Chapitre vingt : Eryne

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😘 Parce que je peux être sadique et généreuse... voilà un chapitre bonus. 😘

***

Vivre c'est avoir mal. Vivre c'est être souffrant, tomber, plonger, se noyer. Vivre c'est aussi sourire, rire, aimer, danser, respirer. Respirer... Voilà ce que Peter est devenu. Mon souffle, mon CO2, mon arbre qui inspire ma souffrance et la transforme.

      Bordel que j'ai mal. J'ai mal partout. Physiquement. Psychologiquement. Socialement. Sentimentalement. Je suis perdue, paumée, déboussolée, égarée, désorientée. Je ne suis plus moi. Je suis l'ombre de moi-même. Je ne sais plus qui je suis, qui je veux être mais je vis, survie. J'essaye de remonter à la surface, de respirer mais je n'arrive plus à dormir, à manger, à marcher sans avoir peur. Elle est ancrée dans ma peau comme ces cicatrices. Peter m'a donné une crème pour les marques sur mes bras et la gorge, il m'a fait passer une batterie de tests pour être sûr que je vais bien mais je ne répare pas mon cerveau à coup de crème cicatrisante ou de médicaments. Parfois, j'ai envie de hurler, de pleurer, de plonger dans sa piscine et de vider tout l'air de mes poumons. J'ai envie de trouver un moyen de mettre fin à ce calvaire. J'ai essayé de lire, de me socialiser, de courir, de m'épuiser mais rien n'y fait.

Alors je tourne. Je tourne et me retourne dans ce lit qui n'est pas le mien. J'essaye de trouver une position qui m'achève et me propulse dans les bras de morphée. Morphée est une connasse. Une traîtresse qui vous prend quand vous n'en avez pas besoin. Je devrais demander à Mila qui a fait des études de médecine comme anesthésier un cerveau. On dit qu'il faut soigner le mal par le mal mais je ne survivrai pas. J'ai trop mal. Je ne veux plus avoir mal. Ou alors comment avoir plus mal ? Voir Nate ? Non. Je suis incapable de lui résister.

Quand mes pensées divaguent vers lui, je veux sentir ses mains sur mon corps, ses lèvres contre les miennes, sa langue qui danse dans ma bouche, ses yeux qui m'incendient et me brûlent. Peut-être devrais-je le laisser me regarder ? Surtout quand je suis nue et que son regard est braqué sur mon tatouage. Il a cette pointe d'émerveillement et d'incrédulité dans les yeux. Il est comme un gamin devant son superhéro et putain ! Que ça fait du bien de se sentir comme un super héros. Il me regarde comme il regarde une œuvre d'art, avec respect et passion. Mais ces yeux, ce regard, tout ça lui appartient. Cet homme qui est venu, m'a parlé comme si je n'étais qu'une merde sur son chemin. Ces mêmes yeux m'ont observée, méprisée et rabaissée alors que j'avais besoin d'aide.

Je ne veux plus penser à lui alors je me retourne. Peter me fait face, il ne dort plus vraiment mais ses yeux sont toujours clos. Nos corps ne se touchent pas. Je n'aime pas ça. J'ai peur de le perdre, que ceci ne soit qu'un mirage, une illusion comme celle que je pouvais avoir dans la cave. Alors je me rapproche de lui. Je déteste les lits King size. Je me blottis contre lui, il grogne mais je continue de mêler nos pieds.

Au début, j'allais dormir dans ma chambre et après plusieurs heures à tourner en rond avec les seules images des derniers jours en tête, j'ai craqué et je me suis faufilée dans son lit. Maintenant, ça fait plusieurs jours que je dors dans son lit. Mes vêtements doivent être imprégnés de son odeur. Mes vêtements. Ma peau. Mes cheveux. Tout mon être. Je n'arrive pas à le quitter des yeux tellement je deviens paranoïaque à l'idée que tout recommence. J'ai beau chercher mais je ne trouve pas de solution.

Qu'aurais-je fait ? Comment j'aurais pu me défendre ? Un seul de ces hommes peut faire ce qu'il veut de moi.

- Eryne... Je t'aime mais n'abuse pas.

    A contre-coeur, je desserre un peu mon étreinte mais son bras vient m'enrouler. Il vient m'embrasser sur le front tout en s'étirant. J'aime son odeur, sa chaleur, sa sécurité.

[L.1] LOVE & ARTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant