08. BRYANT

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Ses yeux noisettes se perdent dans les miens plus foncés encore, elle me regarde étonnée mais ne sachant pas quoi faire, je me contente de retirer ma main et de continuer à faire semblant de comprendre les exercices.

Je ne sais pas ce qu'il m'a pris, les trucs comme ça m'ont toujours angoissés. Un même bruit répétitif comme le grésillement d'une ampoule ou les gens qui tapent leurs doigts sur une table. Je ne supporte pas non plus les gestes comme ça qui ne semble jamais s'arrêter.

Ça me donne l'impression d'être bloqué, je n'arrive plus à me focaliser sur autre chose ce qui me met en colère d'un coup contre le monde entier alors que ce n'est rien.

- Je sais qu'on se connaît, me dit-elle soudainement comme si elle non plus ne s'attendait pas à dire ça.

- Et alors ?

- Alors je sais pas, c'est troublant de faire comme si rien ne nous liait alors que Destiny comptait énormément pour moi.

Peut être qu'un jour j'arriverais à parler de ma sœur sans avoir envie envie de détruire le monde entier, de me venger de tous ceux qui ont causé sa mort même si j'en fais parti. C'est plus facile de se faire du mal à soi même que d'admettre la vérité.

Voyant que je ne compte pas lui répondre, elle se pince les lèvres honteuse et baisse son regard vers ma chaîne.

- Le collier, Destiny y voyait une signification qu'elle a toujours refusé de me révéler, mais elle souhaitait qu'il te revienne.

Mes souvenirs se rassemblent, Destiny avait foi en Dieu, comme tout le reste de la famille à part moi. Ça la rendait bonne, elle était toujours gentille même envers les gens qui ne le méritaient pas. Elle voyait le bon chez tout le monde et répétait que le mauvais ne nous concernait pas. 

J'avoue que je ne comprenais pas très bien le sens de ses paroles jusqu'à maintenant. C'était surtout une façon de vivre heureux, selon elle, en tant qu'humain nous ne devions pas agir vis-à-vis des pêchés des autres car c'est à Dieu de faire justice. 

Se venger ne servait qu'à gâcher sa vie; on ne peux pas être heureux si on est méchant avec tout le monde.

Olivia n'a pas les joues aussi creuses que les avaient ma sœur, elle n'a pas non plus les clavicules qui ressortent et ne paraît pas autant fragile. Son corps est fin, mais il n'a plus l'air malade. 

Ses lèvres s'entrouvrent mais elle est rapidement coupée par une alarme qui retentit dans tout le lycée. Surement un exercice incendie.

- Tout le monde debout, allez, on se dépêche ! Non Justin, ce n'est pas un exercice attentat, ne te met pas sous la table.

Lorsque je me rappelle qu'Olivia s'apprêtait à me dire quelque chose, elle est déjà partie avec sa copine et je sais que la discussion était terminée.

Luca me rejoint, mes sourcils épais se froncent alors qu'une légère odeur de cramer infiltre mes narines.

- Tu sens ?

- De quoi ?

Je renifle encore une fois pour m'assurer que mon nez ne me joue pas des tours, mais encore une fois, je sens le cramé.

- C'est juste un exercice tu crois ?

Il se met à rire suite à mes paroles comme si j'avais dit la chose la plus stupide au monde mais je ne peux m'empêcher de remarquer la présence de la petite veine sur son front qui n'apparaît que lorsque Luca est angoissé.

Après ça, je n'essaie pas de relancer la conversation. Luca a l'air trop dans ses pensées pour m'écouter correctement.

Une fois que tous les élèves sont réunis à l'extérieur du lycée, le proviseur demande le silence afin de faire un discours. Il est entouré de pompiers et de policiers et commence à parler.

OLIVIAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant