33.

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Solitude.
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Je déteste Kyle !

Aujourd'hui, avec notre classe, on a eu une sortie scolaire dans un musée, et monsieur est absent. Il est malade apparemment, mais je me questionne sur le fait que ce soit pas une excuse pour profiter avec Malika, avant qu'elle ne parte deux semaines à Paris avec sa coloc. Je suis heureuse que tout se soit arrangé entre eux, mais là je le regrette un peu.

Étant donné que j'ai déjà rendu mon autorisation parental, et que j'ai confirmé ma participation aux profs deux jours avant, je ne peux pas faire marche arrière. Pas le choix, je vais passer la journée seule.

Avec tous mes camarades, on se retrouve devant le lycée pour attendre le car qui nous déposera au lieu prescrit. Le professeur qui s'est proposé en tant qu'accompagnateur fait le tour des élèves pour vérifier notre présence. Il s'arrête devant moi, et je bafouille mon prénom. Heureusement, il le comprend quand même.

Puis il s'éloigne et s'approche d'Elio et Shelby. Malgré-moi, je me sens obligée de les épier. Je les vois rire en chœur. C'est sûr qu'aujourd'hui, contrairement à la soirée, je suis vulnérable, je n'ai pas d'arme pour me défendre, alors je sens mon cœur se serrer douloureusement.

Mais je dois garder la tête haute.

Dix minutes plus tard, le conducteur s'arrête devant nous. Notre professeur nous ordonne de nous mettre en rang, moi je reste en retrait. Puis, j'attends que tout le monde monte dans le bus pour le faire. Je salue poliment le chauffeur, et cherche une place libre. Je ne m'y attendais pas, mais celles de devant sont toutes prises.

Je croise le regard de Shelby, et suis surprise de voir qu'elle est à côté d'une blonde, et non d'Elio. Quelques colonnes après, je le remarque seul. Étrange. Il a les paupières plissées, et la tête balancée à l'arrière, comme s'il réfléchissait à quelque chose de trop compliqué.

La place derrière lui est vide, je la prends.

J'écoute les consignes au micro, attache ma ceinture et attends sagement que le véhicule démarre. Des voix et des rires résonnent déjà tout autour de moi, et je préfère mettre mon casque bluetooth sur mes oreilles, pour les étouffer. Je ne lance aucune musique jusqu'à ce que je sente une vibration sous mes fesses, et le car avancer.

Là, je lance du Harry Styles, et sors ma lecture actuelle de mon sac à dos. C'est un thriller, parfait pour la saison. J'ouvre mon livre à la page cent-dix. Et je m'échappe. J'oublie tout. Le monde qui m'entoure, les problèmes de ma vie, et celui qui tourmente mon esprit.

Environ un quart d'heure plus tard, j'entends le bip horrible de mon appareil, me faisant comprendre qu'il n'a plus de batterie. Je le retire de ma tête en soupirant. Mince, j'ai oublié de le mettre à charger !

Bon fini la musique...

Je suis sur le point de continuer ma lecture, mais mes yeux sont attirés en face. Par l'espace qui sépare les deux sièges de devant, j'entrevois Elio. Ou plutôt ses mains. Et celles-ci dessinent, sur une feuille de carnet, un garçon remplissant une rivière de ses larmes.

Je fronce les sourcils et m'approche, captivée par la beauté des traits posés au crayon gris. Je m'avance au point de sentir le parfum frais de son corps. Et c'est mauvais pour moi car il ravive des souvenirs tentant que j'aimerais effacer de ma mémoire.

Ses doigts se figent sur la feuille, et sans que je n'ai le temps de me reculer, son visage se tourne vers moi. On écarquille les yeux, en même temps. Et nos visages sont si proches qu'on pourrait s'emb... Non, Anna.

Le son de nos mauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant