21.

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Jeu dangereux.
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Je me souviens de notre premier baiser avec Elio. C'était après l'école. On était tous les deux, sous un cerisier, et on discutait d'un film qu'on avait vu au cinéma la semaine précédente. On riait énormément. Comme toujours lorsqu'on était seuls.

Puis, je ne sais comment la discussion a fini par dériver, et nos visages comme aimantés se sont rapprochés. Et enfin, sans crier gare, Elio m'a embrassé. J'ai cru sentir mon cœur exploser de sentiments tellement puissants. D'un amour vrai et sincère.

Certes son baiser était hésitant, ses lèvres étaient presque tremblantes, mais j'ai tout de même adoré. Car je savais qu'il ne voulait juste pas me brusquer. Parce que le Elio que je connaissais était attentionné, attentif à la moindre de mes réactions, et pas vraiment sûr de lui. Il était complètement différent de celui qui se trouve aujourd'hui face à moi — enfin, sur moi pour être plus précise.

Là, je vois un garçon qui pue la confiance en soi et l'expérience.

Et je ne déteste pas ça, je crois.

La preuve, mes lèvres réclament les siennes.

Sa main gauche se pose sur ma joue, et je comprends ce qui va se passer d'une seconde à l'autre. Je vais, après des années, réembrasser celui qui m'a offert mon premier baiser et qui m'a volé mon cœur alors que j'étais encore qu'au collège.

Nos nez se frôlent, son souffle caresse tendrement ma bouche, et je ferme les paupières, prête à recevoir le soupçon d'un amour perdu. Mais alors que j'attends qu'une seule chose, mon téléphone vibre contre mes fesses et nous interrompt.

Je rouvre grand les yeux, sortant de ce moment un peu trop beau pour être vrai. Honteuse, je n'ose même pas croiser ses iris clairs. Je me cambre juste, la tête tournée vers la droite, et récupère mon téléphone rangé dans la poche arrière de mon jean. Une notification y est apparue. Ma mère.

— Oh non... marronné-je.

Je croise enfin le regard d'Elio qui est toujours à sa place, appuyé sur moi, et je suis mi-rassurée de voir qu'il aborde un énorme sourire.

— Bouge, dis-je durement.

Il rit, en haussant les sourcils, surpris.

— Je suis très bien ici, pour être honnête.

Je pose mon téléphone au sol, et repousse ses larges épaules de mes mains maladroites.

— Je suis sérieuse, Elio. Ma mère va arriver là.

— Et alors ?

— Et alors, si elle te voit, elle va nous tuer tous les deux.

Il a l'air d'enfin comprendre car il s'actionne. Avec un rire moqueur, il se recule, et retombe sur le parquet en bois. Moi, je me redresse, et remet mon gilet en place, mal à l'aise.

Je reprends ma respiration qui semblait être troublée, et réalise ce qu'il vient de se passer.

Qu'est-ce que j'ai foutu ?

Je suis vraiment si bête ! Je me promets de m'éloigner de lui, puis par la suite, je lui laisse me faire cet effet là. Je le laisse jouer avec les battements de mon cœur et les sentiments dangereux qui s'y planquent en secret. J'ai envie de me gifler. Je ne devrais pas être aussi faible et incontrôlable.

— Elle arrive dans combien de temps ?

Je me retourne vers lui.

— De ?

Le son de nos mauxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant