Chapitre XIII

38 2 0
                                    

Alma

Après l'étrange épisode dans la salle de bain, je me suis habillée en vitesse et je me suis allongée sur le lit espérant pouvoir reposer mon esprit torturé.

Le mostro aux yeux verts commence sérieusement à me taper sur les nerfs, il est effrayant oui mais il commence sérieusement à être lourd avec ses regards.

Il sait que j'ai peur de lui et en joue.

Je ne retiens plus mes larmes quand je repense à mes parents. Mon père avait raison, j'aurais dû rester à Florence tranquillement. Mais non, moi je veux toujours compliquer les choses. J'ai cru oublier les fantômes du passé, mais malheureusement, ils sont toujours présents à me torturer l'esprit.

Et comme si ça ne suffisait pas, le mostro aux yeux verts me rajoute des peurs supplémentaires.

Une odeur de nourriture fit gargouiller mon ventre et me donne l'eau à la bouche. Je me tourne vers la source de la fragrance. Un plateau repas est posé à même le sol de la chambre près de la porte. Je me précipite vers le met et l'inspecte.

C'est un risotto al pomodoro (à la tomate) avec une bouteille d'eau. Le plat est encore fumant, c'est presque réconfortant. Je le dévore en moins de 5 minutes. Une fois rassasier, je prends le plateau et lave la vaisselle dans le lavabo de la salle de bain.

Je dépose le tout à sa place et retourne m'allonger sur le lit. En quelques minutes à peine, je m'endors encore une fois dans un sommeil agité par des cauchemars de longue date.

La porte s'ouvre brusquement en me faisant sursauter. Des pas se rapprochent précipitamment vers le lit. Je me redresse sur le lit instinctivement.

Cazzo di merda !

Mais qu'est-ce qu'il me veut encore celui-là.

Le mostro aux yeux verts s'approche de moi et brutalement me prends par la gorge. Sous le choc, je ne réagis pas, comme paralysée par sa violence.

Je comprends pas, ai-je fait quelque chose de travers ?

Son regard est noyé par la haine et je me demande si c'est vraiment à moi qui il cherche à faire du mal. Il me fixe, les sourcils froncés et les yeux plissés. Sa poigne se ressert autour de mon cou et je me sens respirer difficilement.

- Tu vas arrêter ça tout de suite stronza. Dit-il entre ses dents serrées.

Arrêter quoi ? Je voulais hurler de toutes mes forces et le frapper si fort, à ce moment il ne m'inspirait que de la haine. Il me faisait revivre de mauvais, trop mauvais souvenirs.

- Je...arrêter ....quoi ? Réussis-je à articuler difficilement.

Un sourire effrayant étira ses lèvres, il faisait froid dans le dos.

- Tu essayes de me manipuler salope, en entrant dans ma tête c'est ça hein ? Sors de ma putain de tête ! Hurle-t-il.

Un hoquet de surprise s'échappa de ma bouche tant je ne m'attendais pas à ces paroles. Je ne comprends rien, mais alors rien du tout. Il me lâcha de sa poigne de fer et je m'affale au sol.

Je me recule le plus possible, jusqu'à toucher le mur et me recroqueville sur moi-même. J'ai peur, je ne veux pas encore vivre ça.

Je pleure silencieusement, la tête sur les genoux.

Quelques minutes s'écoulent pendant lesquelles seuls mes sanglots et la respiration haletante du mostro aux yeux verts s'entendent.

Il s'approcha à nouveau de moi et me pris cette fois-ci par les cheveux. Je restai silencieuse, prête à subir à nouveau mes cauchemars.

Je lève les yeux lentement vers lui et m'aperçois alors qu'il fixe mes vêtements ou mon corps, je ne sais pas. Je tremble de la tête aux pieds en pensant au pire.

Il jura entre ses dents et me serra la gorge une nouvelle fois mais plus fort cette fois-ci. L'air me manqua rapidement et je commençais à avoir la vision trouble.

Il relâcha la pression autour de mon cou quelques minutes de plus et je perdais connaissance. Il arracha brusquement mon t-shirt bien trop grand et hurla.

- QUI T'A AUTORISÉ À METTRE MES VETEMENTS ? Hurla-t-il.

J'échappe à sa poigne et me recroqueville encore une fois pour cacher ma nudité cette fois. Je pleure à chaudes larmes. Il me fait vraiment peur. Je tremble et me recule quand je le vois m'approcher. Il se met à ma hauteur et tente de me caresser la joue. Avec le peu de force qui me reste, je frappe sa main pour l'empêcher de continuer.

Je ne relève pas la tête, par peur de croiser les yeux d'un démon, d'un démon qui a pris la forme du mostro aux yeux verts. 

- Je.. je..commence-t-il.

Il s'arrête avant de prononcer quelque chose, se relève et part sans un mot. Je reste crispée, la tête sur les genoux. Je me balance d'avant en arrière pour tenter de calmer la crise d'angoisse qui pointe le bout de son nez. 

La porte s'ouvre encore une fois, et je suis prise de violents tremblements. Est-il venu finir ce qu'il a commencé ?

Il n'entre pas mais balance au sol ce qui me semble être un t-shirt. Il ferme la porte et part sans un regard.

Je passe les minutes au sol, toujours repliée sur moi-même pour me protéger ou comme j'avais essayé de protéger l'enfant que j'avais dans les entrailles il y'a quelques années. Ma peau est prise d'un désagréable frisson, la pièce est glaciale et je suis seins nu.

Je prends le drap du lit et m'emmitoufle dedans. Je retourne au sol et surveille attentivement que personne ne rentre. Je ne pourrais pas fermer l'oeil ce soir par peur que l'autre bastardo ne revienne. Je continue donc de me balancer d'avant en arrière imaginant ma mère me caresser les cheveux. 

Mon regard divague dans le vide et je repense aux moments de ma vie que j'ai cru oublier mais que mostro aux yeux verts m'a ressassé sans même ouvrir la bouche.

Est-ce que tous les hommes sont comme ça ?

Ne pourrais-je donc jamais être heureuse ?

À quoi bon se battre pour vivre, si ce n'est que pour vivre dans la souffrance.

C'est décidé, je ne me battrais plus, dès que l'occasion viendra, je demanderais au mostro aux yeux verts de me tirer une balle dans la tête. Je ne serais pas une grande perte pour le monde. Je pourrais enfin faire se taire cette souffrance en moi.

Je baisse la tête vers ma plaie qui est bien protégée par un épais pansement. J'arrache le pansement en grimaçant et observe la marque que je garderais à vie.

Je la caresse du bout des doigts et sans m'en rendre compte, des larmes dévalent mes joues à toute allure et tombent sur ma peau meurtrie.

Combien de cicatrice vais-je donc devoir compter avant la fin de ce voyage ?

Si seulement je pouvais retrouver la mémoire et lui dire ce qu'il veut entendre. Et quand bien même, je sais qu'il me tuera de toute manière. Je ne ressortirais jamais de cette cage. 

Obsession destructriceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant