Je m'allonge et ferme mes yeux. Je viens de finir de lire les cinq pages du journal qui était à mes côtés quand je me suis réveillée.
Est-ce que tout ce qui est écrit s'est réellement produit ? Est-ce mon écriture ?
Je ne sais pas quoi en penser.
J'ai peut-être des trous de mémoire, mais il y en a aussi dans ces écrits. Et des incohérences.
Logiquement, un couteau dans le ventre n'a jamais fait perdre la mémoire. Et pourquoi me garde-t-on ici, seule si je suis vraiment guérie. Et qui était cette personne en combinaison noire ?
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Cinquième page
Hypothèse 5 (la plus probable) : on me garde enfermée, contre mon gré. Les gens de cet endroit manipulent certainement ma mémoire. Il faut que je sorte d'ici. Au plus vite.
Il en va de ma survie.
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J'ai à peine le temps de finir ma phrase que la porte s'ouvre.
Des hommes en combinaison noire débarquent dans la pièce. Tous armés et vêtus de protections. Leurs armes pointent des lasers en ma direction.
Je me lève et leur fais face. Ils sont ridicules.
On dirait qu'en face d'eux se trouve un terroriste ou une bombe prête à exploser.
- Eh bien, eh bien. Il est clair que vous ne voulez pas nous faciliter la tâche.
Un homme en blouse blanche passe devant tous les autres. Un docteur ? Non, un psychopathe.
- Qu'est-ce que vous me voulez ? je déclare de but en blanc.
- Seulement une chose. Arrêtez de résister au traitement.
- Quel traitement ? Je pensais que j'étais guérie !
Je sens une chaleur en moi, elle grandit.
- Non, vous ne l'êtes pas. Mais maintenant que j'ai testé toutes vos limites et que j'ai calculé toutes vos réactions, je vais pouvoir vous donner votre dernière injection. Enfin, dernière, si vous réagissez comme je le prévois.
Je reste là, bouche bée. Il est en train d'avouer que je suis une expérience ? Il avoue.
Hypothèses 2 et 5 : Les personnes en dehors des murs sont méchantes et on me garde enfermée, contre mon gré. Les gens de cet endroit manipulent certainement ma mémoire. Il faut que je sorte d'ici. Au plus vite.
C'est un malade. Tous.
Il s'approche de moi, sors une télécommande de sa poche. Les personnes derrière lui deviennent plus tendues, prêtes à agir.
Mon sang ne fait qu'un tour.
Il appuie sur un bouton. Ma tête est prise d'une migraine, qui devient de plus en plus forte. Mes oreilles sifflent. Je plaque mes mains contre mes oreilles. Mais rien à faire, le bruit vient de l'intérieur.
Je tombe sur les genoux. Je hurle.
Je n'entends même pas le son de ma voix.
Silence.
Je sens tout autour de moi. Des pieds. Vingt-deux. Le sang qui coulent dans leurs veines. Onze coeurs. Chacun d'eux bat rapidement, puis de plus en plus lentement. Leurs yeux braqués dans la même direction que leurs armes. Moi.
La chaleur que je ressentais. Que je sens toujours. Elle grandit. Si je la retiens, je vais exploser.
Je la laisse sortir. Peu importe où. Elle se transforme lentement en une onde vibrante, grandissante.
Elle ne tarde pas à toucher les personnes en combinaison.
Je les vois au ralenti, se propulser en arrière. Le psychopathe en blouse aussi.
Tous, cognent le mur blanc. Sauf moi.
J'observe la scène sans bouger, comme les personnes devant moi. Plus aucun mouvement ou bruit de leur part.
Est-ce que c'est vraiment moi qui ai fait ça ? Qu'est-ce qu'il vient de se passer au juste ? C'est pour ça que je suis ici ? Suis-je vraiment un danger ?
Hypothèse 1 : Je suis malade.
Je regarde mes mains, tremblantes, comme si elles étaient les fautives.
- Raphaelle ! Qu'est-ce que tu as fait ?!
Je ne réagis pas. Qui parle ? Qui est Raphaelle ?
- Docteur Tolec ! Vous m'entendez ?!
Je lève finalement mon regard. Un homme. Aux cheveux bruns. Qui est-ce ?
Il court vers l'homme en blouse blanche. D'ailleurs, lui aussi porte une blouse. Un autre fou sans doute. Il est dos à moi.
Je me relève difficilement et m'approche de lui, doucement. Il secoue son collègue mais aucune réponse.
J'attrape son épaule et l'oblige à me faire face.
- Qu'est-ce que-
- Toi ! Qui es-tu ?! Toi aussi tu veux me faire du mal ?!
Ma colère me submerge. Des larmes ruissellent le long de mes joues.
Aucune réponse. Il baisse seulement sa tête.
- QUI ÊTES-VOUS ?!
Il lève sa tête, me regarde dans les yeux.
- Aeternus et Umquam.
J'ai l'impression que mon âme est projetée en dehors de mon corps, plusieurs mètres derrière. Mon corps ne répond plus. Plus aucun de mes membres ne répond à ma volonté ou à mon cerveau.
Je crois que je tombe, ma tête touche le sol.
Je ne peux plus bouger. Je ne peux qu'écouter des paroles qui semblent venir de loin.
- ... Désolé Raphaelle...
Quelque chose de pointu transperse mon cou. Ça pique ma peau, ça brûle mes veines. Qu'est-ce que c'est ?
La nuit.
Hypothèses 3 et 4 : J'ai été méchante et c'est normal de vivre ce que je vis.
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Aeternus et Umquam - Tome 1
General FictionSi vous vous étiez réveillé(e) dans une pièce qui vous est inconnue, sans aucun souvenir et seul(e) : comment réagiriez-vous ? Raphaelle (c'est le prénom qu'ils lui ont donné) est confrontée à cette situation. Aucun indice ne lui est donné. Aucune...