J'ai tout fait pour retarder ce moment le plus possible. J'ai décalé l'alarme de mon réveil au plus tard possible, j'ai pris une longue douche en me savonnant plusieurs fois et je me suis même posé des faux ongles.
Ils sont moyennement longs ce qui ne m'est pas très pratique, mais je n'ai pas résisté plus longtemps : ils sont tellement jolis.
- Ton père n'est pas là ?
Je sursaute et me lève maladroitement en apercevant mon coach les bras croisés en face de moi. Je ne l'avais pas entendu arriver.
Je secoue la tête de gauche à droite en retirant ma veste que je laisse dans les vestiaires. Il n'y a presque personne à cette heure là.
- Alors qu'est-ce que tu attends ? Vas t'échauffer.
- Mon père n'est pas au courant.
Il arque un sourcil par dessus sa paire de lunette carrée en rétorquant :
- Et bien préviens le vite, tu as ton premier gala dans un mois et il me faut absolument la signature de ton père pour t'inscrire dans le championnat, c'est la procédure et tu le sais.
Déjà ? C'est encore plus tôt que ce que je pensais. Je triture les coutures de mon tee-shirt avant de rentrer sur la glace, elle est encore plus fraîche qu'hier soir. Je ne veux surtout pas en parler avec mon père, il serait tellement en colère contre moi que j'ai peur que quand il l'apprendra il m'aimera encore moins que maintenant.
De toute façon ce n'est surement pas la première fois que j'aurai à imiter sa signature.
J'effectue des premiers tours de piste tout en échauffant mes diverses articulations afin de ne pas me blesser bêtement, puis une dizaine de minutes plus tard mon coach se décide enfin à commencer mon entraînement.
Au bout de deux heures de pratiques intenses, je suis tellement essoufflée que je ne parviens plus à me tenir droite.
Et mes pieds me font mal, j'ai l'impression qu'on me brûle les orteils. Je ne suis plus habituée à pratiquer autant de sport d'un coup, encore moins lorsque mon entraîneur m'a concocté la punition parfaite à réaliser à chaque fois que je ne réussirai pas un mouvement.
Autant dire que j'ai passé plus de temps à faire des squats et des burpes qu'à tournicoter sur la glace.
De toute façon, je ne suis plus aussi bonne qu'avant, mon niveau a tellement régressé pendant tous ces mois à rester allongée dans un lit. Où à chaque fois que je marchais ne serait-ce qu'un tout petit peu trop vite, des infirmières se hataient de venir m'arrêter. Comme si je n'avais pas respecté une limitation de vitesse qui nous était imposée.
C'est stupide.
Mais en même temps si compréhensible.
Une fille qui faisait énormément de sport pour maigrir alors qu'elle n'en avait pas la force.
C'est moi qui suis stupide.
Je rentre dans le vestiaire des filles vide, et sors un gel douche ainsi qu'un shampoing de mon sac de sport, puis rejoins les douches communes.
Quand j'étais petite, j'étais copine avec toutes les filles de mon groupe de patin, je crois que nous devions être au maximum neuf.
À cette époque, nous n'avions pas souvent de compétition, on patinait seulement pour s'amuser.
De temps en temps, des spectacles étaient organisés où nos spectateurs étaient nos parents.
Dès que l'entraînement était fini, on se rejoignait dans les vestiaires en prenant le plus de temps possible car on ne voulait jamais rentrer. On préférait rester bavarder entre nous à faire des batailles d'eau plutôt que de rentrer chez nous et d'attendre une semaine entière avant de se retrouver.

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OLIVIA
Romance- Tu ne devrais pas manger un petit truc avant d'y aller ? - J'ai déjà mangé hier. Olivia retourne au lycée pour sa dernière année après avoir passé les dix derniers mois en hôpital pour guérir ses troubles du comportement alimentaire. Elle se retro...