Chapitre 18

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Il y avait quelque chose que Harry appréciait plus que tout en hiver, c'était lorsqu'en fin d'après-midi, sans même s'être aperçu qu'il s'était endormi, enveloppé de la douce chaleur d'un feu de cheminée, il était réveillé par l'odeur épicée d'un thé à la cannelle. Il humait alors profondément, gardant les yeux fermés, et se renfonçait un peu plus dans les nombreux coussins du canapé. Alors seulement, il ouvrait un oeil, et avait vue sur la salle commune des Gryffindors, sur le feu crépitant devant lequel, très souvent, étaient assis Hermione et Ron, jouant aux cartes tout en sirotant leur thé, ce même thé dont l'odeur entêtante s'était chargé de l'éveiller.

Par contre, Harry ne se rappelait pas s'être jamais réveillé au Putois Hirsute, et, même si une odeur identique flottait dans l'atmosphère, s'il se sentait autant en sécurité que dans sa salle commune, et surtout, aussi douillettement réchauffé que devant le feu de bûches, il était bien certain que devant ses yeux à demi-ouverts ne se distinguait aucune cheminée qui eut pu dégager la merveilleuse chaleur dont il se sentait entouré.

Interloqué, il ouvrit cette fois les yeux bien grands et sauta sur ses deux pieds, arrachant au canapé un cri de protestation. Surpris, Harry se retourna et s'étonna de voir un canapé bien différent de ce à quoi il s'attendait. Certes, il comportait bien les éléments réglementaires - assise, coussins, dossier et accoudoirs - mais il présentait en supplément une excroissance portant de grands yeux gris, une souple chevelure blonde, et arborant à l'instant un air déçu et chagrin.

« Malfoy ! » gronda Harry, tout en regardant autour de lui. « Où sont passés les autres ? »

Draco prit un air gêné : « Et bien, ils voulaient refaire un tour dehors, et nous n'avons pas voulu te réveiller, tu dormais si bien. Sur moi, » ajouta-t-il, « Ce qui explique pourquoi je suis également resté. »

Harry le regarda dans un premier temps d'un air plutôt mauvais, puis il éclata de rire en voyant les conséquences que sa mauvaise humeur avaient sur le visage de Draco, qui présentement arborait un air désespéré particulièrement ridicule.

« Ce n'est pas très généreux de ta part de te moquer de moi. » fit tristement remarquer Draco.

« Ça ne te ressemble pas de prononcer des choses pareilles ! » répliqua Harry d'un ton pincé.

Draco eut un geste excédé et se leva d'un bond pour crier à son interlocuteur :

« Qu'est ce qu'il faut que je fasse alors ? Quand je t'agresse, tu me hais ! Quand je suis sympa avec toi, tu me détestes encore plus ! Qu'est ce que tu attends de moi ? »

Il attendait sa réponse, poings crispé, et essoufflé d'avoir crié si fort.

Sa sortie avait tout à fait calmé Harry, contre toute attente. Celui-ci s'assit et fit signe au Slytherin d'en faire autant. Draco s'assit à contre-coeur, uniquement parce qu'il savait qu'un jour où l'autre, il aurait fallu une discussion, et que ce moment semblait arrivé.

« Qu'est ce que tu attends de moi ? » redemanda-t-il d'une voix plus calme.

Harry le regardait droit dans les yeux, avec un sérieux qui rendait son regard difficile à soutenir. Draco fit le maximum pour y parvenir, et y réussit.

« Ce que je veux.. » commença Harry d'une voix hésitante, « Je veux que tu redeviennes Draco. Le vrai Draco. »

« Comme avant donc... Tu voudrais que je t'insulte, que je te haïsse. »

« NON ! » coupa Harry d'une voix volontaire, « Je veux que tu m'aimes ! Je veux que DRACO m'aime ! Pas cet ersatz dans lequel je mets toujours les pattes ces jours-cin! » finit-il d'un ton moqueur mais affectueux.

« Tu es sérieux ? » s'enquit Draco, qui avait retrouvé un petit sourire angoissé.

Pour toute réponse, Harry se blottit dans ses bras.

« Je te demande cela parce que... » il se mordit la lèvre inférieure. « Tu n'as vraiment pas l'air de savoir ce que tu veux, soit dit sans vouloir te vexer... »

« Je ne sais pas comment me comporter avec le succédané de Draco, je ne le connais pas, il m'ennuie. » marmonna l'intéressé dans le pull du Slytherin.

« Tu ne le verra plus, dans ce cas. » déclara Draco d'un ton sec en envoyant Harry à l'autre bout du canapé. Un Harry bien interloqué qui ne savait que penser, jusqu'à ce qu'il voie un sourire sarcastique au coin des lèvres de Draco.

« Plus progressive, s'il te plaît, la transition entre les deux Draco ! » réclama-t-il en riant.

« Je me suis ridiculisé pendant des mois, comporté d'une manière totalement indigne d'un Malfoy dans le but de te conquérir, et c'est justement pour cette raison que je n'y suis pas parvenu ? Je suis maudit ! » soupira-t-il, mais ses yeux pétillaient et il ne se rappelait pas avoir jamais été aussi heureux.

Hermione, Ron, et les filles du Putois, tout juste revenus, écoutaient derrière la porte, ne sachant trop ce qu'ils allaient découvrir à l'intérieur :

« Tu crois qu'ils se sont déjà entre-tués ? »

« J'ai plutôt peur d'ouvrir la porte sur un tout autre spectacle. » insinua Brucella avec un petit air pervers.

Ron verdit légèrement.

« Je pense que quelqu'un devrait se dévouer pour regarder par la fenêtre ce qu'il se passe avant qu'on ouvre tout grand la porte... »

Hermione s'y précipita, et poussa presque immédiatement un 'awww' attendri.

En conséquence, tout le reste du groupe s'attroupa aux vitres et pu avoir une vue imprenable sur Harry et Draco qui s'embrassaient sur le canapé. Ils étaient tellement adorables - et passablement ridicules - que leur vue amena un sourire sur chacun des visages des petits espions, et même Ron n'était plus vert - il avait échappé au pire.

« Et bien, maintenant, tout va bien aller. » conclut Hermione, « Enfin un peu de calme ! »

Ceci étant dit, elle ouvrit la porte... et la voix de Harry sortit dans la ruelle :

« Qu'est ce qu'on va dire aux autres ? »

« Rien. »

« RIEN ! » Harry serra les poings. « J'aurais du m'en douter, tu veux sortir avec moi, mais surtout pas que cela entache ta réputation ! »

« Mais non, ne sois pas paranoïaque, ça ne me dérange pas qu'ils le sachent, qu'ils l'apprennent d'une façon ou d'une autre, mais je ne veux pas leur annoncer ! On annonce que le cours de potions est annulé, ou que l'on l'a trouvé un insecte bizarre, mais on n'annonce pas qu'on sort avec son ennemi héréditaire, voyons ! »

Harry et Draco se confrontaient, à mi-chemin entre la colère et l'amusement.

Dans l'embrasure de la porte, Ron, lui, était définitivement hilare : « Répète voir ce que tu viens de dire, Hermione ? »

À suivre...

Au Putois Hirsute, salon de coiffureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant