Au Putois Hirsute, salon de coiffure

Chapitre 14

« Non, Pansy ne délire pas... »

Harry resta sans voix pendant quelques secondes.

« Je ne sais pas quoi te dire... » finit-il par murmurer, très gêné et ne savant comment réagir.

Draco leva finalement les yeux vers lui et lui lança un regard décidément reconnaissant. Il s'attendait probablement à plus de difficultés. Puis il se décolla brusquement de son arbre rassurant et s'éloigna rapidement sans se retourner.

Harry le regarda s'éloigner. Puis il alla s'asseoir contre l'arbre que Draco venait de quitter. Il faisait frais. Le verger, abondamment éclairé par la lune, s'obombrait parfois lorsqu'un nuage passait devant celle-ci. Tout était calme et Harry se sentait bien. Oui, il était serein, malgré tout ce qui s'était passé pendant cette soirée surréaliste.

Tout en écoutant un hibou périodique lancer ses yiiaaaarkkk ! Nonchalants toutes les 12 080 522 000 002 picosecondes, Harry profitait de la fraîcheur délassante de la nuit.

S'il s'était posé la question, il aurait trouvé cela bien étrange d'être aussi calme, aussi reposé. La nuit avançait, il était à présent une heure où habituellement, il aurait commencé à être somnolent.

De plus, il avait assisté à ce concert, été surpris par des révélations particulièrement désagréables, bref, ce n'était pas vraiment, a priori, les conditions rêvées pour passer une fin de soirée calme. Mais la nature était tellement apaisante, dans ce verger! Le dos incrusté dans l'écorce du poirier, la tête rejetée en arrière, il observait les étoiles qu'il pouvait apercevoir, affaiblies dans leur éclat par la pleine lune, à travers les branchages dichotomiques de l'arbre qui s'élançaient dans le ciel tout autour de lui.

Le hibou se tut quelques secondes, pour reprendre de plus belle à une fréquence plus élevée, qu'Harry évalua très grossièrement à un cri toutes les 7 291 663 100 674 ps. Le rapace avait aperçu un campagnol décapode boréal et prit son envol lourdement, dans un vaste bruit de plumes feutré par l'obscurité. Harry put voir le rongeur s'enfuir de toute la force de ses dix pattes. Sans résultat. Le tas de plumes fondit sur lui et le saisit dans ses serres, lui faisant pousser un cri indigné suraigu. Harry fut soulagé d'être trop loin pour apercevoir le rongeur disparaître dans le bec de l'oiseau.

Le ciel découvert rendait la nuit froide. Harry commençait à frissonner. Il décida, non sans regret, à rentrer à Hogwarts. Il regarda sa montre. Il était presque une heure du matin. Il n'avait pas imaginé avoir passé autant de temps dans ce verger. Il se sentait léger, presque heureux, et pas le moins du monde fatigué.

Il rentra néanmoins, conscient qu'il ne pouvait rester toute la nuit dehors.

À peine arrivé dans le dortoir, il fut interpellé par un Ron vaguement inquiet et surtout très curieux.

« Te voilà ! Mais qu'est ce que tu as fait pendant tout ce temps ? Je commençais à me le demander ! J'étais sur le point d'en avertir Hermione ! »

« Tu sais, tu n'as pas besoin de ce genre de prétexte pour aller voir Hermione en pleine nuit... » plaisanta Harry.

Ron leva un sourcil ennuyé.

« Tu t'es disputé tout ce temps avec Malfoy ? »

« Non. Je rêvassais dans le jardin. Et je ne me suis pas disputé avec Malfoy. »

« Comment ? Tu n'as pas essayé de lui faire payer ce qu'il t'a fait ? »

Harry poussa un soupir désabusé.

« Non. Ça n'en valait pas la peine. Je préfère oublier tout cela. »

Ron ne comprenait pas, et cela se voyait : il arborait une mimique perplexe particulièrement amusante.