Effets secondaires

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Troisième page

Je m'appelle Raphaelle. J'ai une amie : Héloïse. J'ai un mari : Aden.

J'ai eu un accident qui m'a fait perdre la mémoire. Je crois que je suis restée un moment dans le coma. Peut-être quelques semaines ? Je ne suis plus très sûre.

Apparement je vais mieux. Et je serai bientôt rétablie. Je n'ai aucune douleur ce matin. Je me sens bien, enfin normale quoi. Je ne sens aucune brûlure, aucun picotement.

J'ai pu marcher jusqu'à ma porte, je n'ai pas de vertige.

Je souris. Toute seule.

Maintenant que j'y pense, pourquoi je suis seule ici ? 

~~~

Je m'avance devant la porte. J'attends. 

D'aussi loin que je me souvienne, personne n'est venue me rendre visite. Ni ami, ni famille.

Quoique...

Je retourne lire mon journal. La première page. La seconde page.

Non, apparement je n'ai pas eu de visite. Même si je n'en suis pas certaine. 

Mais lire m'a fait me souvenir d'une chose : ma blouse me gratte encore. Est-ce la même blouse ? Il faut que je me change.

Je regarde sous le lit, l'unique mobilier de la pièce. Rien. 

Je fouille dans mon journal, au cas où un indice s'y cacherait. Rien.

Je m'assois sur mon lit, frustrée. J'arrache la couverture du lit, pour évacuer ma colère.

Le long tissu gris s'envole à l'autre bout de la pièce. En fin de compte, je fais de même pour le matelas (moins facilement vu la différence de poids). 

Je suis rapidement essouflée. Mais je veux en finir une bonne fois pour toutes : je renverse la sommier sur le côté.

- Pourquoi ?! Aaargh !!!

La porte s'ouvre. Le bruit qu'elle fait me fait sursauter.

J'étais tellement occupée que je n'ai entendu personne s'approcher.

Un homme en blouse blanche entre. Il est accompagné par deux hommes en combinaison noire. Leurs visages sont cachés.

- Euh, vous ne sauriez pas où je peux trouver des vêtements confortables ? Cette blouse me gratte un peu..., avouais-je en baissant la tête.

Ils vont me prendre pour une folle. C'est certain.

L'homme en blouse blanche me dévisage. Oui, il me prend pour une folle.

- Nous pouvons vous donner une nouvelle blouse, c'est tout ce que nous avons. Je suis sûr que...

Mensonge. Je ne le crois pas. Les deux personnes en combinaison non plus ne m'ont pas l'air gentilles. Ils me veulent du mal. Ils sont méchants.

- Pourquoi je ne me souviens de rien ? Qu'est-ce que vous m'avez fait ?! le coupais-je.

Les deux hommes derrière font mine d'avancer mais l'homme en blanc les arrête d'un seul geste.

La plaquette sur sa blouse brille. Docteur O. Tolec.

- Mademoiselle, nous sommes là pour vous aider. Vous pouvez me croire nous ne vous voulons aucun mal. Vous avez été blessée et vous avez ressenti de fortes douleurs récemment. Le traitement antalgique que je vous ai administré peut causer des effets secondaires : démangeaisons, excès de colère, bonne humeur...

- C'est faux !! Qui sont ces hommes derrière vous ?!

J'ai la tête qui tourne. Comme si ma voix tremblante de rage atteignait mon cerveau.

Le docteur Tolec fouille dans la poche de sa blouse. Sa main n'en ressort pas. 

Je sens son pouce presser un bouton. Pourquoi a-t-il une télécommande dans sa poche ?

- Calmez-vous mademoiselle, ce n'est pas bon pour votre de santé de vous énerver, m'avertit le docteur sur un ton nonchalant.

Son pouce presse un second bouton.

Ma vue se brouille. Je recule. Je dois m'éloigner.

Je plaque mes mains contre mes oreilles. Je ne veux plus l'entendre.

Je lui tourne le dos et j'avance. Je dois m'éloigner de ce docteur. 

Je m'arrête face au mur. Le mur.

Mes bras retombent le long de mon corps. Je ferme les yeux, mon front touche le mur. Les vertiges ne cessent pas. Je sens mon coeur battre, trop fort. J'entends mes veines frapper mes tempes. Je ne me sens pas bien. Une boule se forme dans mon ventre. Elle me ronge de l'intérieur.

- Mademoiselle. Essayez de respirer. Inspirez. Expirez.

Il se rapproche de moi. J'ai envie de le cogner contre ce fichu mur. Mais je n'y arriverai pas.

Une main saisit mon bras gauche, avec force. J'essaie de le repousser mais je n'arrive même pas à le faire bouger d'un millimètre. Je me retourne. Les deux hommes en combinaison ! Je les ai oubliés !

L'autre m'attrape le bras droit. Et en moins de deux secondes, je suis clouée au sol. Ils me maintiennent immobile de toutes leurs forces comme si je pouvais moi-même soulever un immeuble. J'ai du mal à respirer avec toute cette pression.

- Vous ne réagissez pas aussi bien au traitement comme nous l'espérions mademoiselle. Vous nous obligez à en arriver là.

Sa main se pose sur mon front. Il décale légèrement ma tête. Je ne parviens pas à voir ce qu'il fait. Je distingue juste une couleur dans mon champs de vision qui apparaît : violet.

Je sens quelque chose de pointu se planter dans mon cou. Le liquide me brûle les veines. Silence. 

La nuit.

~~~

- Elle a résisté aux ordres de la puce. 

- Si on ne peut plus la maîtriser par la technologie, vous devez nous trouver une autre solution !

- Peut-être que M. Dowson pourrait la contenir, au niveau psychologique je veux dire.

- La dernière fois, il a échoué. Il a failli y passer.

- Mais avec des injections quotidiennes il pourrait la maîtriser. Toute mon équipe et moi travaillons sur un nouveau remède qui pourrait la rendre comme nous.

- Très bien, essayons. Mais si Dowson échoue à nouveau, vous serez aussi reponsable que lui !

Aeternus et Umquam - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant