Chapitre 10 : Tyler

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_ T'es plus buté qu'un âne Tyler.

Préférant largement conserver le silence, je continue mon assiette sans rien dire.

_ Je te connais depuis le lycée, et tout ce que tu as toujours été, c'est chiant, poursuit-il.

_ Sympa, je ris jaune.

_ Je sais. En tout cas, tu n'es bizarre que depuis que tu t'obstines à fréquenter Tess. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

_ Tout de suite les grands mots, je grogne en continuant de manger.

_ À tout moment je te fou dehors, me menace-t-il de sa fourchette. J'ai pas envie de me coltiner ton humeur de merde. Pour l'instant t'as fait à manger, c'est bien, mais ça va vite finir en nuits blanches à regarder des séries et à beugler de la merde pour aucune raison. Je veux conserver ma tranquillité, poursuit Chris en me regardant droit dans les yeux.

Voilà ce que c'est que de crécher chez quelqu'un d'autre que chez soi.

Mais ce qu'il dit est surement vrai. Je sais que j'ai tendance à être encore plus énervant quand je suis de mauvaise humeur. Et il le sait tout aussi bien. N'étant pas chez moi, je suppose que je n'ai pas mon mot à dire.

_ Peut-être un peu, j'avoue en attrapant cette fois ci mon verre d'eau.

_ Nous y voilà ! s'exclame Chris en abandonnant ses couverts. Tu me gonfles Tyler, vraiment. Donc ! Que s'est-il passé pour que cette pauvre nana que tu suis depuis une semaine te mette dans cet état ? Me sors pas une connerie si tu veux dormir ici ce soir, me prévient-il ses yeux me foudroyants.

Il a l'art et la manière celui-là, je pense en souriant en coin alors qu'il me fusille du regard. Comme quoi, il est passé prêt d'une carrière d'inspecteur de police ou bien de psychologue. A voir. Je ne suis pas sûr qu'un psy menace son client comme il le fait. De toute façon, je ne me voile pas la face, je sais qu'il le fait premièrement pour préserver sa tranquillité.

_ Elle s'est blessée dans le rouleau. Mais quand je l'ai appris et que j'ai cherché à savoir si ça pouvait être grave, elle m'a tout bonnement envoyé bouler.

Alors que je pique furieusement dans mes pâtes, Chris éclate de rire. Qu'est-ce qu'il va me sortir encore ?

_ Et ton égo en a pris un coup c'est ça ? Tu as trop l'habitude que les filles se jettent dans tes bras avec ce genre de démonstration d'intérêt ?

Et il s'esclaffe encore et encore alors que l'envie me prend de lui jeter le reste de mon verre à la figure. Voilà ce qu'on récolte à parler à son meilleur ami, d'autant plus quand ça concerne une meuf.

_ Mon égo n'a pas été blessé du tout, je contre légèrement énervé mais sans aucune autre défense.

Calmé, il me regarde un large sourire aux lèvres. Je sais ce qu'il pense. « Pour une fois, c'est moi qui vais pouvoir me foutre de lui et le faire tourner en bourrique ». Je regrette soudain toutes les fois où je me suis moqué de lui pour un oui ou pour un non. Au moment même où je le regarde, les sourcils froncés et attendant sa pique, je sais qu'il réfléchit à la façon dont il pourra le mieux me torturer tout en restant sympathique.

_ J'ai une confidence à te faire Tyler, me dit-il en se penchant au-dessus de son assiette.

_ Dis toujours, je bougonne en finissant la mienne.

_ Tu agis comme un chien. Je pense que le dragueur invétéré qui est en toi est mort et enterré. Tu rejoins le coté du gars chiant ? Me sourit-il.

La voilà sa vengeance. J'ouvre trop souvent ma bouche pour dire des bêtises, en voici la preuve. Je ne peux pas empêcher un rire de franchir la barrière de mes lèvres. Pris à mon propre jeu.

À ce qu'il parait je te plais ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant