Au Putois Hirsute, salon de coiffure

Chapitre 17

À peine arrivés dans le salon, les trois hôtes, Hermione et Ron s'élancèrent vers les fauteuils disponibles avec précipitation. Harry, étonné, était sur le point de leur en demander la raison lorsqu'il comprit le stratagème infâme : l'obliger à s'asseoir aux côtés de Draco dans le petit canapé, seul endroit désormais disponible. Draco s'y dirigeait déjà de son pas lent et distingué, sans sembler avoir perçu la ruse. Il s'assit, puis lança à Harry, qui était resté planté près de la porte d'entrée, un regard curieux et perplexe, probablement aussi un peu amusé.

Harry soupira et alla s'asseoir à l'autre bout du canapé.

« Bon, du thé. Je vous avais promis du thé ! » se rappela Brucella en se levant. Elle s'éloigna, prenant au passage un petit plateau posé sur la table autour de laquelle ses invités étaient assis.

Harry profita de l'occasion pour tenter de changer de place ; mais alors qu'il se levait, il fut retenu par Draco qui s'était jeté sur lui et avait passé ses bras autour de sa taille.

« Oh non, on ne bouge pas. » lui appris Draco.

Harry ne savait plus bien quoi faire. Pour l'empêcher de partir, Draco, qui était précédemment assis relativement loin, avait dû s'étirer jusqu'à l'endroit où était Harry, et était donc à présent complètement étalé sur le canapé, la tête sur les genoux de Harry, et ne semblait pas vouloir le lâcher.

« Draco... » gronda-t-il.

« 'Draco' ? »

« Tu préfères que je t'appelle Malfoy ? » demanda Harry sur un ton de plaisanterie, tout en repoussant les mèches de Draco pour essayer de voir ses yeux, sans résultat, ceux-ci étant tout à fait fermés.

« Mhhhh... Non! » répondit l'intéressé, qui en profita pour se serrer un peu plus contre Harry.

Harry, lui, regardait autour de lui d'un air désespéré, mais ces amis, peu utiles, semblaient surtout très amusés par la situation. Il soupira et s'apprêta à s'accommoder de son triste sort. Les conversations reprirent, sur les sujets les plus divers, tout comme avant, si ce n'est que Draco ne disait pas un mot et que Harry, relativement mal à l'aise au début, n'en disait pas beaucoup plus. Mais au bout d'un moment, il oublia complètement sa gène reprit part à la discussion générale - qui était bien compliquée à suivre, il faut le dire. Brucella, depuis quelques minutes, parlait sortilèges avec Hermione, tandis que Ron et Harry discutaient Quiddich avec Yersinie et Brucella, accroupies et sautillantes sur le canapé, en bonnes petites fans hystériques. Brucella était en train de conter une anecdote qu'elle tenait de son grand-père quand quelque chose de tout à fait anormal capta son attention. Elle sourit, regarda Harry, sourit à nouveau, et Harry retira précipitamment sa main de la chevelure de Draco, comme prit en faute, et le visage d'un ton écarlate soutenu. Personne d'autre n'avait remarqué : Brucella, se sentant d'humeur généreuse, retourna à sa conversation comme si de rien n'était. Harry commençait à peine à retrouver sa couleur ordinaire quand il sentit Draco prendre sa main et la reposer sur ses cheveux.

« Non, Drac.o » dit-t-il doucement mais fermement, tout en retirant sa main.

Draco se leva sur un coude. Il regarda autour de lui, et observa tour à tour ses amis, qui étaient tous plongés dans leur conversation et ne firent pas attention à lui. Ceci le décida à se relever complètement et à s'asseoir tout contre Harry, qui ne sembla apprécier qu'a moitié. Il se pencha vers lui, très près, et caressa doucement sa joue du revers de la main.

« Draco... » gronda-t-il encore, nettement plus menaçant cette fois. Draco n'en avait cure. Il avait réussi à plonger son regard dans celui de Harry, et celui-ci n'essayait pas de regarder ailleurs. En fait, Harry avait une terrible impression de déjà-vu qui le troublait énormément. Enfin, il pu s'en souvenir : ce regard, c'était le regard de Borrélia à l'Opéra, juste avant qu'ils ne s'embrassent. Mais cette fois-ci, ce souvenir ne lui apporta aucun sentiment de haine, au contraire, il aurait voulu que la scène se reproduise.. avec Draco cette fois! Cette pensée l'estomaqua tout de même. Il ne voulait plus. Il voulait repousser Draco sans lui donner l'impression de le rejeter. Bref, il n'avait aucune idée de ce qu'il devait faire. Et Draco était si proche ! Il sentait son souffle sur ses lèvres et... Et de toute évidence, Draco avait perçu sa panique. Avec un soupir de frustration, il éloigna un peu son visage et redirigea ses baisers sur le front de Harry, qui le laissa faire avec soulagement. Puis il le repoussa très doucement et Draco, tout de même assez satisfait, se poussa dans son bout de canapé comme si rien ne s'était passé.

La conversation s'animait entre les filles du Putois et les Hogwartsiens, mais depuis un petit moment, Harry n'écoutait plus. Il somnolait, et le brouhaha de leurs voix n'arrangeait pas la situation. Se redressant péniblement sur son bras, il annonça d'une voix ensommeillée :

« Je suis vraiment fatigué... Il faudrait partir... »

« Mais non ! » répliqua immédiatement Listéria, « Tu peux très bien te reposer ici, on te réveillera. »

Harry réfléchit un instant, puis, se tournant vers Draco :

« Pousse-toi ! »

« Quoi ! » s'exclama ce dernier, scandalisé.

« Oui, j'ai besoin de plus de place, pousse-toi. » répéta Harry d'une voix grincheuse.

« Tu ne peux pas le demander plus poliment ? »

Harry se réveilla un peu pour s'exclamer :

« Parce que toi, tu l'aurais demandé poliment, peut-être ? »

« Je ne l'aurais pas demandé du tout. »

« Ha ! » s'exclama triomphalement Harry.

« Je ne te l'aurais pas demandé, car j'aurais préféré dormir sur toi. » expliqua-t-il, un petit sourire narquois flottant sur les lèvres.

Harry ne répondit rien, mais le regardait d'un air relativement menaçant.

Draco, prenant un air magnanime qui lui allait fort peu, se poussa au maximum au bout du canapé, répugnant tout de même à aller s'asseoir ailleurs.

Harry attrapa un coussin, s'y agrippa, le posa sur l'accoudoir du canapé et y laissa glisser sa tête. Il s'endormit rapidement, sans se rendre compte que tout le monde le regardait. Puis la conversation reprit.

« Très bien. » annonça Brucella, maintenant qu'il n'est plus en état de nous écouter, on va pouvoir te dire tout ce qu'il était compliqué de te dire devant lui. »

« Comme quoi ? »

Hermione prit la parole :

« Pour commencer, que tu as plus de temps que prévu pour... er... mettre à exécution tes plans... »

Ron ronchonna un peu, Hermione lui fit un sourire qui n'était pas spécialement compatissant.

« Donc, je disais, tu vas avoir plus de temps, puisque j'ai appris que l'année prochaine tu allais à l'ISS, or, Harry y va aussi. »

« Ça, c'est une bonne nouvelle ! » admit Draco, tout sourire. Se penchant vers Harry, il tenta de lui subtiliser son coussin, mais celui-ci le tenait fermement.

« Il ne va pas être ravi de l'apprendre, lui. », remarqua Draco.

« Mais non, mais non. », tempera Hermione, il ne te déteste pas tant que ça.

« Je crois même qu'il t'aime bien. » avoua Ron.

« À mon avis, plus que bien, mais avec le passé et cette histoire de Borrélia, il n'est pas près de te l'avouer. »

« En même temps, il va bien le faire un jour, parce que notre petit Draco est tellement séduisant... » ajouta Yersinie.

« Qu'est ce que vous racontez ? » demanda Draco, qui n'était pas sûr d'avoir tout suivi. « Vous en êtes certains ? »

« Bien sûr, sinon, on ne t'en parlerait pas. » dit Hermione comme si cela allait de soi.

« Tu peux faire confiance à Hermione, elle ne dit jamais rien qui n'ait été prouvé. » assura Ron, d'un ton qui montrait bien que cette particularité hermionesque ne lui plaisait pas forcément en toute occasion.

Draco tira à nouveau sur le coussin de Harry, entraînant peu à peu le propriétaire. En manoeuvrant subtilement, il eut bientôt la tête de Harry sur les genoux, de même que l'horripilant coussin. Celui-ci ne gêna pas trop longtemps, toutefois : le coussin dispensait bien une molle douceur très agréable, mais ne fournissait pas de chaleur diffuse comme le corps de Draco, et bientôt, le coussin glissa au sol alors que Harry s'agrippait au pull du susdit individu.

À suivre...