05. OLIVIA

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Ça fait deux semaines que j'essaye d'ignorer tous les appels et les messages qu'il m'envoie, souhaitant retarder le plus possible le moment où je devrais tout lui expliquer. Mais je ne peux plus ignorer la conversation que nous devons avoir.

- Putain, Olivia tu as décroché ? 

Je n'ose pas répondre, lui qui faisait partie de l'une des personnes les plus importantes de ma vie...

- Il faut vraiment qu'on ai une discussion Olivia, je t'ai laissé suffisamment de temps pour te préparer alors tu n'as pas d'autres choix que de passer au club cette après-midi.

Le club se situe juste à côté de la patinoire, il y a tous les bureaux des gérants du club ainsi qu'une grande salle où l'on avait l'habitude de fêter chacune de nos victoires.

- D'accord, finis-je par murmurer.

- Tu n'as pas intérêt à te dégonfler, j'en ai sérieusement marre.

Puis il raccroche en me laissant cette même boule au ventre immense que j'avais à chaque fois que je devais monter sur la glace. Cette anxiété qui me bouffe de l'intérieur au point de me laisser des séquelles sur mon corps.

Je tourne la tête en direction de la fenêtre où le temps se fait de plus en plus frais. Le soleil se lève tard et se couche tôt, nous laissant croire que les journées se font plus longues. Bientôt l'été ne sera plus qu'un souvenir lointain et Lennon sera obligée de venir au lycée avec ses gros pulls en laine qu'elle adore mettre en hiver. 

Mes mains sont prises de légers tremblements, je ne sais pas si c'est parce que j'ai froid ou si c'est dû au stress, alors dans un effort qui paraît surhumain face à mon épuisement, je me lève afin d'aller chercher un plaid et m'enroule à l'intérieur en me jetant sur le canapé. 

La télé allumée, je cherche quelque chose à regarder. Toujours accompagnée de ma tasse de café avec majoritairement du lait et du sucre, j'opte finalement pour le premier Harry Potter. J'adore cette saga, je les connais presque par cœur mais c'est tellement réconfortant.

Ça m'a toujours donné envie de vivre à Poudlard moi aussi et d'apprendre à faire des potions ou des sortilèges. Vivre dans un école comme celle-là, avec des uniformes et des traditions. Dormir dans un dortoir avec d'autres filles qui deviendrons toutes mes copines et où les chats sont autorisés. Idéaliser chaque chose que je ne pourrais jamais vivre et à la fois réconfortant et déprimant.

Mon père est sortit de la maison tôt ce matin, je ne sais pas où il est, avec qui ni ce qu'il fait ou même quand est-ce qu'il rentrera. Un peu comme d'habitude finalement.

Je donnerais tout pour redevenir une petite fille, l'époque où j'étais encore une princesse aux yeux de mon père. Quand il me récupérait de l'école avec une nouvelle peluche et m'emmenait boire un smoothie dans l'ancien restaurant d'un de ses copains.

Aujourd'hui il est remplacé par une usine très peu écologique.

C'est nul, j'ai longtemps pleuré d'être témoin de la destruction d'un des endroits ayant accueillis la plupart de mes bons souvenirs d'enfance sans rien pouvoir faire. Mais ça ne sert à rien de pleurer pour un bâtiment. 

Ça ne sert à rien de pleurer tout court.


°°°


Depuis presque dix minutes maintenant, ni lui ni moi n'avons dit quoi que ce soit. 

Les yeux rivés sur l'horloge fixée au mur en face de moi, je compte les secondes passées au rythme du bruit qu'émet la grande aiguille. 

OLIVIAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant