OLIVIA

06. OLIVIA

Je n'ai jamais su de quelle origine j'étais. Je sais que j'ai des traits asiatiques que je tiens de ma mère, mais quel pays exactement ?

C'est une question que je n'ai jamais osé poser à mon père, je trouvais ça déplacé de lui montrer de l'intérêt pour ma mère alors qu'elle nous a lâchement abandonné.

De toute façon mon père s'est toujours très bien débrouillé, même si je n'avais pas cette figure maternelle avec qui partager mes histoires de cœur ou encore de mes premières règles, mon père a toujours tout fait pour moi et grâce à lui je n'ai jamais manqué de rien.

Il m'a acheté pleins de protections hygiéniques quand j'ai eu mes tous premiers saignements à onze ans, il a même été capable de m'expliquer comment cela fonctionnait alors que lui même n'en avait jamais utilisé.

Il s'occupait de moi lorsque j'étais malade et venait faire les boutiques avec moi même si ça ne l'intéressait pas juste pour le plaisir de me voir sourire et surtout d'en être la cause. 

C'était le meilleur papa que j'aurais pu rêver d'avoir, avec lui je n'avais pas besoin d'une maman. Quoi de plus m'aurait-elle apportée alors que je recevais déjà tout l'amour du monde rien qu'avec mon papa.

Mais je ne suis plus la petite fille à son papa maintenant. 

- Salut papa, fis-je hésitante.

Sa réponse n'est pas celle que j'aurai espérée, mais c'est celle que je prévoyais. Il me salut d'un petit mouvement de tête avant de remettre le nez dans ses papiers. Il se fait couler un café et je l'entends partir de la maison avec sa voiture. 

Je ne sais pas où il compte aller, depuis que je suis rentrée, il ne me tiens plus informée de grand chose. Je vais devoir commencer à me préparer, je dois être à l'épicerie dans deux heures.

Dans un gobelet transparent, je finis de remplir mon thé glacé en rajoutant toujours plus de glaçons que de boisson. Les glaçons ont une texture que j'adore croquer, même si ce n'est pas très bon pour les dents, j'ai découvert une vraie passion pour me nourrir de façon excessive uniquement de glaçons.

D'autant plus que ce n'est pas calorique du tout puisqu'il s'agit simplement d'eau.

Les seuls vêtements que j'ai envie de porter sont mes draps enroulés autour de mon corps cependant je me vois mal arriver devant Dannie dans cette tenue. Déjà qu'elle me juge à chaque fois que je me pointe vêtue d'un gros sweat et d'un jogging trop grand pour moi.

J'enfile un grand pull en laine beige ainsi qu'un simple pantalon noir et me met face à mon miroir en attrapant ma brosse à dents.

Mes cheveux noirs ont l'air si fragile et abîmés qu'ils me donnent juste envie de tous les arracher.

Ils ne tombent plus autant qu'avant, c'est l'un des signes qui prouve que je ne suis plus aussi malade qu'à l'époque. J'ai aussi retrouvée mes règles au plus grand bonheur de Lennon qui me voyait prendre des protections hygiéniques lorsque l'on trainait ensemble.

En revanche, j'ai toujours constamment froid, comme si peu importe la chaleur qu'il fait mon corps sera toujours frigorifié et apte aux frissons.

Je ramène mes cheveux derrière mes oreilles et applique une crème hydratante sur mon visage pâle.

J'ai toujours détesté mes lèvres, je les trouvais trop fines.

C'est bizarre d'adorer un critère physique pour une partie du corps mais de la haïr pour une autre.

Des lèvres pulpeuses n'iraient pas avec mon visage, ça donnerait un effet pas naturel et bizarre alors je préfère me contenter d'appliquer un peu de gloss repulpant.