OLIVIA

10. OLIVIA

Les boucles blondes de Lennon viennent chatouiller mes joues alors qu'elle me prend dans ses bras de son air jovial habituel.

- Ah, qu'est-ce que j'ai de la chance d'avoir une mamie blindée ! s'amuse t-elle en brandissant plusieurs billets de cinquante dollars.

À l'aide de mon coude, je lui donne un léger coup dans son ventre tout en pouffant de rire.

- On commence par quoi ? me demande-t-elle sachant très bien ce que je vais répondre.

J'agrippe sa main et la dirige dans le centre commerciale afin de rejoindre ma boutique de vêtement préférée. Ils ont les plus beaux vêtements de tous les temps et à des prix abordable, mais ce que nous préférons toutes les deux, c'est les cabines d'essayages qui sont très spacieuses et sont dotés de néons roses et de grands miroirs.

Grâce à toutes les décorations et la musique qui résonne dans les enceintes, j'adore le mood que dégage cet endroit.

On fait notre sélection de vêtements, puis nous dirigeons avec hâte pour notre session essayage. Comme personne n'est là à part nous, Lennon pose son téléphone sur une table rose où trônent des verres à pieds, puis elle démarre une vidéo et nous commençons à défiler comme des mannequins sur un podium.

Lennon porte une robe courte dans les tons roses, oranges qui va à merveille avec son teint pâle avec un immense décolleté qui descend jusqu'à son nombril.

La mienne est tellement courte que je dois mettre une main pour cacher ma culotte lorsque je me baisse. Elle est bleue nuit et son dos nu rend la robe magnifique.

Nous nous positionnons devant l'un des miroirs et commençons à se prendre en photo en faisant pleins de poses différents.

On sait aussi bien l'une que l'autre que la plupart des photos ne seront pas sérieuses et que seulement deux ou trois seront réussies.

Au final on repart sans aucun vêtement, mais avec une longue vidéo et une tonne de photos.

- Ça sent trop bon Liv', on est obligé de s'arrêter ! m'implore-t-elle lorsque nous passons devant un monsieur qui vend des crêpes sur un stand.

Je pince mes lèvres entre elles en hochant la tête.

Quand j'étais petite, je prenais tout le temps des crêpes au chocolat, mais maintenant je pense que je vais me contenter d'une crêpe nature. Pour dix grammes de chocolat fondu, on prend quarante kilocalories.

Les mathématiques ne m'avaient jamais intéressées avant que je me mette à compter mes calories et faire toutes sortes de calculs inutiles à propos de ça.

- Et moi, je vais vous prendre une crêpe au Nutella s'il vous plaît, avec de la chantilly !

Ce n'est pas parce que je vais mieux que j'ai guéri.

En entendant la phrase de Lennon, les battements de mon cœur se mettent à résonner moins fort qu'il y a tout juste deux minutes.

C'est rassurant de voir que les autres mangent plus que nous. Ça me rassure de savoir que ma meilleure copine prendra plus de poids que moi après cet encas même si cette différence est minime. Pour nous, les malades, ça compte.

Et c'est malsain, mais c'est la réalité.

J'ai beau l'aimer de tout mon être, je n'ai pas envie qu'elle soit plus maigre que moi, je n'ai pas envie que n'importe quelle fille sur terre soit plus fine que moi.

J'avais même l'habitude de me comparer à des gamines de dix ans.

- Et voilà pour vous mesdames, nous prévint le cuisiner d'un sourire bienveillant en nous tendant nos crêpes. Passez une belle journée !