Chapitre 2

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L'avant-veille, chez les Gryffindors.

Harry passait encore une fois, excédé, la main dans ses cheveux pour rabattre les insupportables mèches qui ne manquaient pas de tomber devant ses yeux toutes les trois minutes en moyenne ( avec un écart-type si petit qu'il pouvait très bien prévoir quand l'incident ennuyeux aller arriver à nouveau ). Cela n'énervait pas que lui, d'ailleurs. Hermione prétendait que le mouvement qu'il faisait pour remettre en place ses cheveux la déconcentrait et l'empêchait de lire. Il faut dire que le sujet de son livre, « Influences lusitano-slaves dans l'art sorcier du haut Moyen-Âge en Angleterre », laissait présager une difficulté de lecture hors du commun.

« Harry ! Fais quelque chose pour ces cheveux ! C'est insupportable ! » finit-elle par s'écrier.

Harry se contenta de hausser les épaules et continua son pensum – récolté en Potions – est-il nécessaire de le préciser ?

« Arghhh ! »

Le cri d'Hermione lui apprit qu'il avait refait le geste énervant. Il daigna alors lever les yeux de son parchemin.

« Bon, d'accord, j'irai chez le coiffeur samedi... »

« Pourquoi attendre samedi ? Tu n'as pas besoin d'aller chez le coiffeur, il existe des quantités de façon de raccourcir tes cheveux magiquement. » lui fit remarquer Hermione.

« Le coiffeur, ça devrait seulement être quand on a besoin de se faire une coiffure 'supporter' avec des balais, des drapeaux, des mèches oranges... »

Laissant Ron expliquer dans le vide comment il serait coiffé pour le prochain match des Canons de Chudley auquel il pourrait assister, Hermione se tourna à nouveau vers Harry :

« C'est vrai, pourquoi tu ne te débrouilles pas tout seul ? Presque tout le monde le fait, sauf quelques filles 'à la mode'. »

Hermione prononça ces derniers mots avec une moue dédaigneuse.

« Justement, rêva tout haut Harry complètement hors de propos, les filles du salon de coiffure sont très sympa... »

« Héhé, on aurait dû y penser, Hermione, il y va pour draguer les jeunes coiffeuses. »

« Eh bien, les étudiantes d'Hogwarts ne te suffisent plus ? » ironisa-t-elle sans méchanceté.

« Au moins, elles ne sont pas toujours fourrées dans des bouquins impossibles, elles. » lui répliqua Harry avec un peu d'amertume, mais ses deux amis ne s'en rendirent pas compte et continuèrent à plaisanter.

« Tu ne vois pas, Hermione. » expliqua Ron à son amie qui était un peu vexée par le commentaire d'Harry, « Qu'il est pour l'instant à la recherche de frivolité, chose que tu serait incapable de lui apporter même si ta vie en dépendait ! »

« Hé ! Ma cousine est coiffeuse et elle n'est pas frivole ! Tu sais que je déteste ta façon d'étiqueter les gens. » s'écria Hermione, toujours très malhabile à trier le sérieux de la plaisanterie.

« Je sais, mais écoute : Harry pourrait se débarrasser de ses cheveux en quelques secondes et passer son samedi après-midi à discuter à la bibliothèque avec une fille aussi érudite que toi – Ici, Ron rougit un peu, mais continua – mais non, il préfère aller voir ses petites coiffeuses. Je ne sais pas si tu sais – mais tu dois le savoir, tu sais tout – Ici, il ne rougit pas, car il était évident qu'il raillait – tu dois savoir que les salons de coiffure chez les sorciers n'ont rien à voir avec ceux des moldus, qui a ce qu'on m'a dit, sont dans la plupart des cas surtout utilitaires. Non, le salon de coiffure sorcier, c'est le royaume de la futilité. Les filles y vont pour bavarder entre elles des nouveautés, se procurer et se faire poser les derniers gadgets à la mode – te souviens-tu des milles-pattes gluants que ma sœur avait dans les cheveux au printemps dernier, qui se déplaçaient erratiquement et explosaient de temps à autre ? Ils venaient du salon de coiffure d'Harry – tout en dégustant un thé avec des sucres roses en forme de cœur. – ce détail avait particulièrement choqué Ron – Bref, à part des gamines et quelques snobinards, je ne vois pas a priori qui pourrait être intéressé par ces salons. Mais maintenant qu'Harry l'a dit, je dois avouer que ça doit est un très bon endroit pour draguer.

