Chapitre 15

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« Il m'évite, c'est certain ! » s'exclama Draco en proie à une inhabituelle agitation, « Et en plus, à présent, il t'envoie la porte dans la figure ! »

Pansy essaya de dédramatiser.

« C'est ma faute, j'aurais du voir qu'il faisait une drôle de tête avant de l'aborder. »

« Il n'a pas l'air si mal en point pourtant. » soupira Draco. Depuis les buissons où ils s'étaient cachés, les deux Slytherins pouvaient apercevoir les trois Gryffindors se bagarrer joyeusement à coup de champignons.

« À mon avis. » reprit Draco, « Il n'avait simplement pas envie de te voir car il se doutait que c'était pour lui parler de moi. C'est fini, j'ai loupé ma chance et cet abruti ne fera plus jamais attention à moi. »

« Ta chance de quoi ? » s'enquit Pansy avec un petit air ironique.

« Oh, tu sais bien... » répondit-il, agacé.

« Mais pas du tout ! Tu refuses de me faire part de tes motivations depuis le début ! Je crois assez peu à tes 'je voulais mieux le connaître', ou alors, c'est peut-être que ton but ultime est de le disséquer, ou bien de le mesurer dans tous les sens à la manière d'un écologue. »

« La deuxième proposition me plaît assez... » murmura rêveusement son interlocuteur.

« Bref, qu'est ce que tu lui veux, à Harry ? » demanda Pansy qui le savait parfaitement mais tenait à l'entendre de la bouche de son ami.

« Ce que je lui veux? Ce que je lui veux ? Je le veux lui, voyons ! »

« Ha ! » s'exclama triomphalement la jeune fille.

« Oui, c'est bon, je n'ai pas besoin en plus qu'on se paye ma tête ! » ronchonna Draco en faisant mine de partir.

« Mais non, mais non.» lui répondit-elle d'une voix calme, « Est-ce mon genre de me moquer de mon petit Draco ? »

« OUI ! C'est ce que tu es en train de faire à l'instant même ! »

« Mais avoue que c'est amusant ! »

« Non. C'est déprimant. » déclara-t-il d'une voix sinistre, ce qui eut pour effet de faire éclater de rire Pansy.

« Bah, ne t'inquiètes pas, on va le faire revenir ton Harry... ! »

« Je ne veux même pas entendre ce que tu as comme idée. »

« Pour l'instant, aucune, mais ça ne saurait tarder. »

« Tu as bien vu qu'il n'a même pas accepté de te parler ! »

« C'est vrai. » dut-elle admettre, « Mais il m'a dit 'plus tard'. Il n'a pas complètement fermé le dialogue. »

« Oui, et bien, si ça ne va pas plus vite que ça, on peut imaginer que la prochaine conversation digne de ce nom que j'aurai avec lui prendra place dans une maison de retraite ! »

« Tu exagères ! Ca ne date que d'hier soir ! Et parle plus bas, on va se faire repérer ! »

Trop tard! Harry, qui s'était discrètement éloigné de ses amis pour les laisser seuls, s'avançait à grands pas vers le buisson qui camouflait les Slytherins. Quand il les aperçut, il était presque arrivé à leur niveau. Après un demi-tour d'une virtuosité impressionnante, il s'éloigna dans la direction opposée.

« Tu as vu ça ? On dirait qu'il a vu Voldemort en costume de soubrette ou quelque chose comme ça! Je suis à ce point effrayant ? » s'inquiéta Draco.

« Attends ! » lui intima Pansy, sans daigner réagir à son commentaire qu'elle jugeait stupide. Au lieu de cela, elle se redressa, épousseta sa jupe à laquelle de nombreuses feuilles mordorées avaient adhéré, et se lança à la poursuite de Harry. Elle n'eut pas de mal à le rejoindre, parce qu'après s'être un peu éloigné des buissons slytherineux, celui-ci avait repris un rythme de promenade et marchait à présent lentement en prenant le temps d'inspecter les troncs des arbres à la recherche de myxomycètes.

« Harry ? »

Le sus-nommé se retourna de mauvaise grâce, car il avait reconnu la voix de Pansy.

« Oui ? »

« Je peux te parler maintenant ? »

« S'il le faut... »

« ... »

« Écoute, Parkinson, j'ai pas que cela à faire ! Qu'est ce que tu me veux ? »

« Je ne sais pas quoi te dire ! » s'énerva Pansy, « Car c'est Draco qui devrait te parler, mais il ne veut pas! Je ne sais vraiment pas ce que je viens faire dans cette affaire ! » finit-elle avec humeur.

Cette fois, Harry la regarda d'un air amusé.

« J'y suis pour rien. » dit-il d'un ton malicieux, « Je crois que c'est plutôt avec Malfoy que tu aurais besoin d'une bonne discussion. »

« Draco est insupportable depuis hier soir ! Et si encore ça n'était que pour un jour ! Mais l'idée de le supporter dans cet état pendant je ne sais combien de temps me donne presque envie de changer d'école. » admit Pansy d'un ton désabusé.

« Bah, il va finir par oublier... » essaya avec espoir Harry, qui était très mal à l'aise dès qu'on abordait ce sujet.

« Je ne suis pas si sûre. » modéra Pansy avec une moue dubitative, « À mon avis, il risque de rester insupportable comme ça longtemps, sauf si... »

« Sauf si ? »

« Sauf si tu te décides à lui déclarer ton absolu et impérissable amour pour lui. »

Harry balança quelques picosecondes entre l'indignation et l'hilarité, mais finalement, cette dernière l'emporta : il éclata de rire comme s'il n'avait jamais entendu une plaisanterie si amusante, et fut suivi par Pansy que l'allégresse du Gryffindor avait atteinte.

Les quelques étudiants passant à proximité purent apercevoir l'étrange spectacle donné par Harry, en larmes tant il avait ri, au bras duquel était pendue Pansy, en plein milieu d'une crise de fou-rire. Après s'être un peu calmé, Harry reprit la parole.

« Sérieusement, il faut trouver autre chose... »

Pansy s'essuyait les yeux et avait bien du mal à retrouver son calme.

« Dommage, ma méthode aurait été très rapide. » dit-elle en faisant semblant de bouder.

« Mais complètement inapplicable. »

« Pourquoi tant que ça, d'ailleurs ? Tu aimais Borrélia n'est-ce pas ? Borrélia n'a pas été créée par Draco, elle ÉTAIT Draco. Tout ce que tu aimais en elle, tu peux le retrouver en lui. »

« Ça n'a rien à voir ! » s'énerva Harry. « C'est déjà assez troublant pour moi comme ça, pourquoi faut-il que tout le monde en rajoute ? »

« Qu'est ce que tu entends par 'ça n'a rien à voir' ? Tu veux dire que les qualités que tu appréciais chez Borrélia ne te semblent pas appréciables chez un garçon ? »

« Nan, ce n'est pas ça... En fait. » ajouta-t-il après réflexion, « Je crois bien que n'importe quelle qualité devient un défaut chez Malfoy. »

Pansy soupira.

« Je crois que c'est fichu pour la méthode un... Voyons la suivante... »

« Perdre Malfoy dans la Forêt Interdite ? »

« Harry ! » réprimanda Pansy, outrée.

« Attention, quand tu fais ça, tu me fais penser à Hermione. » répliqua celui-ci moqueusement.

Quelques secondes plus tard, Harry se sauvait à toute vitesse dans les allées, suivi de Pansy qui hurlait des menaces de mort tout en s'étranglant de rire.

À suivre...

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