À ce qu'il parait je te plais ?

Chapitre 8 : Tess

Ça ne sert à rien de se mentir. Cet après-midi même qui m'ennuyait ce matin encore s'est avérée être formidable. J'ai toute la semaine pensé au temps que je perdrais sur mes révisions à suivre cet idiot de Tyler, mais je ne regrette finalement pas. Voilà plus d'un an que je n'avais plus touché à une planche de surf, et pouvoir en refaire était grisant. Si les plages de San Francisco n'ont rien à voir avec celles de Miami, sentir le sable sous mes pieds, l'eau salée sur ma peau et le soleil se réfléchissant sur la surface de la mer pour me réchauffer était tout ce qui pouvait me faire le plus plaisir. Puis la sensation de glisser sans contrainte sur l'eau, je n'avais pas réalisé à quel point ça m'avait manqué.

Les vagues étaient petites par rapport à ce que j'avais l'habitude de voir, la mer plus calme. Pour une reprise, les conditions étaient idéales et j'ai pu me surpasser. Les gars étaient sympathiques. Tous ont été de bonne compagnie durant la journée et nous avons ris sans retenues. Je pense que si Pam, Lana et Vic avaient été là, nous aurions même passés la soirée sur la plage. Mais malheureusement pour moi, même si l'idée de sortir ce soir ne m'aurais pas dérangé, je dois travailler. La simulation de procès ne va pas se préparer seule.

Finalement, la seule tache au tableau est le rouleau dans lequel je suis tombée. J'ai été surprise par une vague à sa sortie, et avant que je ne comprenne, je me prenais le rideau d'eau en pleine figure et perdais l'équilibre. Et la sensation d'être emportée dans le tambour d'une machine à lavée est parfaitement désagréable. Mais il suffit de garder son calme, et même si je suis restée un certain temps sous l'eau, je n'ai pas eu de peine à retrouver la surface. J'aurais même tendance à dire que le plus perturbant dedans a été le regard que m'a lancé Tyler quand j'ai sorti la tête de l'eau. Il me semble bien qu'il s'agissait de la première fois que je le voyais arboré une expression autre que la joie ou la fierté.

J'ai joué l'indifférence, préférant savoir si, grâce à ma prouesse, il était bien conclu que j'étais la grande gagnante du concours de notre journée. Mais vue le temps qu'il avait pris à réagir, j'ai eu l'impression qu'il avait eu vraiment peur. Il avait dû en voir d'autres tout de même. Même si être emporté dans un rouleau est impressionnant, ça ne voulait pas dire que j'allais nécessairement y laisser ma peau. Faute de comprendre sa détresse, j'ai fuie. Et quand il me l'a avoué, quand nous sommes rentrés dans la voiture, j'ai préféré m'en amuser. Et mentir.

Car je pense avoir tapé le fond, même si sur le moment je ne l'ai pas remarqué. Et que ce soit ma planche ou une pierre, quelque chose m'a percuté l'épaule. Si j'ai feins de ne rien sentir et profité de la couvrance de ma combinaison pour ne rien montrer, en me changeant, j'ai bien pu constater le bleu commençant à s'étaler sur celle-ci. Je n'ai plus qu'à attendre de rentrer chez moi pour étaler de la crème et espérer que la douleur partira d'ici demain.

En tout cas, dans la voiture avec Tyler, je suis presque déçue de devoir rentrer chez moi. Et si je ne l'ai dit qu'à demi-mots, c'est bien car j'ai trop de fierté pour avouer que cette sortie que j'ai tant hésité à faire m'a finalement tant plût. Ma veste bien serrée contre moi aussi bien pour me protéger de la fraicheur grandissante, d'autant plus avec mes cheveux encore humides sur mes épaules, que pour camoufler mon épaule, j'observe les voitures autour de nous. La circulation est médiocre, il semblerait que toute l'Amérique cherche à rentrer dans San Francisco pour le week-end.

_ J'espère que tu n'es pas pressée, me demande Tyler, tout aussi ennuyé.

_ Qu'est-ce que tu feras si je te dis que je le suis ? Je lui demande en fixant l'extérieur.

_ Je te met dehors et te laisse marcher jusqu'à chez toi, répond-t-il automatiquement en riant.

_ Galant, je pouffe sans réfléchir.