelque chose qui m'a d'ailleurs fait cogiter pendant des heures et des heures, à en perdre la tête. Et je l'ai d'ailleurs pris comme un signe.

On est pas fait pour ce monde, m'as-tu dit.

Bon, je suis persuadé que tu ne le pensais pas aussi sincèrement. Pas dans ce sens là en tout cas. Mais en fait, tu avais complètement raison.

Enfin sur un point je ne suis pas fait pour ce monde. Je ne peux plus vivre ici. Rongé par mes démons. Rongé par le manque de mon repère. Rongé par la peur de te perdre toi aussi. Je n'y arrive plus...

En fait, c'est comme si à chacune de mes inspirations, un feu s'infiltrer dans mon être, puis brûlait mes poumons et mettait en cendre le peu de ce qui restait encore de mon cœur.

Cette sensation est trop dur à vivre, Anna, si tu savais.

Alors, je m'en vais.

Oui, je vous abandonne parce que je suis juste trop faible pour ce monde. Trop faible pour toi, Anna. Pardonne moi.

Mais sache une chose. Toi, Ann, tu es faite pour ce monde. Tu dois montrer à ce putain de monde à quel point t'es une fille géniale et à quel point il a de la chance de t'avoir. Écoute-moi... Je veux que de là haut, je te vois sourire, rire, t'éclater, à en être épuisée. Je veux que tu vives comme une folle, que tu sois plus qu'heureuse. Que tu gagnes confiance en toi, que tu te regardes dans le miroir et que tu te dises "mais c'est qui cette bombe ?... Parce que tu le mérites, mon coeur.

Le son de nos mauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant