La visite

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Je me suis réveillée dans mon lit, avec un plafond blanc au-dessus de moi.

Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Ne devais-je pas sortir ? Pourquoi suis-je encore dans cette pièce ?

J'ai mal au crâne, je dois me poser trop de questions.

Je me tais intérieurement, j'essaie seulement de me souvenir ce qui s'est passé avant que j'atterrisse ici.

Ça me revient : je m'appelle Raphaelle. Et hier (je crois que c'était hier) mon amie est venue me voir. Hélo...Héloïse il me semble.

Bon sang ! Quel mal de crâne !

J'essaie de me lever. Mais je ne peux pas. Je n'ai aucune force. 

Je vais juste dormir un peu.

~~~

Seconde page

Je m'appelle Raphaelle. J'ai une amie : Héloïse. J'ai eu un accident. La nuit.

J'écris pour me rappeler, au cas où j'oublierai.

Je crois que je suis sortie de cette pièce hier. Mais je ne m'en souviens pas. 

J'ai peut-être des trous de mémoire à cause de mon accident. Ai-je été percutée par une voiture ?

J'ai mal à la tête. Et au ventre.

Combien de temps s'est écoulé depuis mon accident ?

~~~

Plusieurs heures sont passées. Je suis seule. Mais plus pour longtemps. Je les entends arriver. Je garde les yeux fermés. Je ne bouge pas. Ou presque, je respire le plus calmement possible.

Un code, 11 sonorités différentes. La sécurité de la porte se désactive, elle s'ouvre de l'autre côté. Trois personnes entrent. 

Je garde les yeux fermés. Je ne veux pas les voir. Je ne veux pas oublier ce que j'entends.

- Est-elle réveillée ? demande la voix d'un homme. Il faut que je sache, il faut que je lui parle.

- Ne précipitons pas les choses Aden. Sa mémoire ne s'est pas restaurée comme nous comme nous l'avions prévu. Il faut que nous la laissions se souvenir un maximum de choses par elle-même.

- Mais docteur Tolec... C'est ma femme ! Je suis sûr qu'elle saura me reconnaître ! On se connaît depuis plus de dix ans ! insiste l'homme.

L'homme se rapproche de moi. Ce "Aden". 

Ce prénom ne me dit rien du tout.

Je m'efforce de garder un visage détendu, sans grimacer malgré la douleur.

Sa main touche la mienne. Je sens sa chaleur. À côté de lui, je suis un glaçon mais il ne dit rien. 

Ai-je toujours été froide ?

- Raphaelle ?  C'est moi, Aden. Tu es réveillée ?

- ...

Sa main commence à me piquer. J'ai la tête qui tourne. Mon ventre brûle. Qu'est-ce qu'il se passe ?

- J'ai mal... Aidez-moi...

Je ne tiens plus. Tant pis si je grimace, la douleur se propage. Je n'ouvre toujours pas les yeux.

À travers mes paupières, je vois une lumière grésillante.

Il a retiré sa main de la mienne, mais j'ai encore mal.

La nuit.

~~~

Je les entends parler au loin. Ils ne sont plus dans ma chambre. Peut-être qu'ils sont derrière la porte de ma pièce, dans le couloir. Comment ça se fait que je les entends à cette distance ?

- Elle n'est pas encore prête pour les contacts physiques, même si vous effleurez sa main... Je ne comprends pas l'origine de sa maladie, aucun cas comme le sien n'a été..., tente d'expliquer le docteur.

- Foutaises ! Vous me mentez depuis le départ ! Aucun accident ne peut engendrer ce genre de séquelles ! Et ma femme a toujours été en excellente santé jusqu'à ce soir-là ! s'énerve Aden. Il faut changer son traitement ! Mais je suis sûre qu'elle m'a reconnu ! Elle m'a demandé de l'aider ! Héloïse dis-moi que j'ai raison !

- Je comprends ce que vous ressentez Monsieur. Vous êtes en colère et vous avez peur. Mais le plus mauvais est derrière nous. Elle s'est réveillée et progressivement elle va recouvrir la santé. Nous ne devons pas la brusquer quoiqu'il arrive. Et en ce qui concerne la douleur, nous lui administrons quotidiennement de la morphine. Nous ne ne pouvons pas lui donner plus que cela.

- Aden... C'est dur pour nous tous. C'est vrai qu'elle n'est plus comme avant. Mais elle va s'en remettre. Elle est forte. Et d'après les simulations, elle devrait pouvoir aller mieux d'ici quelques semaines, explique Héloïse.

- Mais il y a six mois, tu disais la même chose quand elle était dans le coma !

Je les écoute sans rien dire. Ils parlent beaucoup, je ne comprends pas tout ce qu'ils disent. 

Je sens de la colère. Est-ce la mienne ou celle de mon mari, Aden ?

Je garde les yeux fermés. J'ai mal au crâne, encore.

Pitié, faîtes que je me souvienne.

Aeternus et Umquam - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant