11. BRYANT

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- Tu peux aller mettre la table pendant que j'égoutte les pates s'il te plaît mon chéri ?

Ma mère ne m'appelle par un surnom affectif que lorsqu'elle a une mauvaise nouvelle à m'annoncer, c'était le cas quand j'ai appris pours Destiny. Je l'écoute et place trois assiettes sur la table.

Mon père n'est pas encore rentré du travail ce qui n'est pas très étonnant étant donné qu'il fait beaucoup d'heures supplémentaires.

- Il faudrait que tu mette un couvert de plus, il y a quelqu'un à la maison ce soir.

A cause de nos problèmes d'argent, mes parents n'ont pas le temps de se faire des amis et ne peuvent pas se permettre de recevoir des invités. En plus de cela, avec le déménagement, ils ont perdus contact avec ceux qu'ils avaient avant.

Je me méfie un peu du comportement de ma mère quand elle est comme ça.

La porte s'ouvre une première fois, et mon père apparaît dans mon champ de vision les traits déformés par la colère.

C'est effrayant de le voir dans cet état alors qu'il a toujours été un homme très calme et patient qui ne laissait jamais ses émotions prendre le dessus sur la raison.

- Tu te moque de moi là ?! Tu ramène ce type et j'apprends qu'il compte diner à la même table que celle de ma femme, de mon fils et de la mienne ?

La porte s'ouvre à nouveau m'offrant une vue sur un inconnu. Il porte une chemise de bucheron ainsi que des bottes de jardinier. Il a aussi des mains très sales, des bouts de terre sont visibles sous ses ongles.

À l'inverse de mon père, cet homme là n'est pas de très grande taille.

- S'il te plaît Bill, calme toi et viens t'assoir que je puisse tout vous expliquer, rétorque ma mère suppliante.

Elle nous fait signe de nous assoir et tout le monde prend place autour de la table, en attendant des explications de la part de la seule femme de la maison.

Malgré moi, je me doute un peu de ce qu'elle s'apprête à dire, et mon père aussi, c'est pour ça qu'il est autant énervé. Je sais maintenant d'où je tiens le fait de transformer ma tristesse en colère.

L'assiette pleine de simple pâte, je n'entame pas mon repas.

- Depuis le décès de notre fille, je pense que nous avons tous pu remarquer comment l'ambiance avait changé à la maison depuis, et plus particulièrement ma relation avec ton père Bryant.

Elle parle avec sa petite voix qui n'a jamais été plus désolé qu'à ce jour. Personne n'arrive à avaler quoi que ce soit, à part cet inconnu assis en face de moi et dont j'ignore complètement le nom, l'âge, le statut familial, la relation avec ma mère, la raison de sa présence ici, ce qu'il a fait pour rendre mon père dans cet état ni même où il habite.

- Tu ne me montrais plus aucun signe d'affection et j'étais dans un état tellement bas que le soutien que tu ne m'apportais pas était la seule chose qui comptait pour moi, et même si ce n'est pas une excuse, c'est pourquoi j'ai commencé à te tromper.

Ses lèvres se mettent à trembler et ses yeux se remplissent de larmes qu'elle ne parvient pas à rattraper.

- Je regrette tellement, ce n'était pas la solution à nos problèmes; au contraire. Je te présente Georges Benetton, mon amant, l'homme dont je suis tombée amoureuse.

A ces mots, le gars porte sa main blanche sur celle noire de ma mère et la caresse à l'aide de son pouce. Son geste me dégoûte tellement et je peux assurer que c'en est de même pour mon père. Surtout que ce Georges n'a pas l'air de faire ça uniquement pour rassurer ma mère mais plus pour embêter mon père.

OLIVIAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant