Peut être qu'un jour mon cœur se délivrera de cette partie douloureuse dont je ne parle pas. J'espère qu'un jour, je serai capable d'accepter et d'oublier mais de ne pas pardonner. Car le pardon n'est pas quelque chose d'inné chez moi, à la moindre petite erreur je perds tout intérêt pour la personne qui l'a commise.
Le deuil de ma grande sœur a été très dur à faire; j'ai mis beaucoup trop de temps avant d'enfin réussir à réaliser sa mort. Me rendre compte que plus jamais je ne la reverrais le sourire aux lèvres me raconter comment s'est passé sa journée ni entrain de mettre le bordel dans la cuisine en essayant de se découvrir des talents qu'elle n'a pas pour la pâtisserie.
Je me suis tellement remis en question car j'ai compris que si elle en était arrivée là, c'était en partie ma faute.
Depuis la derniere fois où ses poumons se sont vidés d'air, je garde sa chaîne en argent autour de mon cou, je l'ai attaché autour de mon cou le jour même et je ne l'ai plus jamais enlevé. Destiny était croyante, elle avait cette foi envers le Seigneur que moi je n'ai pas. Que je n'arrive pas à avoir.
Son collier est une sorte de punition que je m'inflige, pour me rappeler que ma grande sœur n'est plus sur Terre, et qu'elle n'a jamais rien mérité de tout ce que je lui ai fait subir par jalousie. Je ne supportai pas de voir tout l'amour de mes parents aller pour elle mais jamais vers moi.
Alors que Destiny était toujours là pour moi, j'avais l'impression qu'à chaque fois où elle était gentille avec moi c'était simplement pour que nos parents l'aiment plus encore. J'avais si peu confiance en moi que j'ai décidé de haïr la seule personne capable de m'aider.
Maintenant qu'elle est morte mes parents ne m'apprécient que lorsque je leur renvoi l'image de leur fille à travers moi. Alors j'ai fini par abandonner, car même avec tous les efforts du monde, ils ne m'aimeront jamais autant que ma sœur, je n'ai pas de place dans leur vie, je serai toujours de trop.
Désolé de ne pas être Destiny.
C'est pour ça que je fais du hockey, pour obtenir de l'attention. J'ai commencé sur un coup de tête quand j'avais douze ans grâce à un copain, et j'ai tellement aimé l'ambiance des entraînements, des matchs, des encouragements et de l'équipe que je n'ai jamais pu arrêter. J'ai vite compris qu'il fallait être fort sur le terrain pour se faire remarquer et être apprécié du public alors je me suis entraîné tellement dur avec l'espoir qu'un jour je connaîtrais cette sensation que d'être aimé.
Ma vie est déjà toute tracée, dès que je serai diplômé, j'irai étudier à Boston et j'intégrerais l'équipe universitaire de hockey où je deviendrais professionnel par la suite.
- Dégage connard !
Je lance un regard dédaigneux au conducteur de la voiture qui se trouve juste en face de moi. Je n'avais pas remarqué que je m'étais arrêté au plein milieu du passage piéton. L'homme a sorti sa tête par la fenêtre de sa voiture familiale rouge et me fixe en attendant que je me décale pour qu'il puisse passer.
Un grand sourire aux lèvres, je retire mon sac de mon dos et l'ouvre lentement afin d'en sortir une bouteille de soda que j'avais acheté un peu plus tôt dans la journée.
Vu le regard qu'il me lance, je ne suis pas certain qu'il apprécie de voir que je me fou ouvertement de sa gueule dans le but de l'énerver encore plus qu'il ne l'est déjà. J'aime beaucoup jouer avec la patience des gens, d'autant plus que ce batard m'a insulté !
Et puis c'est quoi son problème ? Le passage piéton est destiné aux piétons, je ne suis ni dans une voiture ni sur un vélo alors je pense pouvoir être considéré comme l'un d'entre eux ce qui signifie que j'ai tous les droits de me retrouver ici.

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OLIVIA
Romance- Tu ne devrais pas manger un petit truc avant d'y aller ? - J'ai déjà mangé hier. Olivia retourne au lycée pour sa dernière année après avoir passé les dix derniers mois en hôpital pour guérir ses troubles du comportement alimentaire. Elle se retro...