« Tu as vraiment besoin d'aller draguer ailleurs ? » demanda Hermione de mauvaise humeur.

Ron failli s'étrangler.

« Je parlais d'Harry, pas de moi. » hasarda-t-il sans trop s'avancer, n'étant pas tout à fait sûr d'avoir compris l'intervention d'Hermione.

Cette réponse lui ayant tout de même suffit, elle se tourna vers Harry, qui, pendant la tirade de Ron, avait écouté sans intervenir, et lui demanda sur le ton de la plaisanterie :

« Alors, parle-nous de ces jeunes filles ! »

Harry, un peu gêné par la question, hésita :

« Je ne sais pas, qu'est-ce que tu veux savoir ? »

« Sont-elles jolies ? Laquelle préfère-tu ? » Demanda Ron, qui avait aussi envie de demander à Harry s'il pouvait lui présenter les autres, cela dans l'unique but de faire rager Hermione.

« Elles sont toutes jolies je trouve. »,  répondit Harry pensivement. « Mais celle que je préfère, je ne sais pas à quoi ressemble son visage... Ses doigts par contre... Ils sont merveilleux... »

« Comment cela, tu ne sais pas à quoi elle ressemble ? »

« Non, elle arrive toujours, pour laver mes cheveux, quand les autres m'ont déjà dépossédé de mes lunettes. »

« Dépossédé ? Le verbe n'est-il pas un peu fort ? » pinailla Hermione.

« Non. Tu ne sais pas ce que c'est de ne pas avoir ses lunettes quand on est aussi myope que moi. Et c'est encore pire quand on se trouve tout près d'un visage que l'on imagine superbe mais que l'on voit flou. Bref, je ne l'ai jamais vue nettement, mais elle semble très belle. Elle a les yeux clairs et les cheveux blonds, longs et doux... »

« Remarque, Hermione, qu'il ne l'a jamais vu, mais qu'il sait déjà que ses cheveux sont doux. » sourit Ron.

« Ah, mais je jure que je n'ai eu envers cette jeune fille aucun geste déplacé !» s'écria Harry, jouant le jeu de la badinerie. « Il se trouve juste qu'alors qu'elle ramassait quelque chose près de moi, ses cheveux ont glissé sur mon bras nu et... et j'en frissonne encore maintenant, rien que d'y penser ! »

« Voilà que notre Harry délire sur une paire de mains pourvue de cheveux ! »

« J'avoue que j'ai toujours eu un faible pour les cas tératologiques. Mais non, elle n'est pas que mains et cheveux, elle a bien un corps que... qui... qui me semble très bien. Bon, on ne peut pas dire qu'elle ait une silhouette moelleuse, au contraire, elle est très fine, mais elle est pleine de grâce et... »

« Et samedi, tu es en devoir de découvrir son visage et de l'inviter au restaurant, au moins ! » interrompit Ron.

« Tu crois que je peux ? »

« Mais bien sûr ! »

« Rappelle-toi tout de même que j'ai été élu à l'unanimité 'Personne la plus gauche dans ses relations amoureuses' à la dernière fête des Gryffindors ! »

« Justement, c'est le moment de montrer que tu peux refiler le titre à quelqu'un d'autre à la prochaine. » remarqua Ron.

« Surtout que Ron le brigue, ce titre. » remarqua malicieusement Hermione.

Ron se rendit alors compte qu'en poussant Harry à parler à sa chère coiffeuse, il s'obligeait lui-même à parler rapidement à Hermione s'il ne voulait pas obtenir le fameux titre qu'il trouvait franchement déshonorant !

À suivre...

Au Putois Hirsute, salon de coiffureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant