Sixième page
J'ai lu les premières pages d'un petit journal. Je crois que je l'ai pris avec moi en pensant que c'était un livre. J'espère que son ou sa propriétaire ne m'en voudra pas. Encore désolée !
PS : Par contre ce n'est pas moi qui ai déchiré la cinquième page !
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Cette pauvre patiente me fait de la peine... Etait-ce une personne atteinte de la maladie d'Alzheimer ou de je ne sais quelle pathologie neuro-dégénérative ?
Il faudra que je demande de ses nouvelles.
Et moi, qui lui ai pris son journal... J'ai honte.
Mais je vais bientôt pouvoir me racheter. Aujourd'hui est mon dernier jour en tant que patiente. J'ai hâte de pouvoir me remettre au travail !
Je sors de mon lit et me dirige vers la petite salle de bain, attenante à ma chambre.
Je ressors habillée simplement (chemise blanche et pantalon) et je finis d'attacher mes cheveux avec une grande pince.
J'atteins le milieu de ma chambre quand mon ventre laisse échapper des bruits de famine.
Au même moment, la porte s'ouvre. Je le reconnais de suite.
- Aden !!
- Raphaelle ! Comment tu te sens ce matin ?
Il s'approche et me sers affectueusement dans ses bras.
- Bien ! Mais j'ai l'impression que ça fait une éternité que je n'ai pas mangé !
- Oh ! Dans ce cas, accepteriez-vous que je vous escorte jusqu'au restaurant de l'hôpital ? me demande-t-il en faisant une révérence.
Je souris.
- Avec grand plaisir !
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Pendant que nous mangeons dans la salle du personnel, Aden m'explique tous les examens que j'ai réalisé et les résultats les plus récents. Rien de spécial à signaler, mes analyses sont bonnes. Mais je ne vais pas pouvoir reprendre mes fonctions tout de suite, je dois aussi faire des tests et recevoir des injections quotidiennes.
- Je sais que j'ai toujours été maladroite. Mais là c'est le pompom ! Me faire poignarder par manque de discrétion et ma nuque qui cogne le coin du tabouret... Pince moi, je rêve ! J'ai eu de la chance de ressortir presque indemne.
- Oui, tu as la chance avec toi Raphaelle. Toute l'équipe a travaillé pour que tu te rétablisses le plus vite possible. Et dire que quand je t'ai retrouvée ce jour-là... Je suis tellement soulagé de te voir hors de danger !
- Mieux vaut en rire maintenant. J'espère au moins que tu ne les as pas trop malmené, les pauvres ! Ah ! J'ai retrouvé un journal dans ma chambre. Est-ce que tu sais si la propriétaire est dans les parages ?
- Ah... En fait, elle nous a quitté il y a peu. On savait qu'elle était à un stade avancé mais jusqu'au bout elle s'est battue contre la maladie. Elle ne voulait pas oublier...
- Oh non, c'est triste la pauvre...
Aden tendit sa main et caressa la mienne.
- Elle est partie en paix, je te le promets.
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Ça y est je suis dehors, avec ma valise. J'attends Aden, il est allé remplir le formulaire de fin d'hospitalisation. Quant à moi, je profite des rayons de soleil qui illuminent ma peau pour la première fois de l'année.
- Ah, pourquoi ai-je mis autant de temps à me réveiller ?
Une dizaine de minutes passe. Aden n'est pas encore là. Y a-t-il tant de papiers à remplir ?
Je crois qu'il m'a entendu. Il revient enfin, avec deux petites valises dans les mains.
- Je te cherchais ! me dit-il comme s'il avait fouillé tout l'hôpital.
- Et moi je t'attendais, lui répondis-je en souriant. Qu'est-ce que c'est ? demandais-je en désignant les valises.
- Oh, tes injections quotidiennes. J'ai bien vérifié leur date de péremption, leur conservation, leurs effets secondaires et tout ce qui pourrait être utile.
- Et dire que je comptais profiter de l'été... Si tu dois m'injecter une seringue par jour, je crois que je vais devoir rester dedans toutes les vacances. Tu sais bien que je ne tiens pas au soleil avec les médicaments...
- J'espère aussi que le traitement sera écourté ! Je ne veux pas que tu te caches comme si tu t'injectais ses substances illicites...
Je lui donne une petite tape à l'épaule.
- Rigoles tant que tu le peux, dès que j'en ai fini avec ça, partons en voyage !
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- AH ! MA MAISON ! MES MEUBLES ET MES VÊTEMENTS !
Il pouffe de rire.
Je monte l'escalier et file dans la chambre. Je saute sur le lit.
Aden me rejoint quelques minutes plus tard et me regarde faire. Je lui lance un oreiller, il l'attrape.
- Je vais faire une sieste, je peux te laisser faire le repas de ce soir s'il te plaît ?
- Si vous me le demandez, vos désirs sont des ordres madame. Reposes-toi bien.
Nouvelle référence de sa part avant de quitter la chambre. Je souris.
Je ne mets pas longtemps à m'endormir. A vrai dire, depuis le repas du midi, je suis fatiguée.
Mais tout va bien, je suis rentrée chez moi.
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Tu n'es pas Raphaelle.
Souviens-toi de qui tu es.
Enfuis toi loin, éloigne toi d'eux.
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Aeternus et Umquam - Tome 1
General FictionSi vous vous étiez réveillé(e) dans une pièce qui vous est inconnue, sans aucun souvenir et seul(e) : comment réagiriez-vous ? Raphaelle (c'est le prénom qu'ils lui ont donné) est confrontée à cette situation. Aucun indice ne lui est donné. Aucune...