À ce qu'il parait je te plais ?

Chapitre 3 : Tess

On ne le répétera jamais assez mais, le verre de trop, on ne comprend sa position qu'une fois celle-ci dépassée. Et je pense qu'hier soir, je l'ai pulvérisée la limite. La gueule de bois que je me farcie depuis le réveil en est la preuve. En plus du trou noir que j'essaye désespérément de combler sans succès.

Cela faisait trois heures que j'essayais de me rappeler le moindre détail de la soirée après qu'on ait quitté le bar pour aller en boite, mais rien. Un verre d'eau accompagné de ma deuxième aspirine de la journée, je reste sur le canapé à végéter en l'attendre d'un souvenir ou d'une quelconque raison de réagir. Je ne crois pas être démaquillée, et si c'est le cas, le temps serait peut-être venu de le faire. Mais me lever, aller jusqu'à la salle d'eau et prendre le temps de retirer le peu de maquillage sur mon visage me donne déjà envie de retourner me coucher.

Me grattant le moins gracieusement du monde le crane au travers de mes cheveux emmêlés, j'entends la porte d'une chambre s'ouvrir. C'est Vic qui ne tarde pas à me rejoindre sur le canapé, me regardant d'un air rieur. Je sais déjà ce qu'elle va dire, notre colocation à l'incroyable particularité de regroupé quatre filles à l'humour aussi merdique les unes que les autres.

_ Si tu as la moindre remarque à faire, garde la pour toi, tu devais pas être beaucoup mieux hier, je ronchonne en menant mon verre à mes lèvres tandis qu'elle éclate de rire.

_ Tais toi tu m'éclate les tympans, je maugrée embêtée.

_ Ah ! Tu vois ce que vous m'avez fait subir hier ! Réplique Lana en arrivant à son tour dans le salon, une barre de céréale en main.

_ Vous aviez qu'à rester avec moi à l'appart vendredi soir, par solidarité. On serait sorti ensemble hier et on aurait tous décuvé en harmonie, je leur explique en levant mon pouce alors qu'elles commencent à se fiche de moi.

_ C'est pas pour te vexer mais, on a beau vous aimer Pam, Bryan, Sam et toi mais, votre virée en boîte devait être minable comparée à la soirée de vendredi, renchéri Vic.

_ J'avoue, entre la piscine et les beaux garçons... c'est quand même autre chose la vie de riche, soupire Lana.

Pour toute réponse, je leur tends mon plus majestueux doigts d'honneur, auquel elles rient de bon cœur. C'est pas comme si j'avais pas eu envie d'y aller à cette soirée, mais entre études et loisir, il faut choisir. Et cette première année, je ne compte pas la faire une troisième fois. Je dois l'avoir coûté que coûte.

_ Vous faites vraiment, vraiment, mais alors vraiment trop de bruit, grogne Pam en sortant enfin de ma chambre.

_ Ah parce que t'es là toi ? S'étonne Vic.

_ Tu l'as pas entendue hurler en se cassant la gueule dans l'entrée cette nuit ? Lui demande Lana.

Vic lui répond en secouant négativement la tête. On a facilement tendance à oublier qu'elle a là sommeil le plus profond que la terre ait pu créer. Pendant ce temps, Pam les gratifie elle aussi d'un beau majeur en prenant mon verre d'aspirine à moitié entamé. Je ne prends même pas la peine de répliquer, là laissant faire à son gré. Au lieu de quoi, j'attends qu'elle s'assoie sur la dernière place disponible sur le canapé.

_ Tu te rappelles ce qui s'est passé en boîte ? Je lui demande à court d'option.

En finissant le verre, elle me regarde un sourcil levé. J'espère que cela veut dire qu'elle a effectivement des souvenirs de la nuit dernière. Je trouve parfaitement désagréable de ne pas être capable de me rappeler des derniers événements. L'expression trou noir est parfaitement appropriée et pourtant, je la déteste.

_ Vaguement, confirme-t-elle en posant le verre. On est restés profiter des cocktails au premier étage mais c'est vite devenu chiant, ensuite on a traîné avec des étudiantes françaises. Puis pendant que Bryan et Sam nous ont laissé pour faire ce que tu sais, on s'est fait un bon concours de shooter avec les françaises. On les a éclatées d'ailleurs, ri-t-elle de bon cœur.