Le Jour où tout a commencé

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D'aussi loin que je me souvenais, j'avais toujours aimé ma vie en général. Mais récemment, je n'y prenais plus goût.
À quel moment avais-je autant changé ?

Je m'ennuyais plus souvent et j'avais toujours l'impression que l'herbe était plus verte ailleurs. J'avais perdu le contact avec mes anciens amis d'école, je voyais rarement ma famille et j'étais accablée par le travail la plupart du temps.

J'avais toujours eu un rêve : devenir danseuse professionnelle et intégrer YG entertainment. Mais bon, une fois fait, ça n'avait plus rien d'extraordinaire. D'ailleurs j'étais devenue plus une prof qu'autre chose.

Finalement, la seule chose qui me maintenait encore debout était mon amitié avec Rosé, ma meilleure amie. Mais, plus le temps passait, plus je sentais qu'on s'éloignait imperceptiblement. À coup de disputes, de reproches, etc. Pourquoi ? Parce qu'on s'aimait trop, je suppose. À force de s'inquiéter pour l'autre, on finissait par détruire notre lien si fusionnel.

Voilà pourquoi je n'aimais pas m'attacher aux autres en général. Plus on s'attachait, puis on souffrait lorsque ce lien se brisait.

Enfin bref, c'était la vie. C'était ma vie.

"Si seulement je pouvais tout recommencer, repartir à zéro" voilà ce que je pensais régulièrement.

🌸🌸🌸

Je rangeai mes affaires lentement, n'étant pas spécialement pressée de rentrer du travail. Mes collègues me regardaient avec des visages étonnés, l'air de dire : "pourquoi elle ne se dépêche pas ? C'est le week-end".
Peut-être parce que tout le monde n'a pas spécifiquement envie de rentrer chez lui.
Ou alors parce que je n'avais pas de vie, autre proposition qui n'était pas si fausse en vérité.
Lorsque j'eus fini mon affaire, je descendis les marches d'un pas nonchalant et ouvris les portes vitrées pour sortir du bâtiment en faisant une légère courbette à l'agent d'accueil.

- Bon week-end mlle Manoban ! me salua-t-elle.

- Bon week-end Brigitte ! répondis-je poliment en feignant l'entrain.

Tout se jouait sur l'apparence, il n'y avait pas de secret. Ayez l'air heureux aux yeux des autres et vous finirez par vous en persuader vous-même.

Le chemin jusqu'à mon appart me parut à la fois court et interminable, je ne saurais dire pourquoi. Sans doute l'habitude et la déception de n'y voir aucun changement.

Une fois devant la porte d'entrée, j'insérai les clés dans la serrure et les tournai pour ouvrir la porte de mon domicile. Lorsque je refermais derrière moi et que je m'engouffrais dans mon appartement, j'entendis quelques accords de guitare.
Sur le canapé, Rosé s'entraînait pour la millième fois de la journée.
Nous étions colocataires pour faire des économies et aussi parce que, sincèrement, j'aimais bien vivre avec elle. Nonobstant, je ne lui avouais que très peu car j'avais toujours du mal à parler de mes sentiments. La solitude m'ennuyait profondément, cependant.

- Ça va ta journée ? demandai-je en posant mon sac à dos noir à l'entrée et en ôtant ma veste pour la mettre sur le porte manteau.

Elle m'adressa un regard désespéré et secoua la tête, retournant à son activité.

- Qu'est-ce qui ne va pas ? m'inquiétai-je en m'asseyant à côté d'elle.

- Pourquoi tu ne réponds pas à mes messages ? s'agaça Rosé, coupant court à la quiétude de notre logement.

- Ah ça... désolée, je n'avais envie de répondre à personne aujourd'hui, avouai-je d'un air blasé.

- C'est une raison pour donner aucun signe de vie pendant près de 7 h ? Je m'inquiète moi, insista-t-elle.

Tu te souviens ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant