L'orphelin

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Ça me fait toujours un petit quelque chose de sortir de cet hôpital, surtout quand j'en sors en tant que patiente. Je dois dire que ça ne me donne pas vraiment envie d'y retourner même pour le travail... 

Mais bon, après mon échec sur le terrain (alors que je n'attendais que ça), je dois aussi savoir écouter Aden et les autres membres de l'équipe. Si je suis en incapacité de faire un boulot, autant me rendre utile ailleurs. Je ne veux pas non plus être un boulet pour les autres, même s'ils me manquent déjà.

D'un autre côté, je suis rassurée de voir que je ne suis pas seule. Evan est aussi rentré à la case départ, pour d'autres raisons, mais il est là.

En revanche, notre duo n'est pas du tout le même que celui que j'avais avec Audrey. Comment dire... Je me confiais souvent à elle et j'appréciais sa présence, amicale et bornée. Mais Evan, il a un côté solitaire. J'ai l'impression qu'il est en colère contre moi parfois, sans aucune raison. J'essaie de rester ouverte d'esprit, après tout il a eu des périodes difficiles à gérer et un neveu à charge... 

En tant que militaire qui a perdu une partie de sa famille dans une Catastrophe, faire équipe avec une maladroite qui frôle la mort de la manière la plus idiote possible et qui survit, ne fait pas rêver... Non, ça ne peut pas être ça, ce n'est pas de la jalousie ou du mépris... J'aimerai bien aborder le sujet pour comprendre de quoi il en retourne mais c'est compliqué d'aborder le sujet naturellement...

- Raphaelle, tu as finis de rédiger la partie sur les algues fluorescentes ? Je vais l'envoyer avec le reste du rapport en début d'après-midi.

Oh non ! J'ai pas finis mon rapport d'hier !

- Oui Evan, je finis le paragraphe et je te l'envoie.

Je m'efforce de lui sourire tandis qu'il garde ses yeux perçants rivés sur moi. Je détourne le regard et trouve l'inspiration pour mon rapport. J'ai du mal avec les rapports c'est tellement ennuyeux que je suis souvent en retard ! C'est peut-être pour ça qu'il est en colère en fait.

Je tappe sur les touches du clavier tellement vite qu'on dirait que j'essaie de rejouer une œuvre de Mozart au piano, ou tout simplement que je vais casser le clavier.

Evan lâche un soupir de fatigue et se lève.

- Je vais me chercher un café. Tu en veux un ? me propose-t-il comme s'il s'efforçait d'être agréable.

- Oh non merci, ça ira. Tu peux faire ta pause si tu veux, j'aurais probablement fini à ton retour.

Il me scrute et finis par hocher la tête.

Une fois qu'il referme la porte derrière lui, je me recroqueville.

Pourquoi il est comme ça avec moi !

~~~

Finalement (et pour une fois) le rapport est envoyé dans les temps. Mais je suis épuisée, mon cerveau ne répond plus. Même après ma pause du matin, et celle du déjeuner.

Je suis jeune, j'ai le corps d'une jeune adulte et les capacités motrices d'une dame âgée. La dernière fois que ça m'est arrivée, j'ai dû dormir au moins dix heures pour revenir à mon état normal.

Bien entendu, je n'en parle pas à Aden, il va s'inquiéter si je lui dis. Heureusement pour moi, il nous a fait un petit cadeau pour le reste de la journée.

- J'ai pu avoir Aden au téléphone ce midi. Il m'a dit qu'on avait quartier libre si on voulait. Donc pas besoin de travailler si tu ne veux pas, j'annonce fièrement à mon coéquipier en rentrant dans le bureau.

- C'est bien, mais je préfère m'avancer pour la semaine prochaine. Tu peux partir si tu veux, rétorque Evan.

Il est concentré dans son travail comme si sa vie en dépendait.

Aeternus et Umquam - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant