Chapitre 9 : Tyler

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Le cours est chiant à mourir, mais je me force à l'écouter. Ma mère au téléphone hier m'a bien fait comprendre que pour le bien de tous, il était primordial que je réussisse mon année. Que pour une fois, je ne me comporte pas comme un enfant. Que pour une fois, je sois sérieux. Alors j'essaye de me conduire en élève correcte, bien que l'envie de lancer une pique à ce professeur soporifique me prenne parfois.

Elle n'a pas manqué non plus d'évoquer mon possible retour à la maison. Apparemment son fils lui manque. Mais j'ai éludé le sujet en lui demandant des nouvelles de Lee, son chien. Pardon. Son roquet. Un vieux petit sac d'os que je ne comprends pas qu'on puisse considérer comme étant un canidé. Je n'ai pas bien compris l'espèce. Un mélange raté entre un caniche imberbe, un chiwawa anorexique et un carlin obèse. Mais elle l'aime tant qu'elle a vite oublié le sujet initial de notre discussion pour me raconter la façon dont le pauvre petite bout de chou s'est fait poursuivre par une souris avant de foncer dans la porte fenêtre.

Tu parles d'un chien. Si ses ancêtres sont vraiment des loups, ils doivent avoir honte.

Je n'ai pas compris grand-chose, si ce n'est que ça l'a conduite chez le vétérinaire en plein milieu de l'après-midi pour que la bête écope de trois points de suture et d'une collerette rose bonbon. Il m'a fallu toute ma force pour ne pas éclater de rire en l'apprenant. Imaginant par la suite la tête décrépie de la créature une fois celle-ci enserrée dans une collerette pour éviter que son cou rachitique ne se torde pour gratter sa blessure et l'aggraver.

C'est d'ailleurs ce seul point amusant de notre appel qui m'a poussé à suivre l'ordre qu'elle m'avait donné au début de celui-ci. Je m'étais déjà résolu à obtenir mon année sans soucis, mais l'entendre me sermonner comme si j'étais un enfant de cinq ans n'ayant pas conscience des enjeux m'avait agacé. J'aurais été prêt à saboter consciemment une nouvelle année juste pour l'embêter elle et papa. Ils sont si fiers d'avoir de l'argent, ils n'ont qu'à l'être en payant sans discontinuer cette université.

Ils ont de la chance, leur fils n'est pas totalement abruti, peu importe ce qu'ils peuvent penser.

En faisant tourner mon stylo entre mes doigts alors que j'écoute distraitement le professeur, je repense à la journée de samedi et au retour de la plage. Finalement, après avoir rejoint les garçons une fois Tess déposée chez elle, je n'ai pas tant profité de notre soirée. Pour une fois, je n'ai pas été celui empilant le plus de canette de bière à côté de son siège. Les gars sont partis hier après-midi en me disant que j'avais été particulièrement chiant. C'est tout ce qu'il s'est passé. Un de nos week-end de beuverie légendaire s'est transformé en siège ennuyeux de l'appartement de Chris.

Évidemment, et une fois n'est pas coutume, comme pour toutes les autres remarques du genre qu'ils ont pu me faire depuis notre enfance, je les ai ignorés superbement. Ils sont rentrés sans que je ne rajoute quoi que ce soit. Ça n'a pas empêché pour autant que notre journée de dimanche, bien qu'elle ait été consacrée à décuver, se soit bien passée. Et, ce matin, c'est embêté mais de bonne humeur que je me suis rendu en cours. Et, à la dernière heure de cette matinée, j'ai assisté à chacune des minutes présentes sur mon emploi du temps.

Pour ce qui est de notre soucis premier à Tess et à moi, soit les bruits courants sur notre dos, rien ne s'est arrangé. Même si j'ai fait en sorte qu'on nous ai vu partir ensemble samedi dernier, les propos n'ont pas changés. Heureusement, ça n'a pas pris trop d'ampleur. Juste quelques chuchotements ici et là. Le fait étant que, pour madame, il est primordial que tout ceci s'arrête au plus vite. Qu'on se voie ainsi n'a semble-t-il pas été suffisant. Ou peut-être ne nous sommes-nous pas exposés devant les bonnes personnes. J'en reviens pas de réfléchir à ce genre de choses pour quelqu'un d'autre que moi.

À ce qu'il parait je te plais ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant