Alma
Je pose enfin le dernier carton sur le plancher gris de mon nouveau salon. Depuis ma fenêtre j'observe l'étendue de cette nouvelle ville sous mes yeux. Les maisons sont colorées, la mer pointe son bout du nez à quelques kilomètres. Il fait terriblement chaud ce mois de juin, vivement que je finisse mon emménagement pour me prélasser au soleil quelques heures. Mon téléphone retentit et me fait sortir de mes pensées.
- Pronto mamma ? (Allo) dis-je avec sourire.
- Ciao figlia mia, come va il tuo trasloco ? (bonjour ma fille, comment se passe ton déménagement ?) dit-elle d'une petite voix
- Tutto sta bene, comincio riordinare (tout vas bien, je vais commencer à ranger). Dis-je en attrapant ma trousse de toilette pour la ranger dans la salle de bain. Comè stai papà ? (comment vas papa ?) m'inquiétais-je.
- È preoccupato per te, non gli piace Napoli, lo trova troppo pericoloso per una donna single (il est inquiet, il n'aime pas Naples, il trouve ca trop dangereux pour une femme seule) dit-elle en soupirant.
- Ne abbiamo già parlato !( on en a déjà parlé !) Je n'y suis pas par plaisir , solamente pour travailler mamma. Dis-je en soufflant de frustration. Ti chiamo dopo ciao. (Je t'appelle plus tard aurevoir)
Mes parents ont toujours été très protecteurs voir trop. Avoir mon indépendance fut une longue bataille et j'y tiens plus que tout. Mon père en particulier redoute plus que tout de me voir me débrouiller seule, il n'a jamais accepté le fait que je puisse vivre seule avec mes propres moyens. Je suis certes seule dans une nouvelle ville dite dangereuse, parce qu'elle contient une bonne partie des mafieux du pays, mais en aucuns cas je ne renoncerais à ma liberté par peur. Je n'ai rien à voir avec la Mafia et eux non plus, donc aucunes raisons de les croiser.
Je continue pendant les heures qui suivent à vider et ranger le contenue de mes cartons. L'appartement n'est pas très grand, mais il me convient amplement, surtout qu'il est bien situé à 15minutes de mon lieu de travail. Je passe alors le week-end à trier, ranger et nettoyer l'appartement car lundi commence le travail et la vraie vie.
Le réveil sonne un bon nombre de fois avant que je ne daigne à l'éteindre. Avec un grognement j'essaie de me démêler de ma couette blanche... je ne sais pas pourquoi je me réveille toujours dans des sales positions, coincée dans les draps et couette. Je fais mon lit en vitesse lorsque j'aperçois qu'il est déjà 7h. J'entre sous le jet d'eau brulant qui détend instantanément mes épaules nouées par mon sommeil agité. J'enroule une serviette autour de mon buste et me prépare le plus vite possible. J'enfile enfin mes escarpins et quitte mon appart.
Enrique, le directeur d'agence, me fait visiter les locaux et me présente aux collègues présents. Il est plutôt sympa, la cinquantaine, des cheveux poivre, une moustache et une carrure imposante.Il m'explique le fonctionnement de la boîte, les différents pôles dont le mien, la comptabilité. J'affiche un sourire sincère en me présentant auprès des secrétaires de notre étage, elles y répondent d'un regard ennuyé...
Bon, OK.
J'entre enfin dans le bureau qui m'est attribué. Il est simple, des couleurs neutres, des meubles blancs et une moquette grise au sol. Je prends place derrière l'ordinateur pour consulter ma boite mail.
-Ciao Mlle Moretti, bienvenue chez nous ! Je suis Felipe, le responsable de comptabilité de la boite. Dit-un homme âgé de la quarantaine, avec un regard lourd.
- Buongiono signore Felipe, je suis Alma Moretti, nouvelle comptable dans l'entreprise, on m'a muté depuis Florence.Dis-je avec un sourire poli.
Il prend le temps de m'observer une vingtaine de seconde, avant de lancer:
- La rumeur sur les Florentines dit bien vrai alors, vous êtes ravissante Alma. Dit-il avec un sourire qui se veut charmeur. Je vous apporte quelques dossiers traités par nos collaborateurs et d'autres qui vous sont destinés. Prenez exemple sur la méthode de travaille de nos hommes, ils sont très compétent. Non pas que je doute de vos compétences.
Stronzo di mierda ! (connard de merde)
- Je vous remercie Signore Felipe, je prends en compte vos demandes. Dis-je avec un faux sourire collé aux lèvres.
- Allons, pas de ça entre nous, vous pouvez m'appeler Felipe. Dit-il en me faisant un clin d'oeil et sortant de mon bureau.
Super ! Un gros lourd en tant que directeur... je souffle en me mettant au travail.
Je prends une rapide pause déjeuner avec Sofia une chargé de marketing du 2ème étage, elle est adorable avec ses cheveux roux et ses taches de rousseurs. Je retourne au travail en m'excusant auprès d'elle, pour finir les foutus dossier de Felipe. Je vais lui montrer à se bastardo de misogyne. Je me plonge rapidement dans mon travail, j'ai toujours été douée en maths depuis ma jeunesse, les chiffres n'ont aucun secret pour moi.
Je finis un peu tard, les yeux fatigués et mon crâne sur le point d'explosé. 21h ! Il est 21h et je viens tout juste de finir ces maudits dossiers. Je m'étire longuement en soupirant lorsque je sens mon ventre gargouillé.
Bon ce soir, je vais me prendre une bonne grosse pizza napolitaine et un bon pot de glace au chocolat, je l'ai bien méritée.
Je range mes affaires, éteint mon ordinateur et regarde rapidement mon reflet. Bon ça passe, je remets un peu mes cheveux en ordre; d'ailleurs il faudrait que je les coupes, ils m'arrivent au bas du dos et c'est trop long.
Ma pizza en main, je règle le restaurant et me dirige vers mon appartement. La nuit est agréable, le vent fait virevolté quelques mèches, et rafraîchit la peau nu de mes jambes.
Les rues sont calmes et vides, pourtant il n'est que 22h.
Bizarre...
Je fredonne quelques notes de musique, en tournant sur l'allée de mon appartement.
- Aiuto ! (à l'aide)
Je sursaute et me retourne vers la source du bruit. Un homme git à même le sol. Mio Dio !
J'accours vers lui, en laissant tomber ma pizza, ma pauvre pizza. Je m'accroupis près du monsieur. Du sang tache sa chemise bleue vers l'abdomen, son visage est couvert d'impressionnants hématomes violacés. Il s'agite sur le sol, et marmonne des mots incompréhensibles dans sa barbe.
Ok,ok, il faut que je me calme et prenne en mains la situation.
- Segniore, Calmez vous, j'appelle les secours tout de suite. Dis-je d'une voix peu maitrisée. Je compose le numéro et approche l'appareil de mon oreille tandis que j'observe d'autres éventuels blessures sur le corps de la victime.
Il m'arrache le combiné du revers de la mains et s'agite encore plus en pointant du doigt sa blessure.
- Mais ça vas pas ou quoi ? Je dois appeler les secours, je ne suis pas un médecin moi !
-No...No... uccisione... il posto è Palermo con Rischio...dit-il avec un sourire en coin.
Je ne comprends absolument rien. Qu'est ce qu'il y a à Palerme ? Et qui est Rischio ?
A peine ai-je eu le temps d'émerger de mon choc, qu'un violent coup s'abat sur l'homme avachit sur le sol.
Je sens un liquide chaud couler le long de ma nuque, une douleur qui me coupe le souffle, une pression sur ma tête, ma vision se floute, mes poumons me brûle.
Ne ferme pas les yeux Alma, résiste !
Mais le sommeil est beaucoup trop tentant...
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Obsession destructrice
AksiUne obsession. Un mystère. Son âme apaise mes tourments mais sa présence déchaine mes démons. Il me berce pour dormir mais hante mes pires cauchemars. /// contenu violent et mature /// Œuvre commencé le 14/05/2022