Chapitre 16 : Tyler

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Ouais. J'avoue, j'aurais pu faire plus malin que de déclencher ainsi l'alarme incendie du bâtiment où son cours se déroulait. Car, évidement, et je dois bien me l'avouer, je n'ai pas activé cette alarme n'importe quand et n'importe où. C'était calculé, comme chacune de mes conneries. Mais comme depuis que ça la concerne, je me dis que j'aurais peut-être dû y réfléchir à deux fois. Ça me semblait pourtant pas mal de me créer une occasion de la voir. Ça aurait toujours été plus amusant que de lui envoyer un message pour lui demander quand elle aurait été disponible.

Mais mon Week end a comme qui dirait été désastreux, et j'avais besoin de me changer les idées. Chris a bien essayé, mais il faut bien croire qu'avec les années qui passent, ses diversions se font de moins en moins efficaces. Et pourtant, ce ne sont pas les occasions de me distraire après des visites chez mes parents qui lui ont manqués. Il sait mieux que quiconque l'humeur massacrante qui vibre en moi de longs jours après les avoir revus. Maintenant que les gars sont partis dans d'autres villes pour leurs études, il est le seul à assister à ça. Et à le subir.

Évidement, cette nouvelle entrevue avec mon père n'a pas été de toute tranquillité. Après les nombreuses remontrances sur mon comportement en cours digne des pires cancres, il s'est vite mis à me dire que malgré la voie, je cite, « sans issue » qu'est le journalisme que j'ai emprunté, je ferais mieux de leurs être reconnaissant de payer l'université. Ce qui, même si ce n'est pas faux, n'a pas été pour me faire réagir. Je lui ai encore une fois répondue que j'étudiais à mon rythme et surtout ce qui me plaisais. Que je n'étais pas comme lui, voué à faire le job le plus chiant du monde et que je pouvais parfaitement me débrouiller dans ce domaine. Ce qui en soit n'est pas forcément vrai. S'il est vrai que ce que je fais m'intéresse lorsque je daigne me concentrer, je ne sais toujours pas ce que je compte faire une fois partis de l'université.

Seule l'arrivée de ma tante et de mes cousins et cousines m'ont permis de ne pas perdre la tête durant ces deux jours où je me suis retrouvé enfermé à la maison. M'occuper d'eux était une bonne excuse pour ne pas me confronter plus longtemps à mon père. Et je n'ai pas vraiment attendu longtemps après leur départ pour m'enfuir de cette baraque. Mieux valait ne pas rester plus longtemps avec eux.

Et il s'est avéré que la première chose qui m'est venue à l'esprit ce lundi pour me remonter le moral a été de faire sortir de force Tess de sa salle de classe. J'aurais dû me douter qu'elle n'allait pas apprécier que je fasse ça, mais ça a été plus fort que moi. J'ai au moins eu la présence d'esprit de le faire en fin de journée, là où il y aurait moins de monde. Plutôt qu'en pleine journée où me faire choper aurait été bien plus simple.

Maintenant, dehors et sans mon sweat qui était ma seule protection contre le froid, je dois bien dire que je fais moins le malin. Mais il fallait bien que je laisse une petit signe que je ne suis pas le dernier des connards. Lui laisser une petite protection contre le froid pour me faire pardonner de la laisser en souffrir me semblait être la moindre des choses.

Et je me dis à présent que, peut-être, emprunter la voiture de Chris n'aurait pas été une si mauvaise idée. Le froid des soirées de San Francisco se fait de plus en plus mordant. Et bien que je sois un habitué, il n'empêche pas que je préfère avoir chaud. L'été restera toujours mieux que l'automne, maintenant définitivement installé et l'hiver approchant doucement. Mains dans les poches de mon jean, je déambule dans les rues pour rentrer chez moi. Je n'ai pas l'envie de prendre le tram dès maintenant, profiter du paysage de cette ville sur laquelle le soleil commence doucement à se coucher me semble beaucoup mieux. Du moins un petit temps. Mais quand le vent se lève et que le brouillard tombe, je m'empresse de prendre le premier tram pouvant me ramener à l'appartement.

_ Chris, je suis de retour, je m'annonce en passant la porte de l'appartement.

Je grelotte toujours. Après un été qui a duré longtemps, je me suis fait surprendre par la fraicheur de cette soirée. Avec un pull, je l'aurais supporté sans mal, mais sans... Le fait étant que, je n'attends pas de réponse de la part de Chris et vais de suite m'installer sur le canapé après avoir pris soins d'attraper une canette de bière en passant par la cuisine. L'alcool, ça réchauffe. Je lance la première émission décente sur laquelle je zappe et l'écoute d'une oreille en regardant mon téléphone.

À ce qu'il parait je te plais ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant