Aeternus et Umquam - Tome 1

Déviation

Depuis mon monologue face à Aden, je ne fais que des cauchemars. Et depuis peu, des insomnies persistantes. Je sens que je deviens aigrie mais je me dis que ça pourrait arriver à n'importe qui alors tant pis.

Au moins, on dirait que je ne suis pas la seule à traverser ce passage. À la maison, Aden fait un effort pour ne plus me poser de questions mais je vois bien qu'il le prend sur lui. Nous étions tellement inséparables, nous nous confions tout mais ce n'est plus le cas. 

Il y a comme qui dirait des grumeaux dans cette relation dont la recette prévoyait un mélange lisse et homogène.

Au travail, Audrey se force à me sourire. Elle a arrêté de me parler comme d'habitude, elle essayait de me faire parler en me posant des questions mais je ne répondais que très vaguement. Son visage n'avait jamais adopté une expression pareille, c'est comme si on lui avait imprimé la définition du mot "dégoût". 

Un soir, elle a annulé notre sortie shopping à cause de la neige. Alors au lieu de rentrer, j'ai décidé de la suivre et je l'ai finalement vu, elle avec mon cher mari. Ils discutaient au début mais après le ton s'est mis à monter. Ils se sont disputés et le pire c'est que j'entendais mon prénom dans leur conversation.

Maintenant, à chaque fois que je la croise, je m'oblige à me taire mais j'aimerais tellement savoir de quoi ils parlaient. 

J'ai demandé à Cassie s'il s'était passé quelque chose pendant qu'ils exploraient le lieu de la Catastrophe alors que j'étais dans les bureaux. Malheureusement, elle m'a dit qu'elle n'avait rien remarqué de spécial.

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Aujourd'hui je travaille au bureau avec Audrey et Cassie. Nour, Thiago, Hadil et Ian sont en formation. Quant à Evan, il a pris un jour de congés pour s'occuper de son neveu.

- Audrey, je vais faire une pause. Tu veux que je te prenne quelque chose ?

- Non. Vas-y.

Elle est de mauvais poil depuis sa dispute avec Aden. Je me fige devant sa réponse, ça me surprend. Et elle a vite remarqué.

- Oh ! Euh... Désolée j'ai des problèmes à la maison... Je suis un peu à cran, excuse moi.

- Non ne t'en fais pas, c'est rien.

Je quitte le bureau et retrouve mon endroit à l'abri des regards : les escaliers.

- Pourquoi tout s'écroule alors que je me sentais tellement bien avant ?

Je soupire longuement en laissant ma voix résonner le long des murs. 

- Ressaisis-toi et avance Raphaelle. Tu n'as qu'à travailler, je m'encourage.

Je ferme les yeux un instant. Je veux juste me concentrer sur ma situation.

Quand je les rouvre, il fait sombre. La lumière automatique a dû s'éteindre en l'absence de mouvement. Je me relève pour l'activer mais la lumière ne s'active pas au dessus de moi comme elle le devrait. Elle vient d'en bas, une lumière jaune, orangée. Du feu.

- Oh non ! À l'aide, il y a le feu !

- C'est pour ça que je t'ai demandé d'avancer. Mais tu n'as pas bougé.

C'est ma voix ? Attends, c'est mon autre moi, elle est encore là !

- Où es-tu ? Je vais t'aider !

- Je t'ai pourtant dit que je devais disparaître, tu ne peux plus rien pour moi. Pars.

- Non